Le vide politique s'amplifie, laissant le champ libre à tous les dérapages possibles et inimaginables. Et voilà que la coalition Al Karama vient, avec la bénédiction du « Cheikh », d'ajouter de l'huile sur le feu, afin de torpiller le paysage médiatique, avec une tentative de « légaliser » des chaînes de télévision pirates qui ne doivent leur existence qu'à la démission des pouvoirs publics qui, selon Hichem Méchichi, l'illustre chef du gouvernement, qui vient d'adhérer à l'idée d'amender le décret-loi 116. Tout ce qui se passe sur la scène politique, avec à la clé, les dissensions entre les trois têtes du pouvoir, qui montrent que le chef du gouvernement a choisi son camp –mais, pour combien de temps- puisque, certainement, la Troïka Ennahdha/Qalb Tounès/Al Karama, ne va pas le laisser travailler dans la sérénité, et tout faux-pas de sa part, conduira, inéluctablement, à ce qui est attendu. Les amendements que Rached Ghannouchi veut apporter au décret-loi 116 sont de nature à empoisonner la vie, et d'ailleurs, à part la Troïka, aucun autre parti n'a adhéré à l'initiative, surtout qu'on use d'entourloupettes et de magouilles pour les faire passer. Toutefois, il faut compter avec l'opposition qui a son mot à dire, jusqu'à maintenant. Le président du groupe Tahya Tounes au parlement Mustapha Ben Ahmed a affirmé dimanche que des blocs parlementaires ont décidé de boycotter la plénière consacrée à l'examen de l'amendement du décret-loi 116 au cas où le projet passe contre l'avis de tous. Il a révélé à l'agence TAP l'existence d'une coordination entre les groupes Tahya Tounes, La Réforme, le groupe démocratique et des députés hors-groupe pour contester le projet de loi auprès de l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des loi après son adoption. Le groupe parlementaire de Tahya Tounes avait appelé au report de l'examen du projet de loi relatif à l'amendement du décret-loi 116, en raison de la présence de " lacunes procédurales contraires à la Constitution ". Le groupe Tahya Tounes appelle la présidence du parlement et son bureau à assumer leur responsabilité dans la défense de la crédibilité des législations émanant de l'institution. Pour Ben Ahmed, ce projet reflète les violations commises en rapport avec le conflit d'intérêts, surtout que la partie initiatrice n'est autre qu'un avocat dans une affaire intentée contre la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA). Selon lui, le projet d'amendement est motivé par certaines parties suspectes, ajoutant qu'il se contredit ouvertement avec l'article 27 de la constitution qui accorde la priorité aux projets proposés par le gouvernement. Et d'ajouter que le parlement aurait mieux fait d'examiner en priorité les projets présentés par le gouvernement et de reporter l'amendement du décret-loi 116, en attendant que les meilleures conditions politiques soient réunies pour le faire. Pour sa part, le Courant démocratique (Attayar) s'oppose à l'amendement du décret-loi n°116 présenté par la Coalition Al Karama sur le secteur de l'audiovisuel, selon Ghazi Chaouachi, secrétaire général du parti. " Le bloc parlementaire d'Attayar au parlement ne votera pas en faveur de cet amendement", a-t-il ajouté, soulignant que le bloc va intenter un pourvoi auprès de l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi en cas de passage, mardi prochain, de ce décret-loi. Selon Chaouachi, Attayar est prêt à saisir le président de la République pour renvoyer l'initiative législative au parlement pour une deuxième lecture, soulignant, à ce propos, qu'il aurait dû accorder la priorité au projet du gouvernement, présenté au parlement et non pas à la proposition de la Coalition al Karama qui "ne sert à rien". Ce projet, rejeté par une large frange des structures représentant le secteur des médias, risque de susciter une crise dans le pays, a-t-il mis en garde. L'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) tient, aujourd'hui, une plénière consacrée à l'examen du projet d'amendement du décret-loi 116 proposé par le groupe de la Coalition Al Karama. Les mesures exceptionnelles de lutte contre la propagation de la pandémie seront appliquées au déroulement de la plénière. La crise est imminente, parce que la société civile et les médias crédibles et honnêtes qui appliquent la loi ne vont, certainement pas, laisser faire, surtout que le projet d'amendement ne tend qu'à faire régner davantage de zizanie et de discorde dans le pays. F.S.