Sitôt marié sitôt séparé :c'est la mode d'aujourd'hui. Après la joie de la fête, la robe blanche, les « youyou », les délices et les « lunes du miel», les querelles entre couple commencent le signal d'alarme se déclenche. Le couple annonce aussitôt la rupture et prend la destination du palais de justice. Le rêve et l'engagement d'une union pour la vie, pour le meilleur et pour le pire deviennent un mythe. Que ce soit pour les jeunes mariés que pour les plus anciens, le divorce est un fléau en vogue qui touche différentes parties et qui porte des préjudices énormes à l'équilibre social du pays et à la sérénité des foyers tunisiens. C'est un déchirement, les enfants endurent en grande partie les contrecoups de l'échec conjugal. Dispersion, dérive, délinquance, déséquilibre psychologique...Les dégâtssont illimités et la responsabilité est partagée entre les parents, l'entourage familial et les différents acteurs de la société civile. Le mariage est l'union sacrée de deux personnes qui s'engagent solennellement et en vertu d'un contrat social de partager leur vie pour le meilleur et pour le pire. Par malheur, cette notion séculaire reconnue partout dans le monde est en train de perdre de sa valeur. Un bon nombre de couples semble omettre les rites et le respect de la vie conjugale. Une triste réalité qui reflète le pourcentage élevé des divorces en Tunisie. Pour une raison ou une autre, le divorce est l'acte mettant fin à la vie de couple annonçant le chambardement de la famille et le début des tourments. Le mari, la femme divorcée, les enfants, les proches... Chacun subit différemment les répercussions de la rupture. Il est vrai que le divorce n'est pas un phénomène contemporain, mais il prend de plus en plus de l'ampleur. Pour quelles raisons ?. Quels sont les effets et comment peut-on freiner ce fléau ?. Les affaires de divorce dépassent actuellement en Tunisie la moyenne annuelle des 16000. On distingue quatre types de divorce : le divorce à l'amiable, le divorce pour abandon, le divorce de caprice et le divorce pour préjudice. Mais quelle que soit sa nature ou ses origines, la société tunisienne a toujours du mal à tolérer le divorce et dénonce particulièrement le statut de la femme divorcée. Les causes expliquant l'empressement des cas de divorce en Tunisie diffèrent. Les cas de séparations sont de plus en plus répandus chez les jeunes mariés. Les jeunes d'aujourd'hui sont de plus en plus exaltés par le mariage en tant que finalité et non pas en tant que lien sacré entre couple. Le mariage est perçu comme une affaire parmi d'autres, un simple contrat qui lie deux personnes où chacun dispose d'un certain nombre de droits et d'obligations. L'union conjugale change alors de vision.
« Arrangements » Le mariage d'affaires, du genre : « combien avez-vous en banque » et « combien vous touchez par mois » ?. « Avez-vous une maison » ?. « Et la bagnole ? Surtout pas une « familière » ?. De telles interrogations intéressent les couples avant le mariage et les sentiments passent au second plan. La stabilité matérielle passe avant tout. Les jeunes hommes comme les jeunes filles sont plutôt alléchés par le compte en banque, le statut du travail (contractuelle ou titulaire), le patrimoine des parents (terrains, biens meubles ou immeubles...). L'amour, le soubassement (la lignée), le niveau intellectuel, les qualités morales, la différence d'âge, l'aptitude de l'un et de l'autre à fonder une famille, le respect mutuel..., sont devenus des facteurs démodés et dépassés par le temps. Du fait, après le mariage, la dissolution du couple est très probable. La vie du couple sombre dans les querelles quotidiennes, dans l'irrespect si ne n'est dans l'adultère ou l'infidélité conjugale. Et oui, c'est à cause des mariages dits d'affaires qu'une jeune femme de vingt ans finit par tromper son mari de cinquante ans ou plus (le contre-exemple n'est pas à écarter). Un mari riche, jaloux, mais surtout pas « in » : autrement dit hors de la plaque face à une jeune femme belle, pleine de joie et de vie. Deux personnalités différentes, qui n'ont pas les mêmes convoitises et qui ne partagent pas des sentiments sincères et profonds : comment peuvent-elles vivre sous un même toit ?. Le couple abat finalement les masques et annonce la rupture ou la séparation qui ne peut être que l'issue fatale.
La peur de rater le train Pour aller plus loin et changer de registre, une autre raison pourrait expliquer le divorce branle-bas et rapide observé particulièrement chez les jeunes couples. Certains jeunes célibataires sautent sur la première « occasion » ou galopent vers la première offre de mariage sans pour autant, prendre le temps nécessaire pour réfléchir et parvenir à une décision ferme, sagace et irrévocable qui engage deux individus à partager leur vie. Les évocations diffèrent : « je dois accepter ce mari, sinon je risque de rater le ' train ' du mariage », « ma copine, ma cousine, ma sœur, la voisine...de dix-huit ans s'est récemment mariée, et pourquoi pas moi ? », « ma mère me harcèle inlassablement pour me trouver un conjoint (et/ou une épouse)»...des lexiques qu'on entend de part et d'autres et qui convergent vers une même finalité: « je dois me marier coûte que coûte ». Ce genre de mariage irresponsable, influencé par l'entourage et par la famille et parfois même enfoncé, ne peut nécessairement connaître le succès et finira, un jour, par le divorce.
Quand des femmes abusent de leur emancipation Par ailleurs, certains pensent que l'émancipation de la femme aurait quelque part joué un rôle dans la nouvelle version du mariage. Le code du statut tunisien accorde à la femme un éventail de droits et de libertés. La liberté de la femme, l'égalité avec le genre masculin, l'équité sociale...constituent une fierté tunisienne. Néanmoins, certaines femmes ont tendance à abuser de ces acquis sociaux et à surestimer cette liberté qui devrait raisonnablement être canalisée dans le bon sens et réussir un couple homogène. L'image de la femme obéissante qui vit sous le carcan de son époux, dépendante, docile et humble semble disparaître pour se substituer à l'image d'une femme autonome, responsable, indépendante, et vigoureuse. Jadis, la femme n'osait pas manquer de respect à son époux même s'il a tort. Aujourd'hui, elle peut aller jusqu'à l'engueuler. Pourquoi ?. Parce que cette minorité de femmes croit qu'à travers leur indépendance financière et la notion de liberté confondue, elles peuvent se permettre de dépasser les limites. Genre : « tu cries, je crie », « tu tapes, je tape », « tu sors de la maison, je quitte moi aussi », « tu te fais une maîtresse je me fais un amant », « j'ai mon salaire, ma voiture, ma demeure et si je ne t'arrange pas c'est simple, nous n'avons qu'à rompre notre contrat ». Ainsi la notion de couple perd son goût et la nouvelle formule devient : que le meilleur gagne !. Le jeu de Tom and Jerry et le bras de fer entre un homme et son épouse sont insensés et ne peuvent en aucun cas profiter ni à l'un ni à l'autre, ils ne peuvent qu'amener le couple, à suivre le chemin du Palais de justice.
Mode d'emploi sur chaînes satellitaires D'autres problèmes classiques expliquent les cas de divorces, notamment la violence physique, l'alcoolisme, la stérilité et l'impuissance sexuelle de l'un des conjoints sans omettre les tourments sociaux liés au chômage et à la précarité de l'emploi. En fait et avec la densité des besoins familiaux, il est difficile et évident de concevoir un ménage tunisien vivre avec un seul revenu. Vu la multiplicité des engagements et la diversité des dépenses familiaux : alimentation ; éducation des enfants ; loyer ; paiement des factures de l'électricité, de l'eau, du gaz, du téléphone (mobile et fixe) ; remboursement d'emprunts..., Les charges se multiplient. Et au moment où les difficultés financières dépassent les bornes, les problèmes entre couple surgissent. Querelles, déstabilisation psychologique, pression, agressions physique et verbale...La goutte fait déborder le vase, certains et plus précisément certaines épouses, ne tient pas le coup et annonce la rupture. Les nouvelles versions piratées des scènes de mariages expliquant les cas de divorces en crescendo ont généralement des répercussions néfastes sur l'équilibre des ménages concernés, sur l'équilibre psychologique des enfants et sur l'entourage de la famille. Chacun de son côté subit les conséquences d'un choix malsain, d'un environnement économique et social infectieux, d'une défaillance du système des valeurs, d'une incompatibilité entre deux personnes, d'un mariage influencé et autres. La responsabilité est donc partagée entre les différentes parties de manière à limiter au maximum les dégâts assortis d'un mariage raté et à préserver les acquis sociaux.