p class="p1" style="text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Slim BEN YOUSSEF p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"« Radicalisation » ou pas, le phénomène de la migration clandestine, massive, des Tunisiennes et des Tunisiens vers les rives nord de la Méditerranée bat inéluctablement son plein depuis plusieurs années, sur fond d'une crise sociale et économique, chronique et sans précédent, qui abat la Tunisie. Délicat et épineux, ce dossier, qui tracasse au plus haut point et depuis pas mal de temps, les gouvernements européens –italien et français, en tête de liste-, prend, aujourd'hui, une nouvelle tournure, décidément embarrassante pour la Tunisie, sa diplomatie, ses migrants clandestins et même ceux réguliers, dans un contexte marqué par les récentes attaques terroristes qui ont secoué la France –et l'Europe-, dernièrement. En tournée dans plusieurs pays méditerranéens, pour parler « migration », « radicalisation » et par-dessus tout « expulsions », le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a été reçu vendredi, lors d'une visite éclair à Tunis, tour à tour, par son homologue tunisien Taoufik Charfeddine, par le ministre des Affaires étrangères Othman Jarandi et par le président du gouvernement Hichem Méchichi, ainsi que par le président la République Kaïs Saïed. Après une halte à Rome vendredi matin, histoire d'accorder les derniers violons avec l'Italie, Darmanin n'a pas tourné autour du pot, lors de son blitz à Tunis. Objectif de sa mission : négocier pour obtenir l'expulsion de Tunisiens, dits « radicalisés », hors de France. La Tunisie, à court d'arguments Concrètement, et d'après des sources françaises, plus de 230 étrangers en situation irrégulière en France sont aujourd'hui «fichés S», ou «suivis pour radicalisation», selon le jargon actuellement de mise, en France, autrement dit de potentiels futurs terroristes, s'il en est, parmi les migrants clandestins. Premier hic pour la Tunisie : il se trouve que parmi ces fichés S, plus d'une vingtaine sont d'origine tunisienne, à en croire les mêmes sources. Deuxième hic : l'attentat qui a fait trois morts dans la basilique de Nice fin octobre, et dont l'auteur présumé est un jeune Tunisien de 21 ans, fraîchement arrivé en Europe. Troisième hic et non pas des moindres : l'Italie qui fait déjà pression depuis des mois sur ce dossier, en réaction à la vague sans précédent d'immigration clandestine depuis les côtes tunisiennes. Résultat : la Tunisie qui se trouve totalement à court d'arguments face à une action diplomatique de très haute envergure, menée désormais par Paris et appuyé fortement par Rome. Lors d'une conférence de presse commune, tenue à l'issue de leur entretien, ni Darmanin, ni Charfeddine, se sont contentés de condamner le terrorisme, sous toutes ses formes, en se renvoyant mutuellement les fleurs, dans une astucieuse et non moins efficace langue de bois, qui n'a pas manqué de détourner le sujet principal de la visite. Car, finalement, les deux ministres n'ont évoqué le moindre chiffre ni la moindre précision autour du nombre des Tunisiens clandestins, dont Paris réclame l'expulsion, et encore moins le moindre détail sur les modalités de l'expulsion en question, pourtant point central de leur entretien. Diplomatie à armes inégales Ce qui a naturellement provoqué maintes interrogations chez l'opinion publique nationale et, surtout, multiples suspicions autour des issues des «négociations», notamment de la part de la société civile tunisienne. Celle-ci craignant, en effet, une volonté méthodique, et à peine voilée, d'utiliser les attentats terroristes pour exercer des pressions sur le gouvernement tunisien afin qu'il accepte l'augmentation massive des retours collectifs forcés, déjà fixés aux termes d'accords passés. La plus grande crainte est celle d'aboutir à un nouvel accord remettant en cause les droits des migrants tunisiens ou le droit à la libre-circulation des personnes, et qui ressemblerait plus à une punition collective contre les migrantes et les migrants tunisiens et particulièrement les sans-papiers en renforçant les expulsions collectives forcées d'Italie ou de France. En somme, la crainte d'une résolution multipartite, potentiellement défavorable pour la Tunisie, et qui ne manquerait pas de compliquer davantage la crise de l'immigration clandestine, d'aggraver la précarité sécuritaire de la Tunisie et d'enfoncer encore sa crise sociale. Une crise sociale qui aurait pu constituer un axe majeur dans les postures diplomatiques de la partie tunisienne. En face, tout se joue au tour et au nom de la «radicalisation», un thème brillamment développé par la diplomatie française, mais qui n'a pas été contrecarré, malheureusement, à armes égales par la diplomatie tunisienne. Une Diplomatie tunisienne qui manque visiblement d'imagination et de pouvoir de persuasion. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"