L'artiste plasticien Fathi Rebaï, débarquant de Paris et plus exactement du quartier de Montmartre où il réside depuis longtemps, expose depuis le 05 décembre et jusqu'au 20 courant à la Galerie Saladin de Sidi Bou Saïd. Bravant la pandémie qui sévit actuellement dans le monde, il a décidé d'organiser son exposition, car pour lui, malgré les risques, la création ne doit jamais s'arrêter : « Certains me disent que ce n'est pas le moment, nous a affirmé l'artiste, mais moi, je ne suis pas de cet avis ; je me protège et je continue... » Cette exposition qui porte comme titre le propre nom de l'artiste « Rebaï », comporte une quarantaine de toiles de formats différents. Deux thèmes majeurs sont traités dans cette exposition : la Tunisie (pays natal) et le nu. C'est que l'artiste, même résidant en France depuis 1970, est toujours attaché à ses racines tunisiennes, aux quartiers populaires, aux maisons traditionnelles, aux coutumes des habitants. Une peinture à la tunisienne, mais aussi à l'occidentale. On découvre des toiles de petits formats (50/50) qu'il a commencés à Paris et achevés à Tunis ; des thèmes à cent pour cent tunisiens : « Au hammam », « Sidi Bou Saïd », « femme en safsari » et d'autres qui rappellent la tradition tunisienne. De même, l'artiste nous propose des travaux sur le nu féminin, non pas le nu flagrant, mais plutôt discret. En dessinant le corps dévêtu de la femme, il a toujours pris le soin de cacher le sexe féminin par un moyen artistique, respectant ainsi les exigences esthétiques et morales de la société tunisienne sans jamais heurter les sensibilités des visiteurs. Des tableaux qui incarnent la beauté, la féminité, le désir, le mystère, mais aussi l'interdit. « Avec ces portraits de femmes nues, nous confie-t-il, je rends hommage aux femmes, symboles de la beauté, de la vie, de l'amour et de la fécondité. Pour moi, il n'y a pas de plus beau qu'une femme nue, c'est la plus belle chose dans la vie ! » Fathi Rebaï, en grand dessinateur, nous fournit des travaux où la composition est parfaite à tous les points de vue : lignes, formes, signes et couleurs s'unissent pour donner toute la pureté, l'harmonie et l'élégance de l'œuvre. Les tons chromatiques sont doux et reposants pour l'œil, quoique le bleu prédomine dans la quasi-totalité des toiles : « Je travaille beaucoup avec le bleu, a-t-il avoué, j'adore cette couleur. » Les tableaux sont à base d'acrylique sur papier, mais l'artiste recourt parfois à d'autres techniques plastiques, comme l'ajout de sable ou de résine, introduisant même la calligraphie arabe qu'on voit au fond de la toile. Souvent, l'artiste ajoute une petite figure géométrique à son tableau (un carré, un rectangle) comme pour agrémenter l'ensemble et lui donner une certaine dimension esthétique. Fathi Rebaï, rappelons-le, est le fils de notre cher regretté caricaturiste, Mahmoud Rebaï (décédé en 1988), créateur de la fameuse série de BD «E-chef», parue dans l'ancienne revue «Dialogue» et grand illustrateur de la revue des enfants «Irfane», l'inoubliable illustré destiné aux enfants. Nul doute, l'art a été transmis par hérédité de père en fils. Fathi Rebaï est né en 1957 à Tunis. Il reçoit une formation artistique au centre culturel italien pendant deux ans, puis encore deux ans à Paris et enfin en Italie où il fait quatre ans d'études de Beaux-Arts. De retour à Paris, il adhère au Groupe Paris Montmartre et commence à exposer un peu partout en Europe. Il a de nombreuses expositions à son actif : Salons d'Automne, Salons de Printemps du groupe, en Belgique, en Norvège, en Suède, en Italie, au Maroc... H.K