Le Temps-Agences - Crise des déchets à Naples, menace de grève générale, risque d'éclatement de sa majorité: Romano Prodi faisait hier sa rentrée politique dans un climat tendu au début d'une année qu'il n'est pas assuré de terminer comme chef du gouvernement. A peine rentré à Rome après quelques jours de ski, Romano Prodi (68 ans) devait avoir hier après-midi une première réunion avec son ministre de l'Environnement pour trouver une solution à la crise des déchets dans la région de Naples où plus de 110.000 tonnes d'ordures se sont accumulées depuis les fêtes. Une tâche qui s'annonce particulièrement difficile puisque le problème est récurrent depuis 1994, faute de décharges en nombre suffisant et alors que la Camorra, la mafia locale qui a infiltré le retraitement des déchets, a tout intérêt à ce que la crise perdure. Le Corriere della Sera titrait hier sur "Naples, l'odeur et la honte" avec des images de bennes débordantes et de sacs d'immondices qui valent à Rome des poursuites de la Commission européenne pour infraction à la législation communautaire en matière de déchets. Un autre rendez-vous difficile avec le patronat et les syndicats attend M. Prodi dès aujourd'hui. Les trois confédérations syndicales exigent un coup de pouce "immédiat" pour les salaires les plus bas et un allègement de la pression fiscale, sous peine de déclencher une grève générale d'ici la fin du mois. "On se rendra vite compte si le gouvernement veut noyer le poisson ou s'il veut vraiment un accord", a averti le leader de la Confédération Cisl, Raffaele Bonanni, dans une interview hier à La Stampa. Le ministre de la Solidarité sociale, le communiste Paolo Ferrero, a d'ores et déjà prévenu que la question salariale serait "décisive" pour la cohésion de la majorité dont la dizaine de partis doit se réunir en janvier pour faire le point sur l'état de l'Union de la gauche. Depuis les législatives du printemps 2006, la majorité est toujours plus fragile, tiraillée entre l'aile radicale des communistes et des Verts et sa composante libérale. Et Romano Prodi n'a réussi à sauver sa tête que de quelques voix seulement à la fin de l'année lors de plusieurs votes au Sénat où sa majorité ne tient qu'à un fil. "C'est une année périlleuse pour Prodi. En cas d'échec au Sénat, la nomination d'un nouveau chef de gouvernement ou des élections anticipées ne peuvent être exclues", souligne Marco Tarchi, professeur de sciences politiques à l'Université de Florence. C'est dans ce contexte de fin de règne que toute la classe politique attend avec fébrilité la décision le 16 janvier de la Cour constitutionnelle concernant la validité du referendum d'initiative populaire sur une réforme de la loi électorale qui vise à éliminer l'émiettement des majorités et donc les plus petits partis. "Si la Cour n'admet pas la validité du referendum, les petits partis pousseront un +ouf+ de soulagement et Prodi aura une grande chance de survie. Le scénario inverse est plus problématique pour Il Professore", souligne Roberto Dalimonte, éditorialiste à Il Sole. Le ministre de la Justice Clemente Mastella, dont le parti Udeur a recueilli 1,5 % des voix aux dernières législatives, a déjà averti qu'en cas de feu vert de la Cour, il démissionnerait du gouvernement, ouvrant une crise politique. Pour échapper au référendum, que le gouvernement devra obligatoirement organiser au printemps en cas de feu vert de la Cour, la seule solution est un accord au Parlement sur une réforme électorale mais les discussions n'ont guère progressé jusqu'à présent tant les divergences sont grandes entre les partis.