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Moi et mon cancer...
Publié dans Le Temps le 24 - 01 - 2021

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Slaheddine BEN M'BAREK p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Rafika est une femme qui dégage une sérénité et une douceur infinie. Son regard profond est empreint d'un étrange bonheur, celui d'une femme exceptionnelle qui a été frappée de plein fouet par le destin. Victime d'un cancer du sein, elle s'est familiarisée avec la notion de la mort pour en faire un partenaire intime, une seconde peau avec laquelle elle doit vivre, le temps d'une tragédie. Rafika nous raconte son dur combat contre, non seulement sa maladie, mais aussi contre un déferlement de tristes événements survenus dans sa vie. Elle évoque avec franchise toutes les étapes de sa souffrance, son courage et sa victoire contre un destin qui ne lui a pas souvent souri. Voici son histoire.
« Une grande famille unie, des enfants dont on peut être fier, un mari attentionné...la vie poursuivait son cours sans heurts ni tintamarre. J'étais éduquée dans le « pacage » de la modestie, le naturel et la décence. Elevée dans la chaleur d'une famille traditionnelle, nourrie du même sang de la générosité et de l'altruisme, je traversais mon époque sans grands problèmes, même si parfois elle était trouble, sans que rien n'eût altéré les vertus léguées par mes parents. Je transmettais de mon côté ces mêmes valeurs à mes enfants. Ils connaissaient leurs devoirs, ceux des autres, la bonté, la pitié et l'indulgence. Il y avait de quoi en être fier. J'étais comme prémunie contre le mal et pressentie pour un bonheur qui ne pouvait me faire défaut. Mais il ne faudrait jamais compter sans notre destin. L'année 2018 arriva comme un ouragan et emporta tous mes espoirs. A vrai dire, je n'étais pas préparée à un scénario catastrophique. J'étais une femme qui n'avait jamais connu le malheur. Mes cellules de mon corps respiraient l'enchantement et le bienêtre. Si bien que, lorsque la tempête eût frappé mon île paradisiaque, je fus tout simplement anéantie. Je ne croyais pas que j'étais à ce point fragile et vulnérable. Pour moi, la mort, les accidents, la maladie et les souffrances ne faisaient pas partie de mon petit univers calme et serein. Je pensais que cela n'arrivait qu'aux autres... L'annonce du décès de mon frère, arraché à la fleur de l'âge m'assomma littéralement. Emporté par une crise cardiaque il laissa un vide dans toute la maison. J'eus le sentiment d'une injustice profonde. Je trouvais absurde que la mort l'ait saisie en pleine jeunesse. Toute une vie s'écroula en une seconde sans même nous préparer à cette séparation ô combien dramatique. Nous n'avions même pas fait le deuil de mon frère que la faucheuse frappa de nouveau douloureusement au sein de ma propre famille. Il est vrai que je ne m'étais jamais interrogée qui sera le prochain sur la liste ? Mais apparemment quand le destin frappe il ne fait aucune distinction entre les humains encore moins entre l'absurde et l'incompréhensible. Suivirent, quelques mois plus tard, dans le cortège de la mort, ma sœur encore jeune fille, ma belle-sœur âgée de 37 ans, laissant derrière elle cinq enfants. Je suppliais le ciel d'arrêter ce déversement macabre et d'épargner ma famille de tout mal. Mais le sort semblait s'acharner contre les êtres que j'aimais. Un matin, l'annonce d'un accident de voiture où se trouvait mon dernier frère m'avait bouleversée. Il aurait pu mourir. Il s'en était sorti miraculeusement. Nous fumes dévastés mais vite rassurés et heureux comme si nous avions enfin remporté une victoire sur la mort. Mais les tristes événements avaient érodé l'affectivité de ma mère qui n'arrivait plus à supporter les coups de boutoirs d'un sort funeste, car la logique des choses veut qu'une maman doit toujours partir avant les enfants, obéissant ainsi à un ordre chronologique du temps et des générations... C'est ainsi que ma mère disparut à son tour emportant avec elle toutes ses souffrances et toutes ses douleurs. Sa vie fut une succession de dures épreuves qu'elle ne put malheureusement surmonter. Elle était partie les yeux fermés sur ses larmes, contente peut-être de rencontrer quelque part dans d'autres cieux les enfants qu'elle avait aimés de tout son cœur. Je pris alors la relève et faisait de mon mieux pour protéger mon père désœuvré qui ne comprenait pas cette course effrénée que la mort avait imposée aux êtres les plus chers de sa famille.
Le temps avançait très vite, bousculant sur son chemin les choses de la vie. J'essayais d'oublier sans oublier les tristes moments que j'avais vécus. Mais j'avais l'étrange pressentiment que la trêve ne sera que de courte durée. Et j'eus raison lorsqu'un jour, je découvris par hasard une boule compacte dans mon sein. Je ne voulais pas tirer immédiatement les conséquences avant de me faire une mammographie. Quand je l'eus faite, le médecin m'envoya d'urgence au laboratoire pour les analyses appropriées. Le verdict médical tomba comme une massue. Une angoisse profonde avait envahi tout mon être. Le spectre de la mort s'imposa dans mon esprit comme une vérité élémentaire. J'étais totalement consciente des risques : une chance sur quatre d'y rester ou d'en sortir. Ce n'était pas la mort qui m'angoissait, c'était plutôt de laisser derrière moi mon père et tous ceux qui m'étaient chers. Désormais il faudrait exister avec ma maladie, intégrer cette réalité jour après jour et construire ma vie avec cette donne. De l'annonce du diagnostic, à l'opération, aux rituels de la chimio, mon univers devenait l'hôpital où je parcourais ses couloirs aseptisés aux odeurs de l'éther. Je rencontrais les malades, des jeunes femmes et même des jeunes filles aux visages sombres. Quand nous nous regardions il y avait dans nos yeux cette immense douleur solidaire qui nous liait les unes aux autres et cette angoisse délirante, invincible contre laquelle nous combattions pour ne pas sombrer dans le désespoir. Le brin de sourire que nous partagions à cet instant me parut comme l'illustration d'une volonté incommensurable de ne pas capituler devant la maladie. J'engageais alors une lutte sans merci contre le mal. Je pensais et j'agissais comme si le temps n'avait plus de prise sur moi. La mort ? Elle existait avant moi. Aujourd'hui elle est en moi comme un greffon qui pourrait être rejeté comme un intrus.
Je ne changeais rien à ma vie. Je redoublais d'effort pour piéger ma maladie et prouver peut être à moi même que j'étais plus forte. Je croyais obstinément en l'avenir. C'était déjà important d'être vivant. L'essentiel, quand on vit un cancer, est de vivre avec quelqu'un qui vous comprend et qui vous soutient dans les pires moments de votre existence. J'avais la chance d'avoir à mes côtés mon époux toujours prompt quand il s'agit d'épancher mes craintes et mes inquiétudes.
Je faisais tout pour vivre ma féminité en pleine maladie, et jamais je n'avais eu autant envie de vivre! Je prenais de plus en plus soin de mon apparence, je refusais qu'on me voie diminuée, moi qui étais toujours si coquette. Prendre soin de mon apparence faisait d'ailleurs partie de ma thérapie. Une femme qui passe par la chirurgie, la perte de cheveux, de cils et sourcils, ne peut pas s'accepter facilement. Que c'est triste de découvrir chaque matin la peau qui ternit, le visage bouffi par l'effet chimio ! Je décidais de revendiquer le droit à la beauté, le droit de retrouver confiance en moi... Quand je me regardais dans mon miroir, il me reflétait l'image que je voulais, belle, attirante et séduisante. Je ne supportais pas qu'on me prenne en flagrant délit de maladie, encore moins, quémandais la pitié et la compassion des autres. Je voulais oublier tout, les doutes, les angoisses, la sidération, la métamorphose d'un corps qui souffre. Je voulais ne plus perdre du temps, vivre comme si aujourd'hui serait le dernier jour de ma vie et que la mort n'y changera rien. C'est ce qui m'avait permis de passer le cap difficile de ma maladie, de sortir de mon impuissance et prendre le chemin de la guérison. Je voudrais par votre entremise m'adresser aux femmes atteintes par ce mal et leur dire que si le cancer du sein est responsable de milliers de décès en Tunisie, il n'en reste pas moins qu'on peut en guérir. Le seul témoignage que je pourrais apporter en tant que femme qui a vécu cette dure épreuve, est un témoignage positif qui prouve que c'est possible d'appréhender la maladie, de ne pas mettre des limites à vos espoirs, de revenir à l'essentiel et d'apprendre aux autres à ne pas avoir peur.
Pour moi c'est le commencement d'une nouvelle vie. S'il y a des moments où la vie vous terrasse, il y en a d'autres qui vous enveloppent dans un tourbillon d'espérance et l'on se dit alors que tout est possible. Je dis à toutes celles qui souffrent de ne jamais baisser les bras, se battre c'est continuer à vivre et c'est à travers ce combat que j'ai moi-même découvert le vrais sens de la vie ».
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