A l'heure où le gouvernement tunisien se bat lamentablement les flancs pour faire peau neuve, sur fond de manigances, de « tripotages » et de manipulations politico-politiciennes, la crise pandémique bat son plein sur le terrain avec des chiffres et des taux, pour le moins affolants, de contamination et de mortalité quotidienne. Pendant ce temps, c'est pratiquement le monde à l'envers dans les sphères médiatiques et décisionnelles : censé fournir seulement son « expertise », autrement dit suggérer, sinon recommander, voire conseiller le pouvoir exécutif dans sa gestion de la corona crise, le Comité scientifique a été jeté dangereusement dans « la mêlée », occupant étrangement le devant de la scène, à la place d'un gouvernement, manifestement confus et indécis, et qui continue de cacher sa tête dans le sable... Comble de l'absurde : le Comité scientifique a été même poussé jusqu'à palabrer sur des questions sociales et économiques qui ne relèvent aucunement de ses « compétences ». Cela ne peut témoigner, bien entendu, que d'un manque de sérieux, doublé d'une fuite flagrante des responsabilités de la part du Président du gouvernement qui refuse, visiblement, d'assumer et de conduire en bonne et due forme la gestion de la crise. Querelles de clochers Résultat inéluctable : une détérioration sans précédent de la situation pandémique doublée d'une inquiétude quasi généralisée dans les rangs des Citoyennes et des Citoyens que ne savent pas à quel saint se vouer à l'heure où les têtes de l'Exécutifs ne savent, à leur tour, sur quel pied danser et continuent d'adopter aveuglément une politique de l'autruche, aussi insensée que totalement dangereuse pour tout le pays. Sur fond de ce fatras décisionnel, et alors que les Tunisiennes et les Tunisiennes ne savent plus comment demander des comptes aux dirigeants et aux politiciens pour qui ils ont voté (force est de le rappeler !) ceux-ci s'amusent matin et soir à leurs querelles de clochers, et s'adonnent à leurs jeux minables de pouvoir et d'argent. Objectif à peine voilé « tripoter » continuellement le pouvoir exécutif et instaurer un climat d'instabilité favorable à toutes leurs manigances. Pendant ce temps, la pandémie gagne du terrain et l'option du confinement général est sans cesse jetée à tort et à travers pour sonder les humeurs d'une opinion publique plus que jamais déphasée. Dans une déclaration aux médias lundi, Hechmi Louzir, directeur de l'Institut Pasteur, et membre du Comité scientifique, répète à qui veut l'entendre que l'hypothèse du confinement reste toujours d'actualité et pourrait être décrété à tout moment. « Il n'est pas exclu qu'il soit décidé dans les prochains jours », a-t-il lancé, ajoutant que « l'idéal serait d'instaurer un confinement de deux à trois semaines, juste avant le démarrage de la campagne de vaccination ». Atténuer les éventuels contrecoups Hechmi Louzir a tenu, d'ailleurs, à préciser que l'idée d'un confinement général a été rejetée lors de la réunion de vendredi dernier en raison de ses « répercussions négatives ». Des répercussions sans aucun doute sociales et économiques, bien entendu, mais notamment « psychiques », à en croire Hechmi Louzir. Ce qui nous amène directement à nous interroger sur le rôle effectif de ce Comité éminemment « scientifique », censé établir des constats et en déduire par conséquence les recommandations qui s'imposent à l'échelle purement sanitaire mais qui se met, désormais, à étudier les conséquences pas très sanitaires en réalité et à palabrer sur des « enjeux » qui dépassent largement son domaine d'intervention. Autant le dire sans ambages : étudier les conséquences et analyser les répercussions d'une quelconque mesure sanitaire ne concerne aucunement ce Comité scientifique. Une tâche qui revient plutôt au gouvernement, et plus précisément à la Présidence du gouvernement et au Conseil des ministres, lesquels se tiennent responsables de trouver les solutions et d'accompagner éventuellement ces mesures sanitaires, aussi dures et douloureuses soient-elles, par les mesures économiques et surtout sociales, à même d'atténuer les éventuels contrecoups sur le train-train quotidien des Citoyennes et des Citoyens. S.B.Y.