Blocage persistant au sommet de l'Etat, avec l'affaire des ministres sur qui pèsent des suspicions de corruption, avec le président de la République Kaïs Saïed qui refuse de leur permettre de prêter serment. La situation n'a pas de chance de se décanter de sitôt, et voilà, maintenant, que le chef du gouvernement a recours à la justice. La situation dégénère de plus en plus entre les deux têtes de l'exécutif et tout le monde se pose une seule question : Kaïs Saïed et Hichem Méchichi pourront-ils travailler, ensemble et en symbiose, à l'avenir, alors que les différends ne cessent de s'accumuler et que les deux hauts responsables du pays campent sur leurs positions et ne veulent rien laisser passer ? Il y a le feu en la demeure L'important, actuellement, n'est pas de chercher qui a tort ou qui a raison, surtout que tout ce qui aurait pu être entrepris, pour le bien du pays, est mis en stand-by, alors qu'il y a urgence dans tous les domaines et qu'il y a le feu en la demeure. Le comble est que, lassé d'attendre, le chef du gouvernement, a recours à la justice –du moins, pour consultation- et le Tribunal administratif (T.A.) s'est saisi d'une requête adressée, par courrier officiel, par la présidence du gouvernement à propos du litige sur le remaniement ministériel, a fait savoir Imed Ghabri, porte-parole du tribunal administratif. Il a précisé que cette procédure s'inscrit dans le cadre de la fonction consultative de la justice administrative, et ce conformément à l'article 4 de la loi relative au Tribunal administratif qui prévoit la consultation de cette juridiction sur les projets de décrets gouvernementaux. Le Tribunal administratif donne son avis sur toutes les questions pour lesquelles son intervention est prévue par les dispositions législatives ou réglementaires ou qui lui sont soumises par le gouvernement, a-t-il ajouté. Il n'y a donc pas photo. On n'a pas besoin de lunettes pour voir plus clair, dans une situation qui empire de jour en jour, avec un président de la République campé sur ses principes, un chef du gouvernement cherchant à imposer des ministres qui ne sont pas « aussi blanc comme neige », d'après les suspicions qui pèsent sur eux, et, surtout, un président du parlement, Rached Ghannouchi qui manigance et qui tire les ficelles, pour saper les fondements de l'Etat, et qui veut toujours avoir le dernier mot. Quant au recours au Tribunal administratif, le seul résultat possible serait, au mieux, un « avis consultatif » qui ne résoudrait pas le problème. Cette fois sera-t-elle la bonne ? Pour Ghannouchi, cette fois sera-t-elle la bonne. Excédés par les errements du président de l'ARP, les députés préparent une deuxième motion de censure contre le Cheikh, ce qui ne s'est jamais passé, depuis l'indépendance. Une pétition de retrait de confiance au président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, est fin prête avec plus de 73 signatures, ont déclaré, lundi, les députés Mongi Rahoui et Zouhaier Maghzaoui, précisant, toutefois, qu'elle n'a pas été déposée au bureau d'ordre. Rahoui (indépendant) a ajouté que cette initiative est "sur la bonne voie". Zouhaier Maghzaoui, du bloc démocratique, a, pour sa part indiqué que les efforts sont déployés pour assurer le passage de cette motion en plénière en évitant les erreurs ayant conduit à l'annulation de la première pétition lors de la précédente session parlementaire. Les deux députés ont souligné que les signataires de cette motion travaillent en toute discrétion, loin des médias. Selon l'article 20 du règlement intérieur de l'ARP, le parlement peut retirer la confiance à son président ou à l'un des députés avec l'approbation de la majorité absolue des députés. Une demande écrite est déposée au bureau du parlement et signée par, au moins, le tiers des députés. La demande sera, ensuite, présentée en plénière pour vote dans un délai ne dépassant pas trois semaines de la date de son dépôt au bureau d'ordre. Pour Mongi Rahoui, la situation chaotique au parlement et l'intérêt public imposent un changement à la tête de l'institution parlementaire. Le 30 juillet dernier, 96 députés ont voté en faveur du retrait de confiance à Rached Ghannouchi. Mais la pétition a été annulée pour absence de quorum (109 députés). Pour le peuple, les investisseurs, les chômeurs et autres, ils n'ont qu'à attendre que la situation se décante... Malheureusement, ces trois têtes de l'Etat ne risquent pas de s'entendre et le salut ne peut pas venir de leur côté ! F.S.