Jusqu'où va durer cette mascarade au parlement avec des heurts, des tensions et surtout des scènes de violences tous azimuts et des agressions verbales et physiques ? Entendre les députés crier, se chamailler n'est plus étonnant depuis qu'il y eu des sit-in et des prises de becs entre représentants de partis que nous avons hélas, bel et bien élus, mais qui défendent leurs propres intérêts, en s'accusant mutuellement. C'est une stratégie par laquelle, ils veulent, et à qui mieux mieux, nous convaincre qu'ils se battent pour l'intérêt du pays. Le meilleur, méritera de prendre les rênes du pouvoir. C'est sur cette base, que les uns et les autres tiennent à s'imposer, revendiquant leurs droits d'élus, oubliant, cependant, ceux qui les ont mandatés afin de défendre les leurs. Le pouvoir du peuple dénaturé En fait, c'est le peuple qui exerce le pouvoir législatif à travers eux. Aux termes de l'article 50 de la Constitution : « Le peuple exerce le pouvoir législatif à travers ses représentants ». Or, on constate un renversement de cette règle, du côté des représentants qui, par leurs comportements, que ce soit au sein ou en dehors du parlement. Ce sont eux qui manifestement exercent leur pouvoir, en vue de préserver leurs intérêts partisans et pécuniaires, violant par là même le droit du peuple et les principes démocratiques consacrés par la Constitution. C'est, en effet, à travers le comportement de ces députés, que le peuple qui, n'étant plus ce qu'il était durant l'ancien régime, ne tolérera aucunement cette situation, qualifiée dernièrement par le président de la République de chaotique, ayant marqué que c'est un précédent unique dans l'histoire de la Tunisie, depuis qu'elle fut dotée d'un pouvoir législatif. Des agissements à dessein de camoufler les multiples abus commis par ceux-là mêmes qui sont tenus de les combattre, étant habilités à légiférer par des projets de lois destinés à instaurer la paix publique et la sécurité dans le pays. Or l'absence de sécurité est en tout domaine, et notamment sur le plan économique, avec la corruption et les malversations, qui sont dans tous les secteurs de l'Etat. Toutefois, les travaux de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) sont pratiquement bloqués à cause des tensions incessantes au sein de l'hémicycle. Est-ce à dessein, afin de ne pas faire passer des lois qui séviraient mieux contre la corruption dans laquelle certains députés sont impliqués ? On est enclin à le penser, lorsqu'on constate que pour la nième fois, l'élection des membres restants, pour la composition de la Cour constitutionnelle a été reportée sine die. Pas d'immunité pour les corrompus ! Entretemps certains députés faisant l'objet de suspicion de corruption, n'ont pas l'air de s'inquiéter puisque tout est reporté aux calendes grecques, et qu'ils ne peuvent être inquiétés tant qu'ils se retranchent derrière l'immunité parlementaire. La levée de celle-ci est décidée par la commission disciplinaire au parlement, une fois revendiquée par le juge. Toutefois, en cas de flagrant délit la levée est automatique, une fois celui-ci établi. Seulement, jusque-là, aucune décision de levée d'immunité n'a été prise alors que des députés sont impliqués dans des affaires pénales, à l'instar de Seifeddine Makhlouf, ou de son homonyme Zouhaier Makhlouf, impliqué quant à lui, dans une affaire de voyeurisme, après avoir été surpris en flagrant délit dans sa voiture, garée devant un établissement scolaire, dans une posture indécente. Par contre, durant les derniers troubles, la police judicaire est intervenue, afin de procéder à des constats, « sur réquisition du parquet du tribunal de Tunis », selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Cela a été confirmé par le porte-parole du tribunal de Tunis qui a souligné que c'est le procureur qui les a chargés suite à la plainte de Rached Ghannouchi. Ce qui est contesté par la présidente du parti destourien libre (PDL), qualifiant l'intervention de la police au sein du parlement comme contraire à la loi, s'agissant d'une institution étatique protégée D'autant plus que le président du parlement est doublement contesté, tant par ses pairs, que par les membres du mouvement Ennahdha. Ces derniers sont de plus en plus divisés Une motion de retrait de confiance à l'encontre de Ghannouchi est en train de circuler parmi les députés, et a recueilli un nombre élevé de signataires. Entretemps des tractations ont lieu avec toutes les parties prenantes en vue de la désignation d'un chef de gouvernement idoine. Toutefois l'éventualité du recours par le président de la République, à l'article 99 de la Constitution en vue de la dissolution du parlement est toujours envisageable, et elle a été d'ailleurs envisagée par Kaïs Saïed, lorsqu'il a reçu dernièrement Ghannouchi et ses deux vice-présidents. Tractations qui tournent en rond Il y a donc deux éventualités : ou bien la motion de retrait de confiance au président de l'ARP est adoptée, ou bien, c'est le recours par le président de la République à l'article 99, en vue de la dissolution du parlement. Le président étant soucieux de respecter la Constitution, tient cette éventualité comme une épée de Damoclès sur la tête des députés inconscients de la situation par laquelle passe le pays. Il reste toutefois prudent, de manière à adopter la solution permettant de sortir de cette crise avec le moins de dégâts possibles. Quoique le mal soit déjà fait à cause de nos députés qui ne tiennent pas compte de la situation d'une manière objective et dans l'intérêt du peuple. En l'état actuel des choses, le chef du gouvernement démissionnaire s'est de plus en plus enlisé en choisissant de plaider « non coupable » et il semblerait qu'il ait caché certaines opérations pouvant justifier selon le rapport de la commission la suspicion de conflit d'intérêts à son encontre. Ce ne sont cependant que des présomptions, au vu desquelles c'est à la justice de se prononcer pour confirmer ou infirmer la suspicion de conflit de conflit d'intérêts pesant sur lui. Il est donc exclu qu'il soit appelé à former un nouveau gouvernement. Hélas les députés continuent à se disputer, à s'accuser mutuellement à se chercher la petite bête les uns aux autres, avec un blocage de l'institution législative, qui rend l'Etat pareil à un hémiplégique, qui ne jouit plus de toutes ses facultés. Ce qui nuit à l'intérêt suprême du pays. « Je ne resterai pas les bras croisés » a lancé le président de la République au président du législatif. Acceptons-en l'augure ! car le temps n'est plus aux tergiversations aux atermoiements et aux agissements spectaculaires rendant l'hémicycle un espace de show, où viennent se produire nos députés, en oubliant que le temps use et détruit et que par leur attitude inconsciente, ils détruisent les acquis de la démocratie, garantie par la Constitution qu'ils sont en train de violer de jour en jour. Des agissements que l'histoire ne pardonnera jamais ! A.N.