Les prix de la 11e édition du festival MyFrenchFilmFestival, organisé par UniFrance, ont, récemment, été annoncés. Le grand vainqueur, puisqu'il remporte et le prix de la presse internationale et celui du public, est le film d'animation «Josep» d'Aurel, étant artistiquement complet. Le festival de cinéma francophone en ligne MyFrenchFilmFestival, organisé par UniFrance, a connu un record pour sa 11e édition puisqu'elle a comptabilisé 13 millions de vues. Après avoir visionné dix courts métrages et dix longs métrages, les trois jurys (jury international, presse internationale, et public) ont, chacun, leurs favoris. Ainsi, les membres du jury international ont décerné à l'unanimité leur Grand prix à «Adolescentes», un documentaire long métrage de Sébastien Lifshitz ; ce jury ne devait statuer que sur les longs métrages. Pour les courts, le jury presse internationale a opté pour «Motus» d'Elodie Wallace, et le public pour «Entracte» d'Anthony Lemaitre (voir notre édition du 3 février). Ce qui est assez étonnant, c'est que la presse internationale et le public ont eu un coup de cœur pour le même long métrage, qui n'est pas une fiction mais un film d'animation. «Josep» d'Aurel a, donc, raflé deux prix. Le Jury de la presse internationale, composé de sept membres d'horizons divers (Allemagne, Grèce, Nouvelle-Zélande, Pologne, Hong Kong, Slovénie, et Tunisie), ont choisi à l'unanimité «Josep» «car c'est un film abouti, complet et confiant, à la fois personnel, politique et artistique. Le cinéaste parvient à intégrer l'art de Josep Bartolí dans sa propre mise en scène, créant un hommage à l'héritage de l'artiste catalan ainsi qu'à la puissance de l'animation - et du cinéma en général». Hommage à un dessinateur et au dessin Dessinateur pour différents journaux français, dont «Le Monde» et «Le Canard Enchaîné», Aurélien Froment, de son nom d'artiste Aurel, a souhaité rendre non seulement hommage au dessinateur et homme politique républicain, anti franquiste, espagnol Josep Bartolí qu'il a découvert grâce au neveu de ce dernier qui a écrit un livre, illustré des dessins de son oncle, sur une période oubliée de l'Histoire, «la Retirada», mais aussi au dessin, art qui le lie à l'artiste catalan. C'est aussi montrer que peu importe de quel côté de la barrière on se trouve, des amitiés sincères peuvent naître. L'histoire de «Josep» commence par un gamin qui est obligé de rendre visite à son grand-père malade, et qui doit rester avec lui. Le papy lui raconte, alors qu'il était gendarme, sa rencontre avec Josep, un artiste espagnol, républicain ayant fui la dictature de Franco, et avec lequel il s'est lié d'amitié. Josep est parqué avec ses compatriotes et camarades, comme des animaux, dans des camps. Le gendarme va aider, involontairement (mais inconsciemment volontairement), Josep à s'évader. Ce dernier ira au Mexique où il sera l'amant de Frida Kahlo et s'installera aux Etats-Unis. Même si l'on peut considérer «Josep» comme un biopic, soit un film retraçant la vie d'un personnage célèbre, il est plus que cela. Aurel a su jouer et trouver un équilibre entre le dessin de presse (2D, dont l'espace de représentation est défini par deux données, la longueur et la largeur) et l'animation (3D, dans lequel est ajouté la hauteur) intégrant des œuvres de l'artiste espagnol. Ce qui est intéressant dans «Josep», outre le fait de faire découvrir un dessinateur presque oublié et une Histoire occultée, c'est qu'Aurel n'utilise les couleurs chaudes qu'à des moments précis (par exemple quand Frida Kahlo repeint les murs de sa maison) et pour certains détails (comme le chéchia rouge des tirailleurs sénégalais). Pour la plupart des scènes, notamment celles du camp, on a l'impression de voir un vieux film en sépia et quelques traits au fusain. «Josep» est artistiquement complet et complètement artistique. Il méritait largement ces/ses deux prix. Z.H