Prix jury presse internationale court métrage de MyFrenchFilmFestival d'UniFrance, «Motus» d'Elodie Wallace est un #metooinceste bouche cousue. «Nous avons décidé de décerner le prix du meilleur court-métrage à Motus d'Elodie Wallace, pour la façon habile et transparente dont il équilibre l'humour et la sensibilité avec les aspects opportuns de son histoire. Ce film révèle une réalisatrice très mesurée et confiante.», voici les raisons qui ont décidé les membres du jury presse internationale à attribuer le prix du court métrage à celui d'Elodie Wallace. Alice est adulte. Mais, dans sa tête, elle ne peut s'accomplir en tant que telle que si elle trouve le courage d'affronter celui qui a abusé d'elle quand elle était enfant : un tonton que sa famille l'obligeait à voir, malgré sa détresse. L'occasion lui en est donnée quand son bourreau est hospitalisé mourant. Elle décide d'aller lui cracher au visage son ignominie et lui faire ressentir les années de souffrance qu'elle a endurées à cause de lui. Elle se rend à l'hôpital et crache au visage d'un vieil homme tout ce qu'elle avait sur le cœur. Mais, voilà, ce vieux n'est pas son tortionnaire. Dans son empressement à se libérer de son fardeau, elle s'est trompée de chambre. Après avoir trouvé la bonne, et en présence de sa famille, tout courage s'est envolé et son bourreau meurt. Pour se décharger du poids, sa seule solution est de tendre son carnet intime à sa mère dans l'espoir que celle-ci le lira. En18', la réalisatrice Elodie Wallace a su dénoncer dans son film ce qu'un long métrage n'aurait pas réussir à faire : cette souffrance qui suit les personnes abusées par un proche, ou autre, dans leur enfance, et qui les poursuit jusqu'à l'âge adulte et le silence des parents et de la famille, qui deviennent, consciemment ou inconsciemment, complices. Le titre «Motus» porte, donc, un double sens : le silence des enfants victimes -ils ont peur de parler parce qu'on ne les croira pas- et le silence de la famille. Alice, alors qu'elle déambule perdue dans les couloirs de l'hôpital, rencontre une petite fille silencieuse. Ce rôle de la petite fille est à double sens aussi : d'une part c'est un personnage que l'on peut rencontrer dans un hôpital et de l'autre elle est le miroir d'Alice, son reflet. Le silence de la petite fille en dit long sur cette réflexion. Cette idée est surtout marquée quand la petite fille et Alice sont dans l'ascenseur côte à côte. La gamine est, aussi, là pour encourager, par son silence, l'adulte à passer à l'acte. Le prénom d'Alice est un choix judicieux. Nous posons qu'il fait référence au personnage d'«Alice au pays des merveilles» de Lewis Caroll. Faire déambuler Alice de «Motus» dans les couloirs de l'hôpital est un peu comme le voyage initiatique d'Alice de Caroll. Les deux personnages se ressemblent car, chacun à sa manière, ils font un voyage initiatique. Malgré la gravité du sujet, Elodie Wallace a su l'amener avec de l'humour et beaucoup d'émotions, sans faire dans le mélodrame. Un #metooinceste bien avant le livre de Camille Kouchner, «La familia grande»... Z.H