p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Qu'est-ce qui faisait la force du « premier Bourguiba », celui des temps héroïques et de la construction du Nouvel Etat ? Sa prodigieuse capacité à jongler avec les équilibres internes tout autant qu'avec les pesanteurs géostratégiques. Et qu'est-ce qui a précipité sa brumeuse fin de règne ? « La Cour » d'abord, le diktat pour le moins totalitaire du Parti-Etat, ainsi que le sentiment d'invulnérabilité, d'immortalité tiré de son statut de « Monarque présidentiel ». Qu'est-ce qui a fait qu'aux premières et brèves années du « Changement », Ben Ali ait donné des espoirs aux Tunisiens ? La proclamation, d'abord, d'une « vie politique évoluée » ; ensuite le réajustement des équilibres socioéconomiques grâce à deux percutants plans d'ajustements structurels, il est vrai infléchi par la Banque Mondiale, sa Bible de l'époque. En tous les cas, il s'ouvrait à l'opposition, recevait même Rached Ghannouchi à Carthage, ce qui a fait que le leader d'Ennahdha se fondait en effusions sentimentales pour le Président. Il a même fait appel à de grands militants des Droits de l'homme comme Mohamed Charfi, Saadeddine Zmerli et Daly Jazi. Mais qu'est-ce qui a causé sa chute ? Le déni démocratique auquel il croyait pourtant, en un premier temps. Le repli aussi dans sa nouvelle Cour et, très vite, la mise en place d'un Etat policier réprimant toutes les libertés rêvées. Etat-Parti, chez lui aussi, juste avec le PSD transfiguré en RCD, et la montée de l'Etat mu par une corruption tentaculaire. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"La dictature a toujours été notre destin. Résignés, les Tunisiens en concluaient que c'était aussi la fatalité de notre « roman des origines ». A savoir qu'un Président en Tunisie est frappé par la malédiction du despotisme, fût-il éclairé comme celui de Bourguiba ! p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Déchéances et effronterie p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Le rouleau compresseur du 14 janvier 2011devait inexorablement marquer une renversante dé-fatalisation de l'Histoire et en dé-chromatiser l'écriture. En tous les cas, pas dans le style « koufi ». Mais là où tout le monde, tout ce beau monde d'opposants « légitimes » s'est trompé de perception, c'est que l'avenir ne peut être dé-fatalisé. L'ANC donnait pourtant l'impression d'avoir réussi à conférer de solides structures démocratiques au nouveau régime, basé sur le pluralisme, avec toutefois une toute petite part à un présidentialisme aux contours tenaillés et, pour le moins, formels. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Très vite, on les a néanmoins vu venir : tribuns récupérateurs (Ennahdha) qui glorifiaient l'islam politique avec ses ramifications turco-qatarie ; une Gauche ringarde, qui était pourtant aux avant-postes de la lutte contre le régime déchu ; des figures de proue du Centre-gauche et des militants envers lesquels Ben Ali vouait une sainte horreur (Ahmed Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaafar par-dessus tous). Pourquoi l'avenir ne saurait être dé-fatalisé ? On en a eu l'illustration avec la cassure entre toutes ses sensibilités politiques qui s'opposaient pourtant en rangs serrés contre le régime Ben Ali. Celles-là mêmes qui avaient fait trembler l'establishment avec ce que l'Histoire retiendra comme étant cet authentique tournant marqué par « Le Mouvement du 18 octobre 2005 », en pleine tenue du SMSI à Tunis. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"A l'évidence, la chute du régime les a divisés. Parce qu'Ennahdha les a tous broyés. Comme elle a su faire preuve de patience par la suite dans son acoquinement avec Nidaa Tounès, avant de broyer (son mode opératoire) Béji Caïd Essebsi qui montait une redoutable machine électorale (son parti) avant de la démonter lui-même, comme dans la psychologie d'un Pygmalion. Parce qu'il croyait pouvoir rééditer le jeu des équilibres qui faisaient, à un certain moment, la force de son maitre spirituel Bourguiba. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Or, il n'y a pas d'équilibre possible avec Rached Ghannouchi. Du moins, pas sur le long terme. Et, au final, voilà qu'Ennahdha récupère tout encore une fois, par la voix de son « patron ». L'effronterie n'a pas de limites, en effet. Au Washington Post, Rached Ghannouchi déclare que c'est principalement Ennahdha qui a œuvré à asseoir la démocratie en Tunisie, tout en prenant la vague précaution de préciser que son parti n'a qu'une responsabilité relative dans la crise économique que traverse le pays. Justement par ce que le parti « n'a pas réellement gouverné ». Pardi ! p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Un éléphant dans un magasin p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"de porcelaine p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"L'ANC présidée par un grand constitutionnaliste tel Mustapha Ben Jaafar n'a pas prévu que, dans la toute petite brèche accordée par la suite par la Constitution de 2014 (celle de la deuxième République) aux semblants de pouvoirs accordés à un Président qui était juste destiné à être honorifique, un certain Kaïs Saïed allait s'engouffrer, casser même la baraque, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Du coup, presque toute la ploutocratie est balayée, en dehors d'Attayar et du Parti Echaâb qui lui ont prêté allégeance et qui le leur rend d'ailleurs bien. Jailli du néant, un jour, peut-être, toute la lumière sera faite sur cet électorat invisible, imperceptible, et qui l'a massivement conduit à Carthage. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"L'avantage qu'il a sur tous les autres, c'est qu'il n'a guère de parti. Son cabinet s'est même empressé de publier un communiqué dans lequel on lit que le Président n'a guère de liens avec le nouveau parti s'étant donné pour appellation son slogan de campagne « Echaâb Yourid » (traduisez : « Le peuple veut »). Avouez que la coïncidence est, pour le moins, troublante. Et, puis si ce que veut le peuple est à l'image des fondateurs de ce nouveau parti, Kaïs Saïed devrait s'interroger lui-même, lui en premier, s'il ne s'est pas trompé de peuple ! p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Parce que finalement, que ce soit ce peuple- ci, ou ce peuple-là, Kaïs Saïed leur a tourné le dos à tous les deux. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"On l'a déjà relevé et il convient de le noter encore : Kaïs Saïed parle « Etat », ne parle que du « peuple miséreux », mais le mot « démocratie » ne figure pas dans son bréviaire. C'est le fonds de commerce de Rached Ghannouchi, comme signalé plus haut en ce qui concerne la déclaration donnée au Washington Post. Et ce n'est pas fortuit. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Une guerre à distance entre les deux hommes. Pourquoi en est-on arrivé là ? La pomme de discorde, ce n'est pas vraiment Méchichi, comme le suppose Noureddine Taboubi. Ce n'est pas, non plus, la corruption, puisqu'au-delà des vociférations, on se demande ce qu'a fait le Président pour se dresser contre, ni qu'il ne se soit guère muni de l'article 10 de la constitution (inhérent à la lutte contre la corruption) pour enclencher une vaste opération de « Mani puliti », dans le pur style italien des années 1990. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Qu'est-ce qui le préoccupe le plus dans ses fonctions ? La situation économique ? Il n'en parle jamais ! La sécurité alimentaire qui relève pourtant de ses compétences en tant que Président du Conseil de sécurité nationale ? Ce n'est pas encore dans son agenda. En fait, tous les prétextes sont bons pour tirer à boulets rouges sur « les comploteurs » et ceux qui « s'agrippent au pouvoir ». Dans la foulée, il réédite le même thème aux familles des martyrs du terrorisme dans l'épopée de Ben Guerdane du mois de mars 2016. « Ceux qui gouvernent, ne s'en sont jamais occupés », selon lui... D'accord. Mais, lui, s'en occupera-t-il, en dehors des solennelles invitations au Palais ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"A moins que, dans sa psychologie de nouveau messie, il ne prétende à l'alignement des planètes. C'est-à-dire que, tous, dévots comme adversaires, lui prêtent allégeances et l'intronisent « monarque présidentiel » ! Il y a un peu de Bourguiba dans cette psychologie complexe... p class="p4" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p5" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"R.K.