Le Temps-Agences- Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est arrivé hier à Beyrouth pour une nouvelle et délicate médiation dans la crise politique au lendemain d'un attentat meurtrier antiaméricain. Des mesures de sécurité draconiennes ont été mises en place sur les principaux axes routiers de la capitale où des barrages de l'armée et des Forces de la sécurité intérieure (FSI) ont été érigés filtrant la circulation et créant d'énormes embouteillages. L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, a visé avant-hier un véhicule tout-terrain de l'ambassade des Etats-Unis faisant trois morts civils et 26 blessés, au nord de Beyrouth. Aucun Américain ne figure parmi les tués. Selon les FSI, la bombe de près de 20 kg de TNT était placée dans une voiture volée. Des enquêteurs libanais et de l'ambassade américaine se sont rendus sur les lieux de l'explosion quadrillés par les forces de sécurité. L'ambassade a affirmé dans un communiqué avoir renforcé la sécurité autour de ses locaux et limité les mouvements de son personnel. Les intérêts américains ont été visés durant la guerre civile au Liban (1975-1990) par plusieurs attentats. L'attaque anti-américaine la plus sanglante s'est produite en 1983, avec un attentat suicide au camion piégé dans un bâtiment abritant une caserne des Marines à Beyrouth (241 soldats tués). L'attentat d'avant-hier, condamné internationalement et localement par la majorité et l'opposition, a coïncidé avec une tournée du président américain George W. Bush au Moyen-Orient qui s'est achevée hier en Egypte. Il est aussi survenu à la veille d'une nouvelle médiation de M. Moussa, qui est arrivé hier à Beyrouth où il devait s'entretenir avec des responsables de la majorité anti-syrienne appuyée par l'Occident et de l'opposition soutenue par Damas et Téhéran. M. Moussa tente de faire accepter par les deux camps rivaux un plan adopté début janvier par la Ligue arabe et prévoyant l'élection "immédiate" du chef de l'armée, Michel Sleimane, à la présidence de la République, vacante depuis le 24 novembre, puis la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le responsable arabe avait achevé le 12 janvier une première mission à Beyrouth sans avoir pu rapprocher les points de vue entre majorité et opposition sur le partage du pouvoir alors que la crise politique perdure depuis plus d'un. Depuis l'Egypte, M. Bush a réclamé la tenue "immédiate" et sans condition de la présidentielle, de même que la fin des "ingérences" de la Syrie et de l'Iran. Téhéran et Damas ont dit soutenir le plan arabe. Autre signe de blocage: la Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, a appelé l'Arabie saoudite et l'Egypte à user de leur influence auprès de leurs "amis au sein de la majorité au Liban", après un appel saoudien à Damas lui demandant de convaincre l'opposition d'accepter le plan arabe. L'élection par le Parlement d'un nouveau président a été reportée à douze reprises depuis septembre. Elle est désormais fixée au 21 janvier. Mais selon des sources de l'opposition, citées par le quotidien libéral à grand tirage An-Nahar, il n'y "aura pas de présidentielle avant le sommet arabe de mars 2008, prévu à Damas ou même avant les législatives (libanaises) au printemps 2009". Outre le blocage politique, plusieurs attentats ont visé des personnalités anti-syriennes et militaires au Liban depuis 2004, le dernier en date étant l'assassinat de François El-Hajj, chef des opérations à l'armée, en décembre 2007. La Syrie, qui dément, a été montrée du doigt par la majorité. Un attentat a aussi visé le 8 janvier la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) faisant deux blessés, alors qu'un groupe réputé proche d'Al-Qaïda a menacé récemment l'armée libanaise.