Le Temps-Agences - Le président du Sénat italien Franco Marini , à qui le chef de l'Etat a confié la tâche de sortir de la crise en lui demandant de trouver un accord sur une réforme électorale, a entamé hier ses consultations avec les forces politiques, qu'il pourrait boucler dès lundi, mais sa mission s'annonce d'ores et déjà impossible. La tâche confiée à Marini, 74 ans, semble vouée à l'échec tant un accord entre les forces politiques sur une réforme de la loi électorale paraît impossible, l'ensemble des partis de droite réclamant des élections anticipées. Peu après son annonce avant-hier soir, la solution du chef de l'Etat a été rejetée par le leader de la droite italienne, Silvio Berlusconi, qui a affirmé que la loi électorale "n'avait pas besoin d'être changée" et a de nouveau réclamé des élections. La Ligue du Nord (droite populiste) a de son côté annoncé qu'elle ne participerait pas aux consultations du président du Sénat. C'est une "mission impossible" écrivait hier l'éditorialiste politique du Corriere della Sera, Massimo Franco, pour qui le choix de M. Napolitano est "une tentative désespérée pour ne pas se résigner" à des élections anticipées souhaitées par une opposition qui "n'avait pas été aussi unie depuis des années". Les sondages donnent la droite largement gagnante en cas d'élections. "Marini va tenter d'escalader la montagne. En réalité il n'y a pas d'espoir raisonnable pour qu'il réussisse car la campagne électorale est déjà en marche", estime le quotidien économique Il Sole-24 ore. Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi, juge de son côté la solution adoptée par le chef de l'Etat "à la limite de la Constitution": "confier à une personnalité la tâche de réformer une loi, en sachant qu'un éventuel gouvernement n'aura pas de majorité, frôle la violation juridique". Même pour le quotidien de gauche, La Repubblica, le chef de l'Etat poursuit "une chimère lointaine". Derrière cette "chimère", se cacherait, selon les commentateurs, une stratégie plus réaliste consistant à tourner définitivement la page du gouvernement de Romano Prodi, qui a démissionné le 24 janvier après un vote de défiance au Sénat. "La question est de savoir qui va gérer les élections", écrit Il Sole-24 Ore. Dans le cas d'un échec de Marini "il est essentiel aux yeux" du Parti démocrate (PD, le nouveau grand parti de centre-gauche), "qu'un nouveau chef de gouvernement, même privé de la confiance du Parlement, se substitue à l'image de Romano Prodi". Une perspective qui déplaît à la droite, dont les leaders, MM. Berlusconi et Gianfranco Fini, le chef d'Alliance nationale (AN, droite conservatrice) préfèrent garder Prodi, toujours chargé d'expédier les affaires courantes, "pour pouvoir taper à volonté sur un +punching ball+", selon le fondateur de La Repubblica Eugenio Scalfari. "Les coups de poings de la droite sur Prodi frapperaient inévitablement le Parti démocrate, qui ne pourrait plus se présenter comme un parti nouveau", poursuit-il. L'actuelle loi électorale, qui permet à des petits partis ayant obtenu moins de 2% des voix d'entrer au Parlement, favorise l'instabilité. Elle a handicapé le gouvernement Prodi, soumis à la pression constante et au chantage des 13 partis de sa coalition de centre-gauche durant ses 20 mois de pouvoir.