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L'histoire d'une renaissance
Reportage : Privatisation
Publié dans Le Temps le 05 - 02 - 2008

Exemple de métamorphose, la CMR Tunisie (ex-SOCOMENA) renaît de ses cendres. C'est la seule entreprise dans le domaine en Afrique. Un patrimoine que la Tunisie a failli perdre...
Dans le contexte de la politique macroéconomique instaurée par le gouvernement, la privatisation devient un fondement de base pour la garantie d'une croissance entretenue.
Un engagement sérieux a été dès lors entrepris pour concrétiser le désengagement de l'Etat et mettre au point une stratégie d'orientation vers l'investissement privé. L'entreprise tunisienne est le noyau même de la dynamique de l'économie, sa réussite est un élément substantiel pour le développement du pays.
Le système public « imprègne » aux entreprises la culture du moindre effort. Les objectifs sont carrément confus et l'imprécision dans la motivation des employés au sein des établissements publics est recurrente. L'absence de perspectives d'évolution, et de compétition font que la structure des entreprises étatiques, deviennent redondantes et obsolètes. Or, face à un environnement concurrentiel rude et face à la mondialisation, une économie avançant à pas de tortue ça reste à la traîne. Depuis que la privatisation a été introduite, les performances économiques n'ont cessé d'être enregistrées. Mais il ne s'agit pas uniquement du plan matériel. Le social a lui aussi été imprégné par la la révolution « privatisation » ; finie la culture paternaliste, place aux esprits compétitifs et ambitieux, la priorité est aux objectifs de croissance.
À l'instar d'un nombre d'entreprises publiques privatisées, la CMR Tunisie représente un modèle de privatisation réussie. Malgré un long parcours épineux, des négociations de longue haleine, des investissements colossaux, la société a fini par se mettre sur les rails. L'état des lieux ainsi que les indicateurs de performance illustrent incontestablement les bienfaits de la privatisation. Des retombées presque à l'immédiat du processus de désengagement de l'Etat, ce qui conforte bien le choix d'une telle décision. Si bien que la décision de privatiser la SOCOMENA était plus une obligation qu'un choix. En effet, les circonstances de l'époque ont conduit la société considérée comme un patrimoine, à la ruine et elle a frôlé le dépôt de bilan. L'Etat était incapable d'assurer la bonne gouvernance de l'établissement, le personnel était démuni de toute motivation et même la quantité de travail régressait de plus en plus.
La CMR Tunisie est la seule dans le domaine spécialisé dans la réparation navale, appelée anciennement « l'Arsenal de Sidi Abdallah » puis SOCOMENA ; elle exerçait une activité principalement destinée aux navires de guerre. D'ailleurs, avec la fin de la guerre, l'activité a pratiquement pris fin.
Aujourd'hui, la société marque une renaissance, et marque le début d'une carrière sur le long terme. La voie d'une réussite confirmée est tracée, il ne reste plus qu'à la suivre.
Quel est donc le secret d'une expérience de privatisation réussie?

Historique et rebondissement
La CMR Tunisie a concrètement vu le jour en l'année 2004. Auparavant, elle était un chantier de réparation navale et arsenal construit sous le protectorat français à Menzel Bourguiba. Après l'indépendance, l'Etat s'est chargé de la gestion de ce qui est devenu une compagnie tunisienne : la SOCOMENA. Ce fut en 1963.
Etant donné que la compagnie est la plus importante dans tout le sud de la Méditerranée et l'unique dans toute l'Afrique, la gérer n'était nullement aisé.
Il fallait avoir les moyens financiers et humains appropriés afin d'assurer la continuité de l'activité. Recréer un portefeuille clients et rentabiliser les frais de production représentaient un lourd et complexe labeur. Sachant que les autorités de tutelle avaient des difficultés énormes dans la reconstruction de l'économie du pays ; il était loin d'être évident d'assumer la responsabilité d'un tel projet. A partir de là, la situation a connu un sérieux dérapage dont les conséquences devenaient redoutables. Face à une situation s'étant sérieusement dégradée avec des répercussions presque irréversibles, il a fallut réagir.
Dans les années 90, et plus précisément en 1994, la politique de privatisation a été lancée visant la mise à niveau des entreprises publiques. Prenant conscience de l'impact que peut avoir une telle politique sur la croissance de l'économie tunisienne, l'Etat a concouru à l'ouverture des capitaux des plus grandes sociétés aux investisseurs privés. L'heure était pour les plus grands changements des structures entrepreuneriales. Néanmoins, certains des établissements étatiques étaient difficiles à privatiser. La SOCOMENA faisait partie de ceux-là. Les conditions sont posées pour sa privatisation étaient presque draconiennes et le prix de cession relativement élevé, ce qui a découragé plus d'un investisseur. Mais, en dehors du prix, les dégâts étaient faramineux, ce qui exigeait toute une stratégie dépassant la simple question de fonds.
Devant cette situation désastreuse, les investisseurs privés ne pouvaient donner suite à l'appel d'offres. L'Etat décida alors de procéder différemment à la cession. Il est alors demandé aux intéressés de présenter leurs offres selon leurs moyens, afin de sélectionner celles qui lui conviennent le mieux.
L'année 2004 marque enfin la cession de la SOCOMENA, elle devient CMR Tunisie. Le montant d'investissement a atteint les 8 MD.
On procèdera aussitôt aux changements structurels à haut niveau ; Le Président Directeur Général de la CMR Tunisie, Claude Miguet justifie de 35 ans d'expérience dans le domaine trace les priorités: l'état des lieux doit d'abord être conforme aux normes d'hygiène et d'organisation. Ensuite, des changements sont indispensables au niveau des ressources humaines, concernant l'effectif et les horaires de travail. Enfin, la mise au point d'une stratégie de prospection de clients, surtout étrangers.
Une bonne centaine de personnes a dès lors été engagée pour le nettoyage et l'entretien des bâtiments et des équipements de la société. Le temps ayant fait des ravages, la plupart des usines et des outillages devenait inutilisables. Les conditions favorables à l'accueil de la clientèle devaient impérativement exister.
Une fois le dispositif de production mis en marche, il fallait faire le tour des compétences de la main-d'œuvre disponible. Avec une quantité de travail très réduite voire inexistante, l'exercice des multiples tâches devient plutôt lent. Et lenteur signifie manque de compétitivité, laquelle représente pourtant le critère primordial qui permet à la société d'attirer des clients.
Ainsi, des cycles de formation accélérée s'imposèrent-ils pour remettre les employés dans le bain de l'activité, et les pousser à devenir compétitifs.
Il faut noter, que par rapport aux concurrents de l'Europe, la CMR Tunisie est déjà compétitive sur le plan du coût de la main-d'œuvre. Une heure de travail en Tunisie, est payée la moitié de celle en Europe.
Un élément principal a joué en faveur des employés, l'expérience qu'ils ont pu acquérir sur de bonnes bases malgré le manque de travail. S'agissant d'une activité délicate et pointue, il était hors de question de prendre des risques avec de jeunes employés qui, probablement auraient mis un temps énorme dans l'apprentissage.
Par ailleurs, la CMR Tunisie, dans l'intérêt d'une gestion optimale, s'est retrouvée dans l'obligation de se séparer d'un nombre d'employés. En effet, sur les quatre catégories d'employé réunies, l'effectif est passé de 800 en 1994 à 277 en 2004. Egalement le régime de la séance unique a été abandonné, désormais, les usines passent au régime de temps plein (24h/24) avec des équipes rotatives.
Toutes ces réformes ont été apportées en deux ans et demi, ce qui représente un temps record, vu la situation initiale de la société. Le démarrage de l'activité a été assez rapide. Et, coup de chance, la CMR Tunisie a pu joindre à son portefeuille deux gros clients. Il s'agissait de deux bateaux, de passage en Tunisie, qui étaient tombés en panne. C'est de là, que la société a pu d'ores et déjà se faire une réputation en béton, les services ayant été fournis dans les délais voulus et d'une qualité égale à celle des concurrents étrangers. L'avantage était surtout le prix des services nettement inférieurs. A ce titre, la société a même reçu une lettre de témoignage de la part de ses clients, louant les mérites de ses services.

Services
La CMR Tunisie offre une large gamme de services aux clients nationaux et internationaux. Il s'agit de :
* La mise en cale sèche.
* Le nettoyage de la coque à l'eau à haute pression.
* Le sablage (SA 1-sa 2-sa 2,5).
* Peinture « airless ».
* Réparation d'arbres porte hélices et gouvernail.
* Réparations de tôle et de tuyauterie.
* Réparations de chaudière.
* Révision de moteur diesel (moteurs principaux et auxiliaires).
* Usinage de diverses pièces de rechange jusqu'à 18 mètres de long.
* Travaux électriques comprenant le rebobinage et la réparation de moteur.
* Entretien d'équipement de navigation.
* Travaux de menuiserie et confection de meubles.
* Remise en état de canot de sauvetage.
Les cales sèches où les bateaux sont réparés sont au nombre de quatre avec des dimensions différentes. La plus grande d'entre elles mesure 254.43m de longueur, 43.62m de largeur et a une capacité de 130.000m3.
Plusieurs avantages sont offerts par les cales sèches de la CMR Tunisie, il y a d'abord, le climat idéal pour la réparation à sec puisque il ne pleut pas en permanence. Ensuite, l'emplacement géo-stratégique de Menzel Bourguiba qui est aussi idéal avec une surface abondante. Et enfin, une importante infrastructure et une gamme diversifiée d'équipements, outre la main-d'œuvre qualifiée et peu coûteuse.
Par ailleurs, et pour assurer une prestation de services à la hauteur des clients et fidèle à la réputation de la société, cette dernière a mis en place des moyens logistiques importants.
Pour les services généraux et les ateliers couverts :
* Les six ateliers qui dépassent les 30.000 mètres carrés, sont dotés de tout l'équipement nécessaire pour réaliser tous les types de travaux.
* Systèmes d'alimentation, équipement de levage et de sécurité, conduites d'eau et d'air, etc.
* Consommables (toutes sortes de joints, garnitures, vis) pour assemblage, usinage, etc....
En ce qui concerne les équipements mobiles de manutention et de levage, la CMR Tunisie dispose de 3 grues mobiles, chacune avec des capacités diverses : 42 tonnes, 50 tonnes et 45 tonnes. De même, il y a les dispositifs pneumatiques de levage pour manipuler jusqu'à 20 tonnes. D'autres équipements sont aussi disponibles tels que deux récolteuses avec une capacité allant jusqu'à 24m, une fourche d'élévation (3m, 5 tonnes) et un BOBCAT (500 kg).
Pour mener à bien les travaux de réparation des pièces des bateaux, la société a installé des ateliers, adaptés selon les tailles des pièces. Parallèlement, un département de contrôle qualité est mis en place pour la garantie de la conformité aux normes exigées.
La CMR Tunisie n'a pas omit de remettre à neuf deux hôtels, situés tout près du chantier naval et à seulement 5 minutes du centre ville. Ces hôtels sont à la disposition des clients et des techniciens venus de l'étranger pour des réparations très pointues et particulières.


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