Voyez ce que fait Thiriez ! * Le projet Footpro 2012 Une des mannes financières les plus importantes pour les clubs de football n'est autre que la part qui leur revient des droits de diffusion du championnat. En Tunisie, c'est la Fédération Tunisienne de Football qui est le propriétaire exclusif de ces droits, alors qu'ailleurs, ces droits sont du ressort des ligues. Bref, là n'est pas le problème, et s'il y a un sujet de comparaison, il se situerait bien ailleurs. Au-delà même de la valeur de ces droits tant la différence est faramineuse. Il s'agit plutôt d'une noble cause qui se situerait au niveau des objectifs visés et des services à rendre au ballon rond, quel que soit le montant engrangé. Pour en revenir donc à la France où le sujet est d'une actualité brûlante, non seulement parce que la cession des droits TV vient d'être accordée mercredi dernier, mais surtout en raison de l'opiniâtreté et du dévouement d'un homme, Frédéric Thiriez, le président de la LFP, qui a lutté seul contre tous, et notamment les ogres de l'audiovisuel français avec à leur tête Canal+, le diffuseur historique de la Ligue 1. Sans oublier la pression exercée par des présidents de clubs aux ambitions affirmées (certains exigeaient 900 millions), prêts à sauter sur l'occasion pour ternir son bilan à la tête de la LFP dans l'espoir de le fragiliser en vue des élections à la présidence de fin d'année. Dans un contexte marqué par une concurrence très relative, beaucoup d'analystes avaient prédit une baisse de droits. Or, il n'en a rien été. Thiriez s'est surtout imposé comme un patron solide, capable d'imposer ses décisions. devant l'obstination de la chaîne cryptée à diminuer son engagement financier. 668 millions : c'est finalement le montant pour lequel les droits télés du championnat de France de foot ont été attribués à Canal + et Orange. Soit huit millions de plus par an que le précédent contrat, somme considérée à l'époque par beaucoup comme un véritable pactole. Mais moins que les 750 millions qu'espéraient certains clubs. Plus que ce que Canal disait vouloir débourser. ... Et Sastre avant lui Alors tout le monde gagnant ? Non ! Seul Thiriez est gagnant pour la simple raison que ce monsieur a fait preuve d'ingéniosité pour contourner un contexte défavorable dans le but de servir le football français. Monté au front pour porter, souvent seul, son projet, Thiriez n'a jamais baissé les bras en dépit des coups essuyés. L'idée est simple : au lieu de mettre sur la table le championnat de France tout cru, Thiriez a fractionné l'offre en douze lots pour faire jouer davantage de concurrence. Pari gagné. Avec cette manne financière, le président de la LFP pourra mettre en pratique ses projets de développement du football français. Notamment son plan de développement du football professionnel, le Footpro 2012 (voir encadré), dont les objectifs sont très ambitieux. Voilà ce qui s'appelle servir le football. Pourrions-nous espérer un jour voir des hommes s'impliquer autant pour le football tunisien ? Ce n'est pas demain la veille quand on voit notamment un bureau fédéral se faire élire sur des critères qui n'ont aucun sens, dont celui de l'article 35, qui avait suscité bien des polémiques à l'occasion des dernières élections à la FTF. En effet, plutôt que d'avoir servi le football pendant au moins quatre ans (que veut-on dire par servir ?) pour être éligible, il aurait mieux valu exiger en préambule à toute candidature la présentation d'un projet pour le développement du sport-roi en Tunisie. Et que le meilleur gagne ! Nous serions alors sûr de compter sur de vrais professionnels du domaine, et surtout des gens qui veulent vraiment servir le football national plutôt qu'à des responsables dont les ambitions se limitent à la réussite de leur seul mandat propre, très souvent liée aux seules performances du onze national, sans tenir compte de l'héritage à léguer à leurs successeurs. Sans aller jusqu'à espérer voir des Frédéric Thiriez à la tête de la FTF, contentons nous d'abord par des Fernand Sastre, président de la Fédération 1rançaise de Football de 1972 à 1984. Ce dernier hérite d'un sport en pleine morosité, avec une équipe de France sans palmarès et sans âme. Il décide alors d'opérer une mise à niveau total du football hexagonal, en impliquant tous les maîtres d'œuvre en la matière. Il ne quittera ses fonctions qu'après avoir fait de la France championne d'Europe, en 1984, et laissera à ses successeurs un héritage qui conduira à la conquête du titre mondial de 1998. Aujourd'hui, tout un chacun connaît les vertus de l'école française en matière de formation de joueurs et de cadres, avec les résultats que l'on sait. Chiraz OUNAIS
Le projet Footpro 2012 Le projet du président de la LFP, Frédéric Thiriez, est un ambitieux plan de développement du football professionnel français avec à la fois des objectifs sportifs et économiques à atteindre en 2012. Parmi les objectifs sportifs : que le championnat de France soit 3e à l'indice UEFA en 2012 (actuellement 4e), « une victoire en Ligue des champions » (d'ici 2012), « deux clubs régulièrement qualifiés pour les quarts de finale d'une Coupe d'Europe, 50% de joueurs de L1 internationaux (1/3 actuellement) ». Frédéric Thiriez souhaite également que l'équipe de France comprenne 2/3 de joueurs issus du championnat de France. Parmi les objectifs économiques, Thiriez espère que le chiffre d'affaires sera de 1,5 milliard d'euros contre 700 millions en 2007, que les budgets des clubs soient tous à l'équilibre hors transferts, que les recettes des matches représentent un quart des ressources des clubs et que 15 stades de L1 ou L2 aient été rénovés entre 2007 et 2012. Le président veut également inclure dans son projet l'obtention par la France de l'organisation de l'Euro 2016.