* Même le gardien Baâboura en est convaincu « Nous avons réussi à mener au score vers la fin de la première mi-temps, mais nous n'avons pas pu conserver notre avantage », a dit Ahmed Labiadh à la fin du match, avant d'ajouter que le résultat de parité contre une bonne formation sfaxienne n'est pas aussi décevant qu'on le croit. Le coach s'est voulu rassurant pour la suite du parcours, si ce n'était cette dernière remarque, certainement spontanée, qu'il a prononcée lorsqu'il nous a quittés : « Dommage ! », murmura-t-il. En effet, les Zarzissiens n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes pour avoir gâché une belle opportunité de remporter un match à leur portée et, du même coup, recoller au peloton des autres équipes relégables.
L'expérience à la rescousse Les « noir et blanc » sfaxiens furent loin de leur prestation fournie face aux Etoilés quatre jours auparavant pour le compte de la super coupe d'Afrique. Ils sont venus à Zarzis avec la peur au ventre, appréhendant une équipe locale qui s'était très bien comportée à El Menzah acculant les sang et or tunisois dans leurs derniers retranchements durant une bonne seconde mi-temps une dizaine de jours auparavant. Il était clair que toutes les parties prenantes du club de la capitale du Sud craignaient ce déplacement. Dans les vestiaires, juste avant le début de la rencontre, Decastel multipliait les recommandations à ses joueurs, collectivement puis individuellement, faisant des schémas pour l'un sur un bout de papier de fortune, traçant à l'index sur le mur ou sur la porte la parcelle de terrain qu'occupera un autre. Le staff technique sfaxien est venu à Zarzis avec la nette intention de limiter les dégâts, son équipe n'étant pas encore revenue à son niveau de la saison passée. Decastel, cafouillant, à la recherche de la meilleure formule, le meilleur dispositif, opta pour une nouvelle tactique à laquelle ses protégés n'étaient pas préparés : le 3-5-2 avec trois arrières axiaux : Mechergui, Ben Amor et Hamdi Rouid dont la principale tâche fut de ne jamais quitter leur base, Hlali et Bouzidi, sur les flancs devant épauler leurs équipiers du milieu. Cette tactique ne fut guère payante, car il n'est nullement aisé, particulièrement pour nos équipes, de changer subitement un dispositif auquel les joueurs étaient habitués. Les Sfaxiens ne montrèrent au cours de toute la première manche quasiment rien d'intéressant. Pire encore, ils encaissèrent un but signé par le jeune Maâraf d'un joli tir des vingt mètres. Decastel, en entraîneur expérimenté et confirmé, se ravisa entre les deux halfs et retourna à son système de jeu habituel : le 4-4-2, avec l'incorporation de Bnouni à la place de l'arrière axial Mechergui. Du coup, mais sans trop convaincre, ils prirent les choses en main et réussirent à égaliser. Objectif atteint « Un point précieux que celui que nous venons de gagner, avoue Decastel à la fin des débats, un point qui nous aidera à travailler dans la sérénité et à préparer l'avenir ».
Inexpérience fatale Dans le camp d'en face, ce fut la déception totale au sein de toutes les parties prenantes. A qui incombe la faute ? Sans détour au staff technique, et à sa tête Ahmed Labiadh. Ce jeune technicien, auquel manque encore l'expérience, a cru qu'il suffisait de cibler des rencontres à gagner à domicile pour que ses vœux soient exaucés et que ses poulains se replacent au classement. Or, cette partie face aux Sfaxiens démontra que la théorie est une chose, mais que la pratique en était une autre. Car on ne peut jouer l'offensive avec un dispositif et des joueurs plutôt tournés, depuis son avènement il y a trois mois environ, vers la prudence, le plus souvent excessive. Avant-hier encore, l'équipe a joué avec un seul avant de pointe, Tidiane Koné, Seddik Jebnoun, par ailleurs en méforme, ayant évolué derrière, comme il le fait en déplacement. Si on ajoute à cela le mauvais choix de Mejdi Khouildi comme arrière gauche, Maâraf comme pivot, et non derrière ses attaquants, en plus d'une lecture du jeu qui laisse à désirer de la part du coach, l'on comprend facilement l'échec des Zarzissiens. Le jeune gardien Baâboura, déçu en fin de partie, reprocha à son patron sa décision de ne pas avoir renforcé la ligne arrière par un autre défenseur ou milieu après le but inscrit : « Je crois que notre entraîneur a cherché à tuer le match par un autre but, or un autre arrière nous aurait aidé à préserver notre avantage ». Baâboura a peut-être raison, surtout qu'en seconde mi-temps, les joueurs zarzissiens, sans exception, parurent essoufflés, les jambes lourdes ne répondant plus à la moindre accélération, par manque flagrant de préparation physique. Labiadh l'a peut-être compris car, en dépit des protestations de son adjoint Bourguiba, il ne voulut guère se hasarder à lancer plus d'attaquants dans le bain en seconde mi-temps, se contentant par contre de procéder à des changements poste par poste. Après ce match, les supporters sont rentrés déçus, ne croyant plus au maintien. « Je pense, dit un ex-joueur, que les dés sont jetés et que nous rétrograderons en Ligue 2. Mais la faute n'incombe pas à l'entraîneur, c'est plutôt à ceux qui l'avaient recruté. L'histoire ne leur pardonnera jamais d'avoir été à l'origine de cette descente aux enfers qui risque de se prolonger ». Un avis un peu sévère qu'on peut excuser, car émis sous l'effet de la colère. L'ESZ n'est pas encore condamnée, tout demeure possible. Les supporters doivent croire en la chance des leurs. Ne dit-on pas que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ?