* rubrique traite des faits réels dans des affaires anciennes et classées. Par respect pour les personnes , il n'est guère mention de non , ni de dates précises des faits , et encore moins de lieus précis. Intelligent, le regard vivace et le geste leste, il avait l'allure d'un bel athlète et les femmes n'échappaient pas aux mailles du tissu de charme masculin par lequel il s'était distingué depuis sa tendre jeunesse. Déjà à son âge, la trentaine bien sonnée, M. avait bourlingué surtout à travers les pays du Moyen-Orient et des Emirats, pour ramasser un pécule afin d'assurer son avenir. Aussi en rentrant au pays, avait-il choisi de prendre la gérance d'un café en plein centre d'une banlieue, bien animé et fort achalandé. Maintenant qu'il avait une situation bien assise, il fallait penser aux choses sérieuses, c'est à dire faire le bon choix d'une compagne à laquelle il se liera pour le meilleur et pour le pire. M. connaissait déjà une jeune fille qui habitait la même ville que lui. Elle était même sa voisine de palier. Leurs relations s'étaient développées depuis le jour où il l'aperçut à la fenêtre de sa maison alors qu'il sortait pour vider la poubelle. Ce jour-là il y eut comme un déclic, qu'il ne pouvait pas expliquer mais tout ce qu'il savait c'est qu'il perdit son self-contrôle au point de mettre des ordures plein la chaussée, en ratant sans s'en rendre compte le container destiné à les recevoir. La jeune fille l'avait bien remarqué et elle avait souri, et pour la première fois, M. rougissait. Il était bien remué. C'était bien le coup de foudre ! Depuis, leurs relations avaient encore et encore évolué. Bref, il avait demandé sa main et les fiançailles étaient fixées à l'été soit dans quelque trois mois. Entre-temps, il avait fait la connaissance d'une dame mariée, qui venait de temps à autre lui présenter quelques bijoux, qu'elle voulait écouler quand elle avait besoin d'argent. M. acheta la première fois quelques pièces pour sa fiancée. Puis, il lui trouva des amis à lui, bijoutiers, qui étaient fort intéressés. La dame appréciait ces services, ainsi que le jeune homme qui les lui rendait, et qu'elle trouvait fort sympathique. Au fil des jours, la bonne-dame s'attacha à lui au point d'en devenir amoureuse folle. C'était ce qu'elle lui déclara Un jour qu'elle l'avait rencontré, comme à l'accoutumée, dans un café au bord de la mer, diamétralement opposé au sien. M. avait également beaucoup de sympathie pour elle. Mais il essayait d'agir le plus discrètement possible, de peur d'être soupçonné par sa fiancée qui lui faisait confiance, ainsi que la famille de celle-ci, dont notamment le père qui avait beaucoup de respect pour lui. Il y avait également le mari de la dame, dont il craignait une réaction malencontreuse au cas où il soupçonnerait quelque chose de la part de son épouse. Cependant et malgré toutes les précautions qu'il avait pu prendre, cette liaison avec la jeune dame, avait fini par se savoir par plusieurs personnes qui connaissaient fort le couple. M. changea brusquement de comportement avec sa fiancée. Il devint très nerveux, et il prétextait qu'il passait par une période difficile. La jeune dame qui demanda le divorce à son mari, exigea de M. la rupture avec sa fiancée. M. devenant de plus en plus perplexe et taciturne perdit de son affabilité et de sa vivacité. Il était devenu comme une loque humaine. Le jour du drame une nouvelle vint bouleverser tous les clients du café, ainsi que tous les amis : M. était déchiqueté par un train de marchandise. Qu'était-il arrivé au juste ? avait-il été poussé, ou était -il moralement incité à le faire ? Oui mais par qui ? Toutes ces questions étaient posées par les enquêteurs qui ne purent que confirmer l'identité de la victime, qui avait ses papiers d'identité, et après reconnaissance du cadavre par les siens. La fiancée interrogée, soupçonnait la jeune dame qui s'avérait avoir également maille à partir avec les stupéfiants et qui y aurait initié M.également. M. s'était-il drogué, lors de l'accident ? Ce n'était pas évident, puisqu'il n'en était pas fait mention par le médecin légiste. Cependant les enquêteurs avaient découvert des produits à base de stupéfiants parmi les affaires de la victime, lors d'une perquisition à son domicile. Il y allait de même en ce qui concernait la jeune dame, au domicile de laquelle la police avait découvert les mêmes produits, lors d'une perquisition ordonnée par le parquet. Celle-ci bien qu'avouant son amour pour M. ne put être tenue pour responsable de la mort de celui-ci, qui déclarait-elle passait par des moments difficiles sur le plan psychologique. Toutefois elle n'écarta pas la possibilité d'un coup monté par son mari qui eut vent de leur liaison, et qui se serait vengé à sa manière, en tendant un traquenard à la victime. Mais le mari avait un alibi en béton. Le jour du drame il était bien loin de l'endroit où l'accident s'était produit. Les enquêteurs avaient donc conclu à un accident banal, pour clore le dossier, en poursuivant toutefois la jeune dame pour détention de stupéfiants. La thèse d'un assassinat ayant été écartée, une question demeurait cependant sans réponse :s'agisssait-il d'un accident malencontreux, ou d'un suicide ? Dans le premier cas, qu'était venu faire M. à cet endroit où il n'avait pas l'habitude de se trouver, et au moment précis où un train de marchandise passait à toute allure, la nuit de surcroît ? Dans la deuxième éventualité, l'on se demande si M. avait des raisons pour se suicider, et s'il y avait été poussé, tout seul ? Mais depuis le temps, bien de l'eau a coulé sous les ponts, et de M. il ne restait que le souvenir d'un jeune homme jovial et bon vivant.