Mobilisation des grands jours pour un match pas comme les autres. Organisation d'une perfection rarement, pour ne pas dire jamais, observée par le passé, ambiance haute en couleurs concoctée par un merveilleux public. Un décor de rêve pour un match tant attendu et sujet de passion et d'intérêt des férus du ballon rond de tous bords. C'est qu'il s'agit tout d'abord d'un Espérance-Etoile, duel qui ne manque jamais de piment et, en plus, celui d'hier avait cette saveur particulière de constituer une étape importante sur le chemin du sacre. Et si le résultat final n'avait pas une incidence décisive pour les ambitions étoilées, vu la menace du Club Africain, il représentait un vrai test de vérité pour l'Espérance afin d'évaluer ses ambitions réelles dans cette version 2007/2008 du championnat national. Voilà donc en résumé le décor annonciateur d'un match qui promet monts et merveilles. Il n'y a donc plus qu'à en espérer autant des acteurs sur le terrain. Et à la lecture des formations alignées par les deux équipes, l'offensive ne pouvait qu'être à l'honneur. En effet, d'un côté comme de l'autre on a opté pour une attaque à trois. Aboucharouane en soutien de Bienvenu et Michael côté espérantiste et Gilson pour épauler le duo Ben Dhifallah-Chermiti chez les Etoilés. Deux système de jeu identiques en 4-3-1-2 à la française qui, d'entrée de jeu, allait se révéler plus favorable à l'équipe à laquelle il sied le mieux, l'Etoile du Sahel. En effet, autant les poulains de Bertrand Marchand , disciplinaire de pareille école, étaient parfaitement dans leur élément autant ceux de Youssef Zouaoui semblaient errer en terre inconnue. Et il n'aura pas fallu plus de sept minutes pour en avoir confirmation avec ce diable de Chermiti qui ne s'est pas fait prier pour convertir son premier ballon en but. Rien d'alarmant pour les locaux diriez-vous? Prendre un but dès l'entame du match n'a en effet rien d'un scénario catastrophique, même si l'adversaire n'est pas moins que la meilleure équipe africaine et champion continental en titre. Là où cela devient risqué, c'est quand l'équipe menée au score ne fait preuve d'aucune réaction d'orgueil ni d'esprit de révolte, d'autant plus qu'elle porte un nom aussi prestigieux que celui de son vis-à-vis. Comme si de rien n'était, les joueurs sang et or se faisaient "manger" sur le terrain par des Sahéliens pleins d'allégresse sur le terrain . Et tout cela sous l'œil indifférent d'un Zouaoui qui, décidément, ne semble toujours pas avoir compris qu'en dehors d'un système classique en 4-4-2, l'Espérance ne peut jamais s'exprimer. A croire qu'il en est à sa première à la tête de cette équipe. Bref, au bout d'une demi-heure, le score allait même s'aggraver en faveur des Etoilés par Ben Dhifallah qui profite d'un jeu en triangle non prémédité avec Gilson et Chermiti pour se déjouer d'une défense sang et or fidèle à sa réputation de "lente et lourde". Le score a beau évoluer, la physionomie du match ne s'en ressentit guère avec des joueurs espérantistes aussi apathiques et leur entraîneur toujours imperturbable. En face, les Etoilés n'en demandaient pas autant pour laisser libre cours à leur art sous les "Olé" de leurs supporters.
L'extravagance de Zouaoui Un scénario sur lequel allait s'achever la première période. Et à l'entame de la seconde moitié du match, ce n'est pas cette occasion d'Aboucharouane , après deux minutes de jeu, qui échoue sur un Mathlouthi vigilant , qui va changer la donne. Certes, l'Espérance est revenue des vestiaires avec de meilleures intentions en vue de rattraper son retard avec un Sabeur Khelifa n'arrivant même pas à contrôler un ballon et surtout l'absence d'un joueur capable de créer les espaces et d'offrir des ballons exploitables aux attaquants, il ne fallait pas s'attendre à un quelconque bouleversement. C'est alors que Zouaoui décida de sortir un nouveau truc de son chapeau. A moins de 25 minutes de la fin, il lança dans le bain deux attaquants à la fois en remplacement de deux milieux de terrain. Et avec un Chaâbani plus souvent aux avants postes dans le dernier quart d'heure, on assista à une formule bizarroïde , sans queue ni tête, dont la seule finalité était de balancer de longs ballons à l'aveuglette dans l'espoir de battre dans le jeu aérien une défense imperturbable au sol. En somme, beaucoup plus un aveu d'impuissance qu'une stratégie logique et réfléchie. D'autant plus qu'en face, rien ne semblait perturber la machine si bien réglée et conduite de main de maître par un Bertrand Marchand, nettement plus lucide que son alter ego. Une gestion parfaite du match, une grande lucidité tactique et des changements en parfaite symbiose avec la physionomie du match. Le Français a dominé son homologue tunisien de la tête et des épaules. Tout comme ses joueurs qui ont confirmé leur supériorité sur leurs vis-à-vis sang et or qui ont encore bien du chemin à parcourir pour se mettre au diapason des équipes qui ont l'étoffe des champions. A l'instar justement de l'Etoile, son adversaire du jour, qui lui a administré une belle leçon de football. Une leçon sur l'aire de jeu, mais aussi une leçon des coulisses. Une équipe qui se permet le luxe de se passer des services de joueurs cadres de la dimension des Chikhaoui, Ghezel et Ben Frej en moins d'un an et qui continue de développer le même volume de jeu, ne doit pas ces vertus au hasard. Il y a derrière tout cela une vraie stratégie à long terme, une politique de recrutement étudiée, et un travail sérieux et planifié au niveau de la formation. En face, c'est tout le contraire qui sévit. Des joueurs payés au prix fort qui sont ensuite bradés en faveur d'autres équipes ou qui moisissent dans la catégorie espoirs. Des recrutements loin d'être ciblés et centrés quasi-exclusivement sur la course à l'attaquant de pointe, alors que l'équipe souffre depuis pas moins de trois ans de l'absence d'un stratège au milieu du terrain. Et quand un joueur comme Berrabat, avec toute la modestie de ses moyens, commençait à apporter une solution cette tare, le nouveau staff technique n'a éprouvé aucune gêne à le placer sur la liste des indésirables, au bon souvenir d'une relation passée pas très amicale sous les mêmes couleurs espérantistes. Et les exemples ne manquent pas, il serait inutile et vain de tout les répertorier. En attendant de trouver la bonne formule, l'Espérance d'aujourd'hui ne peut que se contenter d'assister sur son confortable fauteuil de troisième de la classe au duel des prétendants entre l'Etoile du Sahel et le Club Africain. Chiraz OUNAIS
Synopsis • Stade olympique d'El Menzah • Pelouse en bon état • Temps frais • Arbitre : Matteo Trefoloni (Italie), assisté de Nicolas Nicoletti et Renato Gafrani. • EST-ESS : 0-2 (m.t : 0-2) • Buts : Chermiti (7'), Ben Dhifallah (31') (ESS) • Cartons jaunes : EST : Badra (12'), Mahjoubi (30'), Khelifa (58') ESS : Ben Dhifallah (28'), Traoui (60'), Narry (64'). • Carton rouge : Bekri (90'+3) (EST) • Formation des équipes : EST : Kasraoui, W.Yeken, Bekri, Badra, Chaâbani, Mahjoubi, Zaïem, Khelifa, Aboucharouane, Michael, Bienvenu. ESS : Mathlouthi, Berradhia, Mériah, Felhi, Jmel, Narry, Traoui, Ogumbiyi, Chermiti, Ben Dhifallah. • Remplacements : - EST : Aboucharouane par Derbali (66'), Khelifa par Yousfi (66') - ESS : Gilson par Nefkha (70'), Ogumbiyi par Abdennour (89'), Chermiti par Benasr (90'+2).