*Actuellement sur 60 mille cas d'urgences, 20% seulement nécessitent une hospitalisation *Pour l'heure, il n'y a que 400 médecins urgentistes La prise en charge, dans les temps, de personnes qui ont besoin de soins urgents (accidentés, brûlés, blessés, personnes traumatisées...) sera, incessamment, améliorée par l'ouverture, prochaine, du Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. Ce centre, équipé d'un héliport pour évacuer les malades, aura pour composantes plusieurs services : orthopédie, chirurgie, neurochirurgie et chirurgie plastique. Mieux, ce centre tant attendu sera renforcé par la création, en banlieue nord de Tunis, d'un deuxième centre d'urgence. Selon des statistiques officielles, 60 000 personnes se présentent annuellement à chacune des urgences des hôpitaux régionaux et universitaires. Néanmoins, seuls 20% d'entre-eux nécessitent un avis spécialisé ou une hospitalisation.
Il n'est pas inutile de rappeler que les hospitalisations provenant des urgences sont non programmées, donc génératrices de nombreux problèmes d'organisation. Conscients de l'enjeu de pallier ces lacunes et de développer la médecine d'urgence, une stratégie cohérente visant à promouvoir la médecine d'urgence dans tout le pays a été mise au point. Objectifs: mettre le secteur au diapason des performances accomplies par les autres branches de la médecine et l'habiliter à faire face à la grande affluence que connaissent ses différentes structures. Une demande en augmentation Plus que toutes les autres branches de la médecine, les urgences, pour bien fonctionner, exigent justement une organisation optimale et une action coordonnée des différents intervenants pour faire face à une demande en augmentation. "C'est une discipline transversale appelée à composer avec toute sorte d'imprévu", explique Dr. Naoufel Somrani, sous directeur à l'unité de la médecine d'urgence relevant du ministère de la Santé publique. Il faut dire que depuis 1998, le secteur a connu une véritable métamorphose, à la faveur de la stratégie nationale de développement des urgences (SNDU). Le défi de l'accueil Aujourd'hui, les urgences sont confrontées aux défis de l'organisation et de la gestion du nombre croissant des patients. Des solutions ont été identifiées aux fins d'améliorer la qualité des prestations fournies dans les structures d'urgences, d'endiguer le stress des patients et de réduire la durée d'attente dans les services d'urgence. « L'objectif est d'accorder la priorité aux cas graves et délicats, de conférer aux urgences davantage de convivialité et d'atténuer l'angoisse d'attente », souligne Dr. Somrani. Il s'agit désormais, de faire le tri des patients, particulièrement, dans les hôpitaux sous forte pression, les Centres hopsitalo-Universitaires (CHU) en l'occurrence, et ce, en raison de leur polyvalence. Le tri des patients est inspiré de l'expertise du Canada en la matière. Il consiste à donner la priorité aux cas jugés graves et imminents par le personnel suite à une première auscultation. Quant à l'accueil dans les services d'urgence, des sessions de formation continue sont organisées par le ministère pour initier le personnel à une approche psychologique favorisant un accueil acceptable dans ces lieux. L'accent est mis sur l'importance de la première prise en charge, à savoir, le déchoquage de personnes paniquées et décidées à passer avant les autres. L'urgence dans les régions n'est pas occultée La stratégie prévoit par ailleurs de tisser un véritable réseau de soins d'urgence à l'échelle de chaque région, à travers la généralisation des services d'aides médicales urgentes (SAMU), tout en renforçant la coordination entre les différents intervenants. Dans cette optique, les efforts sont axés sur la modernisation du réseau de télécommunication reliant les différents partenaires du réseau des soins d'urgence "pour faciliter le déclenchement des équipes intervenantes et leur permettre de localiser les appels où qu'ils soient, notamment dans les nouveaux quartiers", a relevé Dr Somrani. Le pays compte actuellement 5 Services d'aide médicale urgente (SAMU) et 13 services mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR). Un nouveau SAMU est prévu en 2008 à Jendouba pour couvrir toute la région du Nord-Ouest et deux nouveaux SMUR sont programmés à Nabeul et à Bizerte. En 2007, les 5 SAMU fonctionnels ont reçu 30 000 appels dont 18000 ont nécessité des interventions et 12 000 ont requis un simple conseil médical. Seuls 2,5% du total des appels n'ont pas été satisfaits ou couverts par le SAMU, a indiqué M. Somrani. Enjeu de la phase préhospitalière Pour Dr Somrani, il n'y a pas que les urgences pour secourir les blessés et soigner les patients. Pour lui, plusieurs vies humaines peuvent être sauvées, durant la phase pré-hospitalière, à la faveur des premiers secours. Il a souligné, dans ce contexte, toute l'utilité des programmes de formation en premiers secours organisés régulièrement par le Croissant rouge et les services de protection civile. L'attention accordée à la formation des médecins urgentistes est aussi primordiale. Les études élaborées en 1998 par le département de la santé publique ont montré un déficit important en personnel urgentiste. Aujourd'hui, en moins de 10 ans, les services d'urgence emploient 400 médecins urgentistes, 38 résidants, 4 agrégés (MCA : maîtres de conférence agrégés) et deux assistants. Chaque année, 10 nouveaux postes sont ouverts par le ministère. Il y a lieu de signaler que la médecine d'urgence, regroupe les techniques médicales et chirurgicales pour faire face à une urgence vitale, c'est-à-dire, à une situation où le patient, faute de soins, risque de décéder ou d'avoir des séquelles irréversibles dans un délai court. La notion de « délai court » est très relative. Dans les cas aigus, on ne dispose que de quelques minutes pour réagir. De manière générale, on considère comme relevant de l'urgence un risque de 6 à 12 heures. Au Canada et aux Etats-Unis d'Amérique, on utilise plutôt une définition centrée sur le besoin du patient : ainsi, est définie comme une urgence toute perception d'une situation urgente par une personne, pouvant risquer de mettre en danger sa survie ou la survie d'un tiers.