Le Temps-Agences - Douze ans après Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a eu les honneurs de la cour britannique au premier jour de sa visite d'Etat au Royaume-Uni, marqué par une réception en grande pompe au château de Windsor. Accueilli à l'aéroport d'Heathrow par le prince Charles et son épouse Camilla, le couple présidentiel a gagné en limousine le village de Windsor où l'attendaient la reine Elizabeth II et le duc d'Edimbourg, sous un timide soleil et un dais blanc ceint des couleurs françaises et orné du blason royal. Les Horse Guards, scrupuleusement alignés le long de Datchet Road, complétaient la scène. La presse britannique s'inquiétait de l'aptitude de Nicolas Sarkozy, surnommé "the king of bling" ("le roi du clinquant"), à honorer l'étiquette de la cour et s'interrogeait sur la science de la révérence de son épouse Carla. L'examen de passage a été réussi. Le président français, l'air détendu, a serré la main d'une souveraine souriante, vêtue d'un manteau en tweed beige rosé et d'un chapeau noir rehaussé de plumes. Pareille à une héroïne hitchcockienne, Carla Sarkozy a fait son apparition dans un strict manteau de laine gris Dior ceinturé de noir, ballerines et gants noir, coiffée d'un bibi rétro anthracite. Légère génuflexion devant la reine, poignée de mains avec le prince Philip. Des témoins évoquaient le souvenir de Jackie Kennedy. Après avoir écouté les hymnes nationaux, la reine et le président français ont pris place dans un carrosse tiré par six chevaux, l'"Australian state coach", suivis par le duc d'Edimbourg et Carla Sarkozy dans le "Scottish state coach", puis le prince Charles et son épouse Camilla dans un landau avec le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. La ministre de la Justice, Rachida Dati, vêtue d'un trench marron et d'un chapeau cloche chocolat, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, qui avait pris quelque liberté avec l'étiquette, ont également pris part à la procession vers le château de Windsor avec la député du Calvados Nicole Ameline, présidente du groupe d'amitié France-Grande-Bretagne. Onze ministres accompagnent Nicolas Sarkozy qui présidera aujourd'hui aux côtés du Premier ministre britannique Gordon Brown un sommet bilatéral dans le cadre inhabituel de l'Emirates stadium, le stade du club d'Arsenal, où cinq joueurs français évoluent en Premier League sous la houlette d'Arsène Wenger. Le cortège, suivi de la cavalerie royale, a parcouru la rue principale du village coquet de Windsor, pavoisé aux couleurs britanniques et françaises, avec à l'arrière-plan la masse de briques sombres du château de Windsor, construit à l'origine par Guillaume le Conquérant. Nicolas Sarkozy et les autres membres de la délégation française ont salué de la main les badauds venus assister à l'événement, dans un dispositif de sécurité discret, avant de pénétrer dans la cour du château, où la reine aime à passer Pâques. "J'aime les Anglais", a souligné le président français dans une interview diffusée hier sur la BBC, avant son arrivée. Les Britanniques lui rendent la pareille à leur manière, tout autant intéressés par l'homme politique qu'amusés par le personnage "people" et son épouse Carla, qui fit le miel des gazettes pour avoir fréquenté les chanteurs britanniques Mick Jagger et Eric Clapton. L'ancien mannequin fait de nouveau couler beaucoup d'encre et de remarques fielleuses hier. La presse populaire publie en pages intérieures un nu de Carla Bruni, réalisé en 1993 par le photographe Michel Comte, qui sera mis aux enchères en avril chez Christie's à New York. Le Sun publie la photo dans son intégralité tandis que le Daily Mail, notamment, masque le buste de la "First lady" d'un bandeau aux couleurs du drapeau français avec la mention "censored" - "censuré".