Elément-clé de l'attraction des investissements directs étrangers, le climat des affaires a rang de priorité absolue non seulement dans les pays ou les flux des IDE battent régulièrement des records, mais aussi et surtout dans ceux qui comme la Tunisie en ont fait la pierre angulaire de leur architecture de croissance et de création d'emplois. Et ce n'est nullement fortuit si Tunis a été choisi pour abriter, avant-hier et aujourd'hui, « L'Atelier sur la stratégie de compétitivité et du développement du secteur privé » organisé conjointement par le Programme MENA-OCDE pour l'investissement et le Ministère du Développement et de la Coopération Internationale. Au principal, il s'agit de « mobiliser l'investissement privé étranger et national en tant que moteur de croissance et de l'emploi dans toute la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ( MENA) concomitamment avec la mise en œuvre de l'initiative sur la bonne gouvernance à laquelle la Tunisie participe également d'une manière active ». De fait, cette démarche est viscéralement rattachée à la vocation du Programme MENA-OCDE associant l'Organisation de Coopération et de Développement en Europe et la Banque Mondiale , visant à contribuer à l'analyse et à la promotion des réformes relatives au climat de l'investissement dans la région, par le biais des programmes nationaux de réforme de l'investissement et d'un dialogue régional autour de cinq thèmes majeurs. Ceux-ci sont les politiques d'investissement, la promotion de l'investissement, les politiques fiscales , la gouvernance des entreprises et le développement du secteur financier. Ces priorités ou considérées comme telles se déclinent dans un « nouveau concept » développé par l'OCDE et la Banque Mondiale, et sont présentées à l'occasion de la Conférence interministérielle 2007 du Programme MENA-OCDE pour l'investissement : « la Stratégie de compétitivité et du développement du secteur privé ». Cette stratégie comporte six volets qui sont autant d'engagements que le réseau d'entreprises MENA-OCDE a pris et qui consistent à : Renforcer la voix du secteur privé dans la région, ainsi que l'image de région en tant que destination pour l'investissement; engager un dialogue efficace avec les gouvernements de la région, les pays donateurs ainsi que les institutions financières internationales sur les politiques par rapport aux priorités communes et au rythme des réformes nécessaires; soutenir les efforts des gouvernements pour renforcer leur capacité à mettre en oeuvre une politique destinée à créer un environnement plus favorable à l'investissement; encourager les relations de nature commerciale et les partenariats parmi les membres des réseaux d'entreprises du secteur privé de la région MENA et de l'OCDE et promouvoir un comportement responsable dans les affaires qui soutienne un développement économique durable dans la région.
Le secteur privé, moteur de croissance Ceci a tout d'une feuille de route que la Tunisie n'a de cesse de mettre en œuvre au point que le secteur privé y joue un rôle primordial en assurant aujourd'hui 72% du PIB, 85% des exportations et plus de 90% des créations d'emplois. Ce bilan chiffré dressé par M. Abdelhamid Triki, secrétaire d'Etat chargé de la coopération internationale et de l'investissement extérieur en ouvrant cet atelier, en dit long sur la pertinence des ressorts qui déterminent l'approche arrêtée par la Tunisie pour tenir son rang en tant que site attractif pour les IDE offrant un environnement de qualité pour les affaires. L'orateur en a cité l'approfondissement des réformes pour consolider les fondements d'une économie libérale, ouverte sur l'extérieur en s'appuyant sur les règles de l'efficience, de la rentabilité et de la transparence, de valoriser davantage les ressources humaines, de moderniser l'infrastructure, de simplifier les procédures administratives et créer ainsi les conditions requises pour améliorer la compétitivité des entreprises et attirer un flux croissant d'IDE dans un contexte international de plus en plus contraignant. Au demeurant, la nouvelle économie mondiale dicte à la Tunisie d'être « la plus compétitive et la plus rapide , en apprentissage continu et networking ». Ce mode de faire s'appuie sur une profession de foi qui engage la Tunisie à continuer sur la voie des réformes économiques. D'autant plus que l'instauration effective de la Zone de libre-échange avec l'Union européenne place la Tunisie devant l'obligation non seulement de relever le défi de la compétitivité et de mieux exploiter le potentiel de croissance mais aussi de maîtriser les effets de l'ouverture sur l'extérieur et de saisir les opportunités d'investissement pour faire face aux préoccupations actuelles, notamment en matière d'emploi. Pour autant, cette approche ne semble pas avoir tous les contours d'une stratégie totalement irréprochable. D'autant moins qu'il lui est fait grief de ne pas mettre sur le même pied d'égalité les entreprises off shore et on shore en termes de fiscalité et d'incitation à l'investissement. C'est l'avis de M. Andrianus Koetsenruijter,Chef de la Délégation de la Commission européenne à Tunis qui insiste pour que soient créées de bonnes conditions en faveur des investisseurs locaux , et qui réclame une amélioration du climat des affaires pour les entreprises on shore. L'autre reproche fait à cette stratégie a la forme d'une proposition qui renvoie elle-même à une carence : l'inexistence en Tunisie d'un « Business forum public-privé », comme c'est le cas au Vietnam qui, grâce à semblable structure, a réalisé des performances si pertinentes que ce pays est devenu une référence mondiale en termes d'IDE , selon M Ndiame Diop, Chef du bureau de liaison de la Banque mondiale à Tunis.