Rendre l'uniforme obligatoire dans nos écoles semble une idée bizarre pour les jeunes d'aujourd'hui, enfants de la mode et de la publicité, habitués au port de vêtements dernier cri ; l'idée peut également choquer ceux qui, au nom de la liberté et des droits de l'enfant, ne veulent pas imposer un modèle vestimentaire aux jeunes. Pourtant, l'uniforme ne doit en aucune manière remplacer le tablier bleu actuel (entendre mini-tablier !) que portent nos filles (les garçons en sont exemptés, allez chercher pourquoi !), mais c'est une tenue scolaire unifiée, pas forcément de même couleur, mais de coupe identique et de même style, que les élèves (filles et garçons) doivent porter à l'école. Il ne s'agit pas non plus d'un retour à la blouse grise des années soixante ! Aujourd'hui, plusieurs pays dans le monde, soucieux d'établir l'égalité et une certaine conformité parmi les élèves, instituent le port d'un uniforme scolaire en vue de lutter contre les tenues indécentes et souvent provocatrices de la plupart des élèves surtout du cycle secondaire (collège et lycées), et par là même atténuer ou supprimer les différences sociales (du moins à l'école) entre les élèves dont certains, richement habillés, sont enclins à s'exhiber devant leurs camarades, ce qui peut entraîner chez les uns un sentiment de frustration et une sorte de jalousie et d'animosité chez les autres. Il est évident que l'école est faite pour étudier, pas pour faire étalage de son niveau social. Certains pays ont déjà pris l'initiative en instaurant dans les écoles le port d'uniformes. La Suisse, le Québec, l'Allemagne sont les pays où l'uniforme revient à la mode aussi bien dans les écoles publiques que privées. Même en France, le retour de l'uniforme est également revenu sur le terrain. Quelques députés ont déposé en décembre 2006 une proposition de loi visant à instaurer le port obligatoire d'une tenue commune à l'école ; ce projet est apparemment en cours d'étude, alors que dans ses départements et territoires d'outre-mer, le port de l'uniforme est généralisé sans que cela ne semble entraver la liberté de chacun.
Une énorme pression liée aux vêtements et à la mode D'ailleurs dans la plupart des pays arabes, l'uniforme est en vigueur depuis de longues dates et la question ne se pose pas : l'uniforme fait bien partie du quotidien scolaire. La majorité des parents dans ces pays, approuvent l'idée, car il est dans leur intérêt de diminuer les dépenses excessives effectuées pour l'achat des vêtements de marques à leurs enfants dont les caprices vestimentaires ne cessent jamais, surtout quand les conditions matérielles de la famille sont modestes ! Mais il est vrai que dans nos écoles, il existe une énorme pression liée aux vêtements et à la mode. Cette pression peut-être épouvantable, notamment pour ceux dont les parents manquent de moyens et qui peuvent se trouver exclus...Et puis la plupart de nos enfants n'ont pas encore la notion d'argent. L'essentiel pour eux est d'être bien habillé, d'être à la mode comme tout le monde. Ils ont peut-être raison puisqu'ils voient les adultes (leurs propres parents) se concurrencer avec les voisins du quartier ou les collègues au travail pour l'acquisition du dernier modèle de voiture ou d'un téléviseur LCD ou même d'un home cinéma pour être toujours à la page. Tel père tel fils ! Les enfants ont donc le même raisonnement. Imaginez qu'il y a des parents chez nous qui payent 150 dinars et peut-être plus pour l'achat d'une paire de chaussures de sport à leur fils, sans parler des jeans importés et des autres accessoires, pour la simple raison que le fils des voisins en possède déjà ! Que de fois un élève vient signaler à l'administration le vol de son survêtement signé ou ses chaussures de marque au vestiaire ! C'est que les actes de vol d'objets de valeur (vêtements signés ou autres) sont très fréquents dans nos écoles ! L'idée du port obligatoire d'un uniforme se confirme donc dans plusieurs pays du fait que beaucoup d'élèves (filles ou garçons) dépassent souvent les limites en faisant fi aux instructions administratives et au règlement interne de l'établissement en se permettant de s'habiller d'une manière vulgaire et de mauvais goût, en portant parfois des habits dénotant un air fantaisiste ou je-m'en-foutiste.
La parade continue Dans nos collèges et lycées, il arrive parfois que des élèves viennent en classe avec des T-shirt achetés à la fripe portant au dos des inscriptions malsaines ou des images incommodes, ou ils circulent à l'école, à leur aise, affublés de nippes multicolores sans se soucier des réactions des autres. Malgré la bonne volonté de l'administration pour mettre fin à ces abus vestimentaires, la parade continue. Les profs ne cessent de se lamenter des élèves irrespectueux et provocateurs (garçons et filles) qui gardent leur casquette en classe, alors qu'en principe, ils doivent l'enlever une fois entrés en cours. On se demande s'il y a encore des parents qui veillent à ce que leurs enfants, garçons ou filles, portent des tenues décentes lorsqu'ils vont à l'école ! Au cas où l'élève serait exposé aux sanctions pour avoir porté des vêtements non-conformes aux normes scolaires, les parents sont informés de la méconduite de leur enfant et certains sont offusqués par le fait qu'on leur rappelle leurs responsabilités envers l'apparence vestimentaire de leurs enfants, prétextant qu'ils vivent une adolescence tourmentée et qu'on devrait être souple avec eux. D'autres parents se montrent néanmoins plus compréhensifs et coopératifs et pensent sérieusement qu'avec l'uniforme scolaire un certain respect sera instauré dans nos écoles, ce qui manque beaucoup à l'heure actuelle. Pourtant, pas mal de parents sont malheureusement outrepassés par leurs enfants et sont traités par ces derniers de réactionnaires et de rétrogrades chaque fois qu'ils veulent leur imposer un modèle. Donc si un jour, le ministère de l'Education et de la Formation entreprend l'instauration d'un uniforme scolaire, cela va-t-il vraiment remettre un peu d'ordre dans nos écoles ? Il faut vivre l'expérience pour pouvoir juger. De toute façon, une chose est sûre, dans les pays où les élèves sont soumis à une même tenue scolaire, le respect mutuel, la primauté de « l'être » sur « le paraître », l'égalité et la solidarité sont considérés comme des valeurs universelles ajoutées à celles que l'école est supposée inculquer aux enfants.