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« Notre parti n'a guère d'allégeance pour le pouvoir ; nous entretenons une dialectique positive pour l'intérêt national » Vie politique - Pouvoir et opposition : Interview de Mondher Thabet, Secrétaire Général du Parti Social Libéral « PSL » :
« L'accélération des réformes administratives dans un sens libéral par la réduction du pouvoir de la bureaucratie de l'Etat, apportera la réponse à l'épineuse question du clientélisme politique » Notre invité aujourd'hui est Mondher Thabet, Secrétaire Général du Part Social Libéral « PSL » qui a été reçu jeudi dernier par le Président de la République. Il nous parle ici de l'objet de cette entrevue, des échéances électorales de 2009, de l'amendement constitutionnel qui concerne la candidature à l'élection présidentielle, du programme du PSL, des dissidents, des relations avec les autres partis, des réformes politiques et d'autres questions. Interview
Le Temps : Quel a été l'objet de l'entrevue que le Président de la République vous a accordé ? M. Mondher Thabet : L'entrevue s'insère dans le cadre de l'attention accordée par le Président de la République à l'évolution de la scène politique sous ses différents aspects. Le Président Ben Ali a réitéré à cette occasion sa détermination à faire évoluer le système politique dans le sens de la démocratie et de la justice, il a renouvelé son souci d'intégrer les différentes couches sociales et les différentes régions à la stratégie du développement durable qui a été instauré par les plans de développement. L'occasion m'a permis de découvrir une fois de plus une personne tolérante ouverte aux idées et aux propositions, réaliste quant à son approche des problèmes, cet esprit clairvoyant est réellement une garantie pour aborder la prochaine phase historique en toute confiance. Le concept d'une Tunisie moderne solidaire et pluraliste résume la pensée présidentielle et son intention pour le futur, la politique dans sa logique est une gestion des intérêts contradictoires, le juste milieu qui en assure l'adéquation est aujourd'hui réalisé par le Président Ben Ali. Cette rencontre m'a permis de transmettre au Président de la République l'appui des militants et des cadres du Parti Social Libéral à sa candidature aux élections présidentielles en 2009.
. Que pensez vous du projet d'amendement de l'article 40 de la constitution concernant l'élection présidentielle de 2009 ? - L'amendement est en soi une dérogation à la règle constitutionnelle, sa promulgation est la preuve tangible que nous sommes encore dans une phase transitoire, la visée intentionnelle qui a présidé à l'élaboration de cette disposition n'est autre que la protection du processus démocratique d'une rechute possible. Le PSL considère que cette mesure qui élargit le champ de la participation aux élections présidentielles aux partis non représentés à la Chambre des députés et dont les premiers responsables jouissent de la représentativité minimale est adéquate à l'évolution actuelle des rapports de force politique. Nous pensons sincèrement qu'au-delà des considérations personnelles des uns et des autres, la mesure en question offre aux partis politiques la pleine liberté pour arrêter leur stratégie électorale afin d'enrayer les blocages hérités de la culture monolithique. Le PSL en tant que parti libéral se définit comme étant un parti centriste apportant un appui critique à une politique officielle appliquant certains chapitres du programme libéral sur le plan économique et social. Notre appui à la candidature du Président Ben Ali n'a rien d'un opportunisme.
. Mais l'amendement de l'article 40 vous accorde la possibilité de vous porter vous-même en tant que secrétaire général du PSL candidat aux élections présidentielles de 2009 ? - Effectivement le PSL sous sa nouvelle direction n'a jamais raisonné en terme sectaire et nous avons toujours clamé que les partis n'étaient pas au-dessus de l'intérêt national. Je me suis exprimé moi-même à propos de cette question pour apporter mon appui à la candidature du Président Ben Ali aux élections de 2009. L'importance des acquis réalisés et la garantie d'un avenir démocratique prospère pour tous les Tunisiens plaident pour ce choix. Quand un président proclame qu'un parti au pouvoir ne pourrait réellement être fort que par l'existence d'une opposition forte et représentative, il se place par cela au niveau d'un bâtisseur qui transcende les considérations sectaires.
. Quels sont les préparatifs du PSL pour les législatives 2009 ? - L'action du PSL dans sa totalité depuis Juillet 2006 vise les élections législatives de 2009, la nouvelle dynamique sur le plan organisationnel, médiatique et programmatique a pour finalité la préparation du parti à ce rendez-vous. Nous pensons que la dynamique parlementaire est fondamentale pour l'instauration d'un débat fructueux entre les différentes composantes de la scène nationale. Pour que la démocratie soit productive il faut qu'elle porte sur une dialectique entre des approches programmatiques plurielles. En conclusion nous oeuvrons actuellement pour l'élaboration du programme électorale et la restructuration des fédérations régionales tout en développant un système communicationnel adéquat.
. Les dissidents vont-ils réintégrer le parti à cette occasion. Y a-t-ils des contacts avec eux dans ce sens ? - Il n'y a point de dissidence au sein de la famille libérale, il y a juste quelques personnes qui se sont de leur propre chef absenter lors des travaux du dernier congrès nous avons insisté pour qu'ils soient réintégrés d'ailleurs les plus sincères parmi eux sont aujourd'hui à la tête de plusieurs fédérations nous avons toujours appelé les cadres et les militants du PSL à tourner la page des luttes fratricides futiles et marginales afin de constituer un parti moderne et rayonnant, la nouvelle direction entretient un dialogue permanent avec les cadres et militants du parti loin du modèle bureaucratique et despotique que certains cherchent à reproduire. Le PSL reste toujours ouvert aux initiatives de ses militants.
. Il y a certains parmi eux qui mettent en doute votre légitimité que pensez-vous ? - La direction élue au congrès de Juillet 2006 incarne tout ce qu'il y a de plus légitime au PSL, cette direction a été la synthèse des bonnes volontés qui se sont exprimées et prononcées pendant les différentes phases de son évolution. Personnellement je symbolise le mouvement réformiste que j'ai initié avec certains de mes camarades depuis un certain Juillet 1991. Au cours du mois de Septembre prochain le PSL fêtera ses vingt ans d'existence qui malgré les épreuves. Il a atteint aujourd'hui la phase de la matûrité, Les observateurs objectifs le reconnaissent.
. Quels sont les objectifs futurs du PSL ? - Le PSL vise pour cette nouvelle phase l'encadrement des différentes composantes de la sensibilité libérale dans le pays, nous accordons une priorité aux intellectuels et aux jeunes ainsi qu'à la femme libérale, au niveau des relations extérieures au cours du prochain congrès de l'internationale libérale à Belfast le PSL obtiendra probablement le siège d'un membre permanent jouissant des pleins droits au sein de cette organisation. Au cours de l'automne prochain le PSL en collaboration avec l'organisation Friedrich Newmann arbitra la prochaine réunion du réseau libéral arabe. Nous étudions également les détails techniques pour une édition hebdomadaire de la revue « ALOUFOK ».
. Il y a des partis de l'opposition qui vous classent d'allié du pouvoir qu'en dites vous ? - C'est sur le fond idéologique et pragmatique que les partis devraient être classés, les jugements arbitraires qui émanent de certains esprits perturbés ne sont qu'une absurdité, notre positionnement s'exécute en fonction du référentiel libéral, à ce titre, nous encourageons l'évolution du pouvoir dans le sens d'une application des préceptes de la pensée libérale cependant le PSL avance un programme à deux paliers. Le premier est transitoire le deuxième est stratégique et c'est dans ce sens que nous empruntons la voix d'un réalisme qui résume la formule de l'appui critique que nous entretenons avec le pouvoir. Je tiens à remarquer que le PSL maintient l'idée d'une nécessaire reformulation des bases du consensus national comme étant un impératif pour la préparation de la nouvelle phase et défend dans ce sens l'idée d'un débat national ouvert pour une meilleure garantie de l'évolution du système politique, il n'y a donc point d'allégeance mais seulement une dialectique positive pour la sauvegarde de l'intérêt national. Si le pouvoir rétablissait l'Etatisme le PSL changerait certainement son comportement.
. « La rencontre démocratique » est -elle en état d'hibernation. Si oui, qu'elles en sont les causes ? - Les relations entre les partis de la rencontre démocratique sont bonnes, les consultations se font d'une façon quasi quotidienne cette rencontre qui s'était constitué sur la base d'un rapprochement des points de vue autour de la thématique politique a réalisé ses objectifs et nous pensons que le réalisme et la modération constituent le trait commun entre ces formations politiques qui avec le MDS représentent un facteur de stabilité du paysage politique actuel.
. Quelles sont les réformes à entreprendre pour promouvoir la vie politique dans le pays ? - Nous considérons que le développement de l'information est condition sine qua non pour l'établissement d'une nouvelle dynamique politique dans le pays, réforme devrait prendre la forme d'une ouverture de l'espace médiatique à l'investissement privé ainsi que la garantie du professionnalisme dans l'exercice de l'information. Le débat contradictoire seul pourra nous indiquer le degré de l'évolution de notre système communicationnel. La garantie de la transparence des élections est l'une des conditions qui pourraient remobiliser des jeunes et les réintégrer à la vie publique. Le PSL pense que l'accélération des réformes administratives dans le sens libéral c'est-à-dire par la réduction du pouvoir de la bureaucratie de l'Etat apportera la réponse à l'épineuse question du clientélisme politique qui a généré le déséquilibre entre les partis politiques, les dernières mesures entreprises par le Président de la République réconforte les partis de l'opposition qui doivent se montrer plus dynamiques dans le traitement du dossier politique sans jamais manquer au devoir de la jonction entre une nécessaire évolution du système et l'impératif de la garantie de la paix civile et de la stabilité. Toute réflexion en cette matière devrait se garder des transpositions mécaniques que certains peuvent connaître. Interview réalisée par Néjib SASSI