*Il y en a qui pratiquent l'auto-stop depuis trente ans. On leur donnerait même volontiers le bon Dieu sans confession .....Et pourtant c'est du « parasitisme » professionnel A un endroit où l'on devrait s'y attendre le moins, la route rapide reliant Tunis et la Goulette , notamment à proximité immédiate de la gare des trains de la ligne TGM (Tunis, Goulette, la Marsa) en direction de la Marsa, et au niveau de son croisement avec la voie ferrée, à la lisière de la Goulette , en direction de Tunis, connaît, ces dernières années, la prolifération d'une curieuse foule d'auto-stoppeurs de tous les âges et des différentes catégories, propre à susciter des inquiétudes, à la longue, selon certains, par son exploitation éhontée de la générosité humaine, avec tout le sans-gêne et l'effronterie caractéristiques des conduites antisociales. Interrogés, des honnêtes citoyens blâment le phénomène, sans équivoque. En effet, nous ont-ils dit, avoir des trains aussi réguliers et confortables que les trains de la ligne TGM et de surcroît disponibles, en tout moment, du jour comme de nuit, à des tarifs à la portée de toutes les bourses, aucune personne, à moins d'être malintentionnée ou de manquer d'éducation, ne s'aviserait à s'abaisser à de telles pratiques et faire l'auto-stop pour un trajet d'une dizaine de kilomètres. Un chauffeur de taxi qui a requis l'anonymat, a été le plus critique. « Que voulez-vous, nous a-t-il dit. Il y a des gens qui ne s'embarrassent, nullement, de vivre en parasites. Ils méritent, amplement, le qualificatif de « pierre de plancher » (blata) qui leur est attribué, dans le langage tunisien courant, tellement ils n'ont pas la moindre honte qu'on leur marche dessus et qu'on les foule à pied. Personnellement, je préfère faire des kilomètres à pied plutôt que d'avoir à affronter les refus répétés et les remarques méprisantes.'' Or, d'après notre interlocuteur, des auto-stoppeurs plus « provocateurs » ont pullulé, de l'autre côte de la Capitale, à proximité de la gare routière de Tunis-Sud, à Bab Alioua, au commencement de l'Autoroute vers Sousse, poussant la vilenie jusqu'à brandir des pancartes portant, en gros caractère, le nom des villes auxquelles ils désirent se rendre, comme Sousse, Msaken, Monastir, Sfax.
Parasitisme inquiétant Répandu, en Europe et en Amérique, durant la deuxième moitié du 20ème siècle, notamment dans les années 1960 et 1970, à la faveur du triomphe de l'esprit bohémien chez la jeunesse occidentale de l'époque, l'auto-stop est, aujourd'hui, accepté pour les cas de panne et d'absence totale de moyens de transport proches. Mais, à en juger par les témoignages recueillis, nos auto-stoppeurs tunisois ont choisi d'ériger la pratique en métier. Un conducteur habitué à emprunter, fréquemment, la route Tunis-La Goulette, nous a, ainsi, raconté avoir pris, un jour, à la lisière de la Goulette, une femme d'un certain âge, d'un aspect assez convenable, portant le traditionnel voile blanc tunisien, qui faisait de l'auto-stop pour aller à Tunis, croyant rendre un service à une femme en difficulté occasionnelle. Mais, grand fut son étonnement quand il aperçut, par la suite, à plusieurs reprises, la même femme faire de l'auto-stop, au même endroit pour se rendre à Tunis et à proximité de la gare du TGM, de Tunis, pour revenir à la Goulette. Elle était une professionnelle de l'auto-stop, et pire, elle s'adonnait à la mendicité professionnelle, ce qui explique ses navettes. En été, en particulier, lorsque les villes de la banlieue nord de Tunis, desservies par les Trains de la ligne TGM sont envahis par les flots quotidiens d'estivants, la masse des auto-stoppeurs augmentent des deux côtés, mais surtout aux abords de la gare du TGM de Tunis, et devient un obstacle sérieux pour la circulation automobile, car beaucoup d'entre eux n'hésitent pas à occuper le milieu de la chaussée pour forcer les voitures à stopper et à les prendre. A vrai dire, ce forcing n'est pas particulier à la saison estivale, selon un cadre de l'administration, fréquentant assidûment cette route, et qui a vu, un jour, sa voiture, littéralement prise d'assaut par ces énergumènes d'auto-stoppeurs, en commettant l'imprudence de s'arrêter près de leur rassemblement, à la gare du TGM de Tunis, pour une affaire.
Chauffeurs des taxis Cependant, à croire le chauffeur de taxi cité, le danger est que l'auto-stop n'est pas un phénomène isolé et illustre une recrudescence du parasitisme à tous les niveaux. Il a signalé le cas de sa voisine qui a été amenée à chasser son propre frère de sa maison et à lui interdire de ne plus jamais y mettre les pieds par ce qu'il profitait de toutes les occasions pour venir déjeuner et dîner chez elle, alors qu'il a sa famille propre et les moyens de préserver son autonomie. Le cas de ce frère est répandu, rappelant ces célèbres pique-assiettes et parasites de la table du patrimoine arabe, comme Achâab dont les histoires sont, abondamment, rapportées par les anciens auteurs. Cependant, chose grave, beaucoup de parents commencent à se plaindre d'un renversement remarquable des tendances qui pousse leurs enfants, même grandis, à préférer rester vivre, en parasites, à leurs crochets, alors qu'autrefois, c'étaient les parents qui attendaient, impatiemment, que leurs enfants grandissent et travaillent pour subvenir, à leur tour, à leurs besoins.