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Nous comprenons la dimension sécuritaire qui préoccupe nos amis européens et nous y coopérons activement. Toutefois, ce volet ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt
Interview du Président Ben Ali, à la revue
Publié dans Le Temps le 29 - 04 - 2008

Tunis-TAP - Le Président Zine El Abidine Ben Ali a accordé une interview à la revue "Afrique-Asie" qu'elle publie dans son numéro du mois de mai 2008.
Le chef de l'Etat évoque notamment les excellentes relations tuniso-françaises, le bilan de l'économie tunisienne dans le contexte de la conjoncture internationale, les réalisations accomplies par la Tunisie durant les deux dernières décennies, ainsi que le projet de l'Union Pour la Méditerranée (UPM) et les relations euroméditerranéennes de la Tunisie.
Voici le texte intégral de cette interview :

Question: A la veille de la visite d'Etat du Président Nicolas Sarkozy en Tunisie, quel regard portez-vous sur les relations entre la Tunisie et la France ?


Réponse : Elles sont excellentes et exemplaires. Il s'agit d'une amitié, aujourd'hui soutenue et consolidée par une coopération féconde dans les domaines économique, social, politique et culturel.
La France est un partenaire privilégié de la Tunisie. Cette relation est appelée à se développer, compte tenu de la volonté politique des deux pays d'aller de l'avant pour consolider les acquis et élargir les horizons de ce partenariat, et servir au mieux les intérêts mutuels de nos deux peuples.
La communauté tunisienne en France compte aujourd'hui plus d'un demi million de personnes. C'est là l'expression de relations très lointaines dans l'histoire des sociétés tunisienne et française. Nous considérons qu'il s'agit d'un lien civilisationnel entre nos deux pays amis; lien que nous nous devons de cultiver parce qu'enrichissant dans les deux sens.
Si des hommes d'affaires, des universitaires, des créateurs, des chercheurs, des élus et autres tunisiens se distinguent aujourd'hui en France, c'est bien là une preuve de la solidité de ce lien appelé à être préservé et consolidé dans l'intérêt de nos deux pays et de l'ensemble de l'espace méditerranéen.

Question: Comment évaluez-vous la performance économique tunisienne, surtout dans le contexte international actuel?

Réponse : Si la Tunisie compte aujourd'hui parmi les pays émergents, c'est grâce à une croissance soutenue depuis plus de vingt ans, avec une moyenne annuelle d'environ 5%.
Les réformes que nous avons entreprises ont permis de multiplier par six le produit intérieur brut, durant la période 1986-2007. Le revenu moyen par habitant a, quant à lui, plus que quadruplé, au cours de la même période.
Les grands équilibres économiques sont préservés et le déficit courant et l'endettement extérieur ont été ramenés à des proportions raisonnables.
Notre économie est désormais intégrée dans l'économie mondiale, grâce à sa compétitivité accrue, classée au premier rang en Afrique et au 32è rang mondial sur 131 pays par le World Economic Forum de Davos. La part de nos exportations dans le produit national brut est passée de 34,7% en 1987 à 54,1% en 2007.
Ce sont des résultats réalisés malgré un contexte régional et international instable qui ne nous a pas toujours été favorable durant les deux dernières décennies. Parmi les facteurs qui ont aidé à les réaliser, je citerai la modernisation de l'entreprise tunisienne et des infrastructures, ainsi que le dynamisme de l'entrepreneuriat tunisien. Le succès économique de la Tunisie tient également, au haut degré de compétence de nos cadres et à la haute qualification de la main d'œuvre, fruits d'un système éducatif sans cesse plus performant, à la stabilité politique et à la bonne gouvernance reconnue à la Tunisie par les institutions internationales compétentes. C'est ce qui attire aujourd'hui les investissements directs étrangers (IDE).
Les résultats encourageants réalisés renforcent notre détermination à redoubler d'efforts pour relever les nombreux défis qui nous interpellent aujourd'hui, au premier rang desquels figurent la crise économique et financière mondiale, mais aussi la flambée du prix du pétrole et des céréales et autres produits de base.
Notre économie ouverte n'est pas à l'abri des retombées de la conjoncture internationale.Notre objectif est de maintenir une croissance élevée, offrant plus d'opportunités d'emploi aux jeunes diplômés qui accèdent chaque année au marché du travail, et de franchir de nouveaux paliers de développement pour rejoindre le cortège des nations développées.

Question: Et comment se porte l'industrie touristique tunisienne aujourd'hui?

Réponse: Il s'agit d'un secteur d'activité économique qui continue d'être important pour le pays. Il contribue pour 6% au Pib et à hauteur de 54% à la couverture du déficit de la balance commerciale.
Le secteur du tourisme mobilise plus de 5% de l'ensemble des investissements, procure plus de 340.000 emplois directs et indirects, et assure en moyenne annuelle, entre 17 et 19% des recettes en devises générées par l'exportation de biens et de services.
Nous avons veillé, tout au long des années écoulées, à créer les conditions d'une meilleure croissance de ce secteur, en modernisant l'environnement touristique, en améliorant la promotion des produits à l'extérieur et en aménageant, en amont, des zones propices au développement de l'activité touristique.
Les investissements réalisés ont totalement modifié la carte touristique du pays. Et nous comptons donner une nouvelle impulsion à ce secteur dans les années à venir, en enrichissant le produit touristique, en allant de l'avant dans la mise à niveau de l'infrastructure hôtelière et en nous ouvrant sur de nouveaux segments porteurs.Les atouts naturels, culturels et sociaux de la Tunisie sont là pour soutenir cet effort.

Question: L'Union pour la Méditerranée, initiée par M. Sarkozy, suscite de larges débats au Nord comme au Sud de la Méditerranée. Quelle est votre position à ce sujet?

Réponse : La Tunisie, a dès le départ, accueilli favorablement l'initiative du Président Sarkozy d'Union pour la Méditerranée. La dimension euro-méditerranéenne est l'une des constantes essentielles des orientations de notre pays et de ses relations avec l'extérieur.
Il s'agit d'une dimension civilisationnelle et historique qui a gagné en force et en solidité depuis la signature, en 1995, de l'Accord de partenariat entre la Tunisie et l'Union Européenne, et l'intégration de la Tunisie dans le processus d'édification de l'espace méditerranéen de coopération et de développement.
Notre soutien à l'initiative du Président Sarkozy procède de notre conviction que la méditerranée, creuset de cultures et de civilisations, doit reprendre son rôle de zone de paix et de prospérité partagée pour l'ensemble de ses peuples.
La Tunisie qui est l'un des pays fondateurs du processus de Barcelone et du dialogue (5+5), a toujours plaidé pour une concertation approfondie entre les différents partenaires en vue d'arrêter les objectifs de cette Union et les moyens de la réaliser. Nous estimons que ce projet ambitieux devrait donner une forte impulsion à une coopération méditerranéenne effective, dans une perspective de développement solidaire. Nous avons besoin de travailler ensemble dans un esprit d'étroite concertation.
Pour sa part, la Tunisie est prête à apporter sa contribution à la réalisation de ce projet commun. Notre pays entend rester au coeur des rapports entre les deux rives de la méditerranée.

Question: Vous avez tissé, avec l'Europe, des relations qui sont à un stade très avancé, comme l'atteste, par exemple, l'entrée de la Tunisie depuis janvier 2008, dans la zone de libre-échange avec l'Union européenne, une première pour un pays de la rive Sud. Qu'est-ce qui explique ce choix? Peut-on s'attendre à ce que ces rapports privilégiés jouent en faveur d'une meilleure gestion des flux migratoires, lesquels constituent une question récurrente dans les relations euro-méditerranéennes?

Réponse : La coopération entre la Tunisie et l'Europe constitue pour nous un choix stratégique. Le partenariat initié est global, dense et multiforme, couvrant les volets politique, économique, financier, social, culturel et humain.
La Tunisie qui a conclu le premier accord d'association avec l'Europe en 1995, est aussi le premier pays sud méditerranéen à entrer depuis le début de l'année 2008, dans une zone de libre échange avec l'Union Européenne.
Dans notre esprit, le partenariat avec l'Europe n'a pas seulement une vocation économique, mais implique aussi une forte dimension humaine.
Il s'agit de deux volets indissociables qui devront évoluer selon une approche équilibrée et globale. Aussi convient-il d'appréhender le phénomène migratoire en tant que facteur de développement économique et source d'enrichissement culturel.
C'est dans ce cadre que s'inscrit l'appel que nous avions lancé, dès les années 1990, pour la conclusion d'une charte euro-maghrébine de l'émigration pour prendre en compte l'ensemble des problématiques liées à cette question.
C'est dans le même état d'esprit que la Tunisie a participé activement aux conférences Euro-Africaines de Rabat et Tripoli chargées d'élaborer un plan d'action orienté vers l'organisation de la migration légale, la lutte contre la migration clandestine et le développement.
Nous comprenons la dimension sécuritaire qui préoccupe nos amis européens et nous y coopérons activement. Toutefois, ce volet ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. La Tunisie a toujours appelé à aborder le phénomène migratoire dans sa globalité, en tenant compte de ses différentes composantes, tout particulièrement économiques et sociales.
Notre position concernant l'émigration clandestine est que ce phénomène ne peut être combattu que dans le cadre d'une approche de co-développement solidaire et porteur de prospérité partagée.

Question: Que répondez vous à ceux qui insinuent qu'il y'aurait un déphasage entre le niveau avancé du développement socio-économique et le processus d'évolution politique en Tunisie?

Réponse: C'est parfois un jugement erroné que l'on porte sur la réalité politique tunisienne.
Je ne vais pas reprendre les réalisations de notre pays sur le plan économique, mais me contenter de rappeler que nous avons toujours proclamé un principe fondamental dans nos réformes, celui de l'interdépendance entre démocratie et développement.
Nous avons toujours tenu à les faire avancer de pair. Les faits sont là; ils sont patents. La Tunisie est, aujourd'hui, un pays de multipartisme, avec neuf partis politiques, dont six représentés au Parlement.
Je vous signale que, jusqu'en 1987, c'est le système de parti unique qui a prévalu. Avant 1994, aucun parti d'opposition n'était représenté au Parlement. Avant 1999, aucun dirigeant de l'opposition ne pouvait se présenter à des élections présidentielles. C'est grâce aux réformes que nous avons introduites que la situation a changé. Ainsi, 20% des membres de la Chambre des Députés et des conseils municipaux appartiennent aujourd'hui aux partis de l'opposition.
Afin d'élargir la participation de l'opposition à la vie politique, nous avons annoncé récemment un projet de révision de la loi électorale qui garantira aux partis d'opposition un minimum de 25% des sièges à la Chambre des députés et dans les conseils municipaux.
Aujourd'hui, tous les partis de l'opposition participent au débat public, et publient librement leurs journaux. Le processus démocratique est un choix enclenché de manière irréversible en Tunisie.
Plus d'une année et demie nous séparent des prochaines élections présidentielles et législatives. La campagne électorale n'est donc pas encore ouverte en Tunisie. Ce que nous nous employons à faire, c'est de veiller à ce que toutes les conditions soient réunies pour que le scrutin soit transparent et équitable.

Question: Peut-on dire que les réalisations accomplies par la Tunisie malgré des ressources naturelles limitées sont aussi le fruit d'un mode particulier de gouvernance. Quel est votre secret en l'occurrence ?

Réponse: J'ai toujours privilégié, avant toute décision, l'écoute, le dialogue direct, et la consultation la plus large possible avec les différentes composantes de la société.
Je suis également ouvert aux expériences des autres pays. Dans ce que j'entreprends, je m'inspire de l'histoire glorieuse de mon pays, des œuvres de ses penseurs, et surtout du legs réformiste tunisien du 19è siècle et du mouvement national.
C'est ce qui conforte nos choix et nous aide à prendre les bonnes décisions. Aussitôt qu'elles ont été prises, ces décisions font l'objet d'un suivi continu de ma part.
C'est vous dire que je préfère l'action concrète, qui permet d'améliorer les conditions de vie des citoyens, plutôt que les discours et la gestuelle médiatique.

Question: La femme tunisienne jouit d'un statut avant- gardiste dans le Monde arabe. Ses acquis sont nombreux et bien connus. Malgré ces acquis, la promotion des droits des femmes est- elle toujours parmi vos préoccupations?

Réponse: Elle l'est toujours! Même si la situation de la femme tunisienne et son statut sont exemplaires et uniques dans notre environnement culturel. Les droits de la femme sont au cœur de notre projet de société basé sur l'égalité entre tous les citoyens.
Le Code du statut personnel promulgué en 1956 par le Président Habib Bourguiba reste un cadre juridique unique dans notre région. Depuis 1987, nous avons entrepris de lui donner une nouvelle impulsion pour consacrer les principes d'égalité et de partenariat entre l'homme et la femme dans la famille et dans la vie publique.Nous avons aussi intégré les principes du Code du Statut Personnel dans la Constitution.
Les femmes constituent, aujourd'hui, le tiers de la population active du pays. A titre d'exemple, les femmes représentent le tiers des magistrats, le tiers des avocats, 72% des pharmaciens, 42% du corps médical, 40% des professeurs d'universités.
Dans la vie politique, leur représentation ne cesse de croître. La proportion des femmes à la Chambre des députés est passée de 7% en 1994 à plus de 22% actuellement. Dans les conseils municipaux, les femmes occupent plus de 27% des sièges contre 16% en 1995.
Dans nos collèges et universités, les filles sont désormais plus nombreuses que les garçons, et ce à concurrence de 57% dans le secondaire et jusqu'à 59% dans l'enseignement supérieur.

Question: Certains prétendent que la Tunisie accuse un retard en matière de droits de l'Homme. Quel est votre avis à ce sujet?

Réponse: Ceux qui le prétendent ignorent totalement la réalité tunisienne. Par contre, si vous parlez des critiques, je vous précise que nous acceptons volontiers la critique.
Dans ce domaine, comme dans d'autres, nous sommes conscients que beaucoup reste à faire. Néanmoins, les réalisations sont déjà nombreuses et l'évolution réelle. Les réformes introduites depuis 1987, ont consolidé l'Etat de droit.
Nous avons entrepris diverses mesures qui ont favorisé la protection et le respect des droits de l'Homme en Tunisie. J'aimerais mentionner, à titre d'exemple, l'adhésion de la Tunisie à l'essentiel des conventions internationales en matière de droits de l'Homme et l'intégration de ces textes dans notre ordonnancement juridique national, les différentes réformes du code pénal, qui ont renforcé les droits des citoyens en encadrant rigoureusement les procédures exceptionnelles de garde à vue ou de détention préventive, et en garantissant les droits de la défense tout comme les voies de recours des justiciables.
Un comité supérieur des droits de l'Homme et des libertés fondamentales a été créé, et ses attributions ont été régulièrement renforcées, ce qui lui permet, désormais, de visiter inopinément les établissements pénitentiaires, de recevoir les plaintes des citoyens et d'enquêter sur toute atteinte aux droits des détenus.
Nous avons humanisé le système pénal tunisien, en remplaçant des peines privatives de liberté par des peines de substitution comme les travaux d'intérêt général, et adopté l'indemnisation de tout citoyen condamné à tort et dont l'innocence vient à être prouvée.
Les grands progrès réalisés par la Tunisie sont salués par la plupart des pays du monde. L'on a pu le constater, par exemple, lors de l'examen périodique universel du Conseil des droits de l'Homme du 8 avril à Genève, ou, avant cela, lors du débat du comité des droits de l'Homme des Nations Unies à New York, au mois de mars dernier.
Nous entendons tirer amplement profit des recommandations que nous fera le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, pour faire évoluer les droits de l'Homme, en renforçant la coopération avec les organes onusiens et régionaux qui pourront constater, par eux- mêmes, les réalités de notre pays et éviter, ainsi, de se laisser abuser par les jugements d'entités qui instrumentalisent la question des droits de l'Homme à d'autres fins.

Question: Les pays d'Afrique du Nord font face au défi du terrorisme intégriste. Quelle est la situation en Tunisie à cet égard?

Réponse: La Tunisie a connu la menace intégriste au début des années 80 ainsi qu'au début des années 90. La société tunisienne a résisté grâce à sa culture fondée sur la tolérance, l'ouverture et la solidarité. La femme a été au premier rang des forces vives rejetant le vent du fanatisme et de l'obscurantisme.
Attachés à ces valeurs bien enracinées dans notre culture, nous avons entrepris une politique économique, sociale et culturelle visant à éradiquer la pauvreté, l'exclusion et l'inégalité, générateurs de l'extrémisme.
L'Etat de droit est le cadre dans lequel nous avons traité cette menace. Aujourd'hui, la Tunisie poursuit ses avancées à la faveur du respect de ces principes et de cette politique. Nous sommes confiants, tout en restant vigilants.

Question: Et sur le plan mondial, comment appréciez-vous les résultats obtenus par la communauté internationale?

Réponse: La lutte contre le fléau du terrorisme est une œuvre de longue haleine qui requiert une plus grande détermination et une meilleure coordination entre les Etats, le terrorisme étant devenu un phénomène transnational qui n'épargne aucun pays. Pour nous, il est important de s'attaquer aux racines de l'extrémisme et du terrorisme, par des actions fortes de lutte contre la marginalisation et la frustration et par la mise en œuvre d'une stratégie de développement solidaire et équilibré qui repose sur l'équité et la promotion de l'ensemble des couches sociales et des régions.
C'est cette approche cohérente qui nous a permis de préserver notre pays contre ce fléau. Le combat contre le terrorisme nécessite aussi la promotion des valeurs de tolérance, d'humanisme et de dialogue entre les cultures, afin de favoriser la compréhension mutuelle entre les peuples.
Il s'agit là de l'un des axes les plus importants de notre politique étrangère. Ce combat exige aussi une plus grande mobilisation internationale pour apporter des solutions justes et équitables aux conflits régionaux, et notamment au conflit de Proche Orient, avec leur cortège d'humiliations et de souffrances qui alimentent toutes les expressions de haine et d'extrémisme.
Nous constatons, à cet égard, une prise de conscience accrue de la communauté internationale quant à la nécessité de combattre ce fléau de manière globale et concertée. La Tunisie, qui a appelé depuis les années 1990, à l'adoption d'un code de conduite pour faire échec au terrorisme, reste engagée, aux côtés de la communauté internationale et dans le respect des droits de l'Homme, en faveur de l'élimination de cette grave menace qui pèse sur la paix et la sécurité internationales.

Question: La situation en Palestine reste extrêmement préoccupante, en dépit des efforts de paix déployés dans la région. Comment voyez-vous l'évolution de ce problème?

Réponse: Nous sommes persuadés que la paix mondiale restera précaire aussi longtemps que n'auront pas été résolus les conflits persistants et tout particulièrement celui du Moyen-Orient, région où une solution équitable, globale et durable au problème palestinien est urgente et impérative.
La Conférence d'Annapolis a suscité beaucoup d'espoir après une longue période de blocage. Cependant, les développements ultérieurs sur le terrain ont été loin de favoriser le processus de paix.
La Tunisie qui a apporté une contribution active aux différentes étapes du processus de paix au Moyen-Orient depuis son démarrage, soutient tous les efforts engagés dans ce sens. Nous appelons toutes les parties influentes et tout particulièrement le Quartet, à redoubler d'efforts pour engager résolument sur la voie de la paix les parties en conflit.
Il est, en effet, grand temps que le peuple palestinien qui a tant souffert, recouvre ses droits inaliénables à l'autodétermination et à la création d'un Etat indépendant, en application de la "Feuille de Route" et de l'initiative arabe de paix. Il serait regrettable que ce nouveau " rendez-vous " avec la paix, et que cette nouvelle chance qui s'offre à tous les peuples de la région soient manqués.


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