En dépit d'un cadre juridique et institutionnel évolué , les accidents du travail et les maladies professionnelles, en Tunisie, n'ont pas connu une baisse réelle, et continuent de se chiffrer à environ 50 mille par an, pour les accidents du travail, occasionnant au passage annuellement, 2000 incapacités permanentes et près de 130 décès contre une moyenne mondiale de plus de 6000 décès par jour. Aussi, la traditionnelle Conférence , organisée à l'initiative du ministère des Affaires sociales, de la solidarité et des tunisiens à l'étranger, à l'occasion de la Journée nationale et mondiale de la santé et de la sécurité au travail, hier à Tunis, a eu, cette année, pour thème "la gestion des risques professionnels" de manière à marquer la nécessité d'aborder la question, selon une approche globaliste, en tant que composante constante dans la conception des systèmes de travail et de production.
Aide à la promotion de la gestion des risques professionnels Comme à l'accoutumée, les cadres du secteur de la santé et de la sécurité au travail, au complet, et les représentants des ministères et des organismes et organisations professionnelles concernés ont pris part à la rencontre à laquelle ont été, également, invités les responsables des institutions de la santé et de la sécurité au travail de pays frères et amis dont la Libye, la Mauritanie et la France. Le Bureau International du Travail (BIT) était représenté par Mme Michèle Nahmias, qui a qualifié l'arsenal juridique tunisien, en la matière "des plus avancés dans la région". A l'ouverture des travaux, le ministre des Affaires sociales , de la solidarité et des Tunisiens à l'étranger, M. Ali Chaouch, a passé en revue les réalisations accomplies, en Tunisie, dans ce domaine, au cours des dix dernières années, dont la création récente de fonction de responsable de la sécurité dans les entreprises et l'octroi de prêts aux entreprises pour mettre en place des systèmes modernes de gestion et de prévention des risques professionnels. Il a appelé les entreprises à tirer profit des lignes de crédits mises à leur disposition, à cet effet, par les Caisses sociales et en particulier la récente Caisse nationale de l'assurance maladie. Justement, suivant une réforme introduite en 1995, la gestion du risque professionnel, dans notre pays , a été confiée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) à la place des Compagnies privées d'assurance. Or, selon les études , les accidents de travail en Tunisie sont plus fréquents dans les petites entreprises, tandis que les ouvriers constituent la catégorie la plus exposée aux accidents du travail, et parmi eux, ce sont les débutants qui sont les plus exposés aux accidents du travail. De la même manière, les industries manufacturières, le bâtiment et les travaux publics continuent d'être les secteurs les plus impliqués et les plus touchés par les accidents du travail, alors que les risques en maladies professionnelles viennent d'être aggravés par l'émergence de nouvelles maladies liés aux nouveaux systèmes de travail et de production et appelés justement "maladies professionnelles émergentes". Dans cet esprit, les intervenants ont mis l'accent sur l'importance d'établir, et de mettre en œuvre des programmes d'actions périodiques, dans le domaine de la gestion et de la prévention des risques professionnels, et de les revoir régulièrement pour les enrichir et les améliorer en fonction de l'évolution de la situation. A cet égard, les directives du BIT, dans ce domaine, fondées sur les principes de la gestion et de la prévention, restent jusqu'à présent les seules normes internationales avérées et bénéficiant de l'adhésion des gouvernements, des employeurs et des travailleurs à la fois. L'organisation Mondiale du Travail (OIT), dont le BIT est l'organe exécutif, est, en effet, une organisation tripartite qui regroupe, en son sein, les gouvernements, les employeurs et les travailleurs.