* La BH confirme « son statut de banque publique la plus rentable » Au vu du plan de restructuration et d'assainissement du système bancaire tunisien, les indicateurs de base ont enregistré à la fin de l'année 2007 des améliorations consistantes tant en matière de gestion de risque, de provisionnement qu'en matière de rentabilité et de capitalisation. Mettre les banques tunisiennes au diapason des standards internationaux et améliorer leur compétitivité, constituent autant de défis à réaliser et les principaux axes de développement du paysage bancaire tunisien. Outre le rapport de la Banque Centrale sur le bilan de l'activité bancaire arrêté au 31/12/2007 appuyant le progrès des indicateurs bancaires, l'agence de notation internationale Fitch Ratings vient de publier les résultats de son analyse spéciale et annuelle couvrant cinq banques de la place. Le rapport de Fitch Ratings concerne trois banques publiques : la Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque Nationale Agricole (BNA), la Banque de l'Habitat (BH) et deux banques privées : la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT) et l'Amen Bank (AB). L'agence de notation internationale a relevé dans son rapport les écarts de performance enregistrés par les cinq banques tout en soulignant la progression de 26% du résultat net agréé et de 38% du résultat net d'exploitation des cinq grandes banques de la place au cours du premier semestre 2007. Le ratio résultat d'exploitation/fonds propres, le ratio de retour sur fonds propre, le taux de rentabilité des actifs, le taux de créances douteuses et la part des créances douteuses nettes de provisions rapporté aux fonds propres, sont les principaux indicateurs de performance retenus dans l'analyse. En moyenne générale et au terme du premier semestre 2007, les cinq banques ont enregistré une amélioration de 7.9% du ratio retour sur fonds propres et de 0.6% de la rentabilité des actifs. Toutefois, la croissance des actifs demeure faible avec un accroissement moyen estimé à 3.4% des prêts consentis. Par ailleurs, le rapport note une légère amélioration du provisionnement des créances classées en atteignant le seuil de 55% à fin juin 2007 contre 51% enregistrés à la fin de l'année 2006. Le niveau moyen de provisionnement des créances classées reste en deçà du standard international et un peu loin de l'objectif national rapportant le seuil de provisionnement des créances classées à 70% à l'horizon 2009. Du fait et compte tenu de la mauvaise qualité des actifs bancaires, « les ratios de solvabilité des cinq banques de la place respectaient le minimum réglementaire de 8% et restaient insuffisants ». Les dépôts de la clientèle restent la principale source de financement des banques tunisiennes. Lesquels dépôts ont enregistré une croissance de 7% au cours du premier semestre 2007. Concernant les notes de soutien extérieur attribuées aux cinq banques de la place, elles variaient de 2 à 3. « L'agence considère que la probabilité pour que ces banques reçoivent le soutien de l'Etat en cas de crise de liquidité ou d'autres problèmes reste modérée ou forte. Les évolutions des différents indicateurs, variaient d'une banque à l'autre. Les revenus bancaires se sont améliorés pour les cinq banques. A signaler que la hausse des revenus a principalement profité à la BNA, la BH et l'AB et la croissance des encours a dépassé la moyenne du secteur pour la BNA et l'AB. En ce qui concerne la STB, elle a pu améliorer davantage son résultat net, lequel s'est affiché en hausse de 36% pour les six premiers mois de l'année 2007. Toutefois, le retour sur fonds propres (ROE) et la rentabilité des actifs (ROA) demeuraient faibles pour la banque et ce, durant la même période de référence. Le ratio de couverture des créances classées de la STB s'est replié à 30% à la fin juin 2007 contre un objectif initial de 42%. Un ratio qui reste en dessous de ses pairs, estime l'agence de notation et ce en raison de la fragilité du secteur du tourisme qui constitue 30% des encours et 57% des créances classées de la Société Tunisienne de Banque. Pour la Banque Nationale Agricole (BNA) et en dépit de l'accroissement de 35% de son résultat net, la rentabilité demeure faible avec un retour sur fonds propres et une rentabilité des actifs estimés à 5.51% et 0.44%. « la rentabilité de la banque est restée grevée par les dotations aux provisions clientèles qui représentait 70% du résultat brut d'exploitation au cours du premier semestre 2007 », note le rapport. S'agissant de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), le résultat net s'est arrêté à 10.3 millions de dinars au premier semestre 2007 et les dotations aux provisions clientèles se sont élevées à 64%. Malgré la petite perte de régime observée pour la BIAT, les ambitions restent prometteuses et ce en misant sur la modernisation de son système d'information, sur la mise en place d'un système plus rigoureux d'octroi de crédits et d'un système de notation interne. La BIAT prévoit également son expansion régionale à travers l'établissement au cours de l'année 2008 d'une filiale en Algérie détenue à 100% avec un capital de 50 millions de dinars. La Banque de l'Habitat (BH) a enregistré durant la période de référence les taux de rentabilité les plus élevés du groupe avec un ratio de rentabilité des actifs de 1% et un ratio de retour sur fonds propres de 14.09%. « La BH affirme son statut de banque publique la plus rentable », confirme le rapport. Malgré les améliorations, le taux de créances douteuses demeure élevé (12%) compte tenu de l'importance de l'enveloppe des prêts peu risqués dans l'actif de la banque. Le renforcement du contrôle des risques et des procédures de recouvrement, sont les principaux axes de développement de la banque permettant d'améliorer le ratio de solvabilité et le ratio de créances douteuses. L'Amen Bank a enregistré des taux élevés de rentabilité, soit 0.81% pour la rentabilité des actifs et 9.05% pour le retour sur fonds propres. Les créances classées de la banque restent importantes malgré les efforts déployés pour améliorer la gestion des risques. La banque poursuivra également son développement régional puisqu'elle compte créer d'ici 2009 une banque en Algérie en partenariat avec des investisseurs tunisiens et des institutions multilatérales. D'une manière générale et durant la période de référence, les cinq banques couvertes par l'étude ont enregistré des améliorations dans leurs revenus nets bancaires. Une amélioration soutenue par la dynamique des crédits octroyés par les ménages, par la progression des revenus d'intérêts et par les efforts déployés à l'assainissement du portefeuille bancaire. Les banques publiques ont été marquées par l'amélioration de leur coefficient d'exploitation alors que les banques privées ont concentré leurs efforts sur le développement, l'expansion et sur la modernisation de leurs systèmes d'informations. Néanmoins la mauvaise qualité des actifs, la faible capitalisation et les faibles ratios de solvabilité constituent toujours le talon d'Achille des banques tunisiennes. Lesquelles sont amenées à améliorer leurs systèmes de gestion de risques, à moderniser leurs systèmes d'informations et à se conformer aux directives de Bâle II. La banque Centrale de Tunisie a fixé l'objectif d'appliquer les piliers 1, 2 et 3 des recommandations de Bâle II d'ici 2010, par les banques de la place. De ce fait, elle a mis en place des cellules de travail pour chaque pilier. « Malgré la lenteur des changements et la fragilité des résultats, les principales banques devraient continuer à récolter les efforts accomplis pour renforcer leur activité, améliorer leur efficacité et mieux maîtriser leurs risques. Les directions des banques accordent plus d'importance aux ratios de solvabilité et à leur rôle de coussin de protection contre les pertes non attendues », conclut le rapport de Fitch Ratings. Pour l'année 2008, l'agence de notation ne s'attend pas à des améliorations notables en matière de couverture des créances classées par les provisions et d'atténuation du risque crédits en raison de la pesanteur des dotations aux provisions clientèles qui devraient continuer à peser sur les résultats. Les banques sont confrontées à un processus d'assainissement de longue haleine.