La dépression est un trouble d'humeur qui concerne tous les aspects de la vie. C'est une maladie comme les autres caractérisée par des signes bien précis. Cette pathologie a fait l'objet d'un grand débat durant les deuxièmes journées de santé mentale du Cap Bon organisées à Hammamet par le service de psychiatrie de l'hôpital Mohamed Tahar Maâmouri de Nabeul. Cette pathologie est un problème de santé publique du fait de sa fréquence, de ses complications médicales, sociales et économiques. Elle touche plus les femmes que les hommes à tout âge et multiplie le risque suicidaire. La dépression est une pathologie fréquente « C'est un état durable de tristesse, d'épuisement et de découragement mais aussi de ruminations sur le passé, d'un sentiment de dévalorisation de soi » nous a expliqué le Pr Riadh Bouzid président du comité d'organisation de ces journées. Cette manifestation entre dans le cadre de formation continue des médecins de première ligne. Elle vise à enrichir les débats et multiplier les échanges d'idées entre les spécialistes. Nous avons essayé d'analyser les facteurs favorisant la dépression, la vulnérabilité aux troubles dépressifs et les facteurs de risque suicidaire au cours des troubles dépressifs » Divorce, perte d'un proche, chômage, déménagement, maladie grave : Ces événements de la vie de multiples formes sont considérés comme l'un des facteurs déclencheurs ou précipitants entrant dans la genèse des pathologies psychiatriques en général et de la dépression en particulier
La dépression frappe toutes les tranches d'âge La dépression frappe toutes les tranches d'âge. « Chez l'enfant et chez l'adolescent explique l'équipe de psychiatrie de l'hôpital Razi et la Manouba, la dépression est souvent durable, récidivante et invalidante tenant compte du retentissement interpersonnel, familial, scolaire et social. Des facteurs de vulnérabilité familiaux ont été identifiés impliquant l'hérédité, l'environnement et les interactions parents enfants ainsi que des facteurs individuels impliquant les schémas cognitifs, l'estime de soi et le tempérament. Chez le sujet âgé, la dépression altère le vécu du vieillissement et facilite le repli sur soi, le renoncement aux réinvestissements dans les domaines où ils sont encore possibles. Des facteurs de vulnérabilité ont été supposés modifier les effets des facteurs de stress, à savoir, une vulnérabilité génétique ou héréditaire indiquée par la présence d'antécédents personnels ou familiaux de troubles mentaux, une vulnérabilité organique indiquée par la présence de symptômes cognitifs et une vulnérabilité environnementale définie par l'absence de soutien familial ou social. L'identification de facteurs de vulnérabilité dépressive a un intérêt évident dans une perspective étiopathogénique et développementale chez l'enfant et de l'adolescent ainsi que dans l'application clinique pour permettre une intervention thérapeutique précoce et pour établir des programmes de prévention primaire.
Facteurs psychosociaux et dépression : La dépression touche nos adolescents. Elle est due comme le précise l'équipe du service de pédopsychiatrie de Sfax à des facteurs psychosociaux. « Ainsi selon une étude rétrospective portant sur 112 adolescents, ces facteurs ont été retrouvés dans 88,7% des cas : une éducation qualitativement anormale (manque de stimulation, surveillance ou contrôle parental inadéquat, surprotection parentale) dans 76% des cas, des relations intra-familiales perturbées (manque de chaleur au sein de la famille, sévices physiques, distorsion de la communication intra familiale) dans 81% des cas, une perturbation de l'environnement immédiat dans 46% des cas, une évènement de vie critique (mode négatif des relations intrafamiliales, perte d'une relation d'amour, déménagement) dans 73% des cas, des stress interpersonnels critiques à l'école ou au travail dans 50% des cas et des troubles mentaux ou des perturbations psychologiques dans l'environnement proche des adolescents (dépression maternelle, trouble mental chez un membre de la famille, toxicomanie parentale) dans 39% des cas. La reconnaissance de ces facteurs psychosociaux permet l'élaboration d'une prise en charge appropriée ainsi que des mesures préventives inhérents à l'adolescent.
Tendances suicidaires Les idées suicidaires sont fréquentes chez les déprimés. « Le taux de suicide souligne Pr Wahid Melki de l'hôpital Razi est de 15% chez les patients atteints de troubles dépressifs. Il peut atteindre des taux trois fois plus élevés quand la dépression est associée à un trouble anxieux sévère. Divers facteurs prédisposant au suicide sont connus. Il peut s'agir, de facteurs inhérents au patient déprimé lui-même, à ses conditions sociales et économiques d'une part et à la sévérité du trouble dépressif et l'association avec d'autres troubles psychiatriques et somatiques d'une part. Cette évaluation reste difficile d'autant plus que le risque de suicide peut évoluer considérablement en très peu de temps imposant une surveillance étroite de tout sujet suicidaire et le recours à des évaluations ultérieures. Malgré la fréquence des questionnaires d'évaluation du risque suicidaire, seule une approche personnalisée permet de finaliser la décision clinique face à tout patient suicidaire »