Le Temps- agences - Les pourparlers interlibanais de Doha, qui sont entrés dimanche dans leur troisième jour, progressent à petits pas mais les questions les plus épineuses n'ont toujours pas été tranchées. Le Premier ministre du Qatar, le cheikh Hamad ben Djassim ben Djaber al Thani, a présidé une série de consultations entre représentants du gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora et de l'opposition emmenée par le Hezbollah pro-syrien. Mais il n'a toujours pas obtenu d'accord définitif sur l'un des points les plus délicats à l'ordre du jour, la formation d'un nouveau gouvernement, ont indiqué des délégués. Le chef du gouvernement qatari a proposé un compromis consistant à partager les portefeuilles ministériels en trois: un tiers pour chaque camp et le dernier tiers pour le futur président. L'opposition a, selon les délégués, accepté cette proposition mais la coalition au pouvoir attend un accord sur les autres points avant de donner une réponse définitive. Une commission de six membres mise en place samedi pour jeter les bases d'une nouvelle loi électorale a également avancé dans ses travaux mais bloque sur le partage des circonscriptions à Beyrouth, sachant que tout redécoupage peut avoir un impact énorme sur les résultats électoraux. La capitale libanaise est un bastion de la coalition au pouvoir mais ses partisans sunnites sont sur la défensive depuis que les forces du Hezbollah chiite se sont brièvement emparées de plusieurs quartiers lors des affrontements de la semaine passée, les plus graves depuis la fin de la guerre civile. Ces combats entre les deux camps, qui ont débuté il y a dix jours, ont fait 81 morts avant la conclusion d'une trêve jeudi sous l'égide de la Ligue arabe qui a ouvert la voie aux pourparlers de Doha. Les délégués du gouvernement réclament aussi la garantie que le mouvement soutenu par l'Iran ne retournera pas ses armes à nouveau contre les autres communautés et souhaitent discuter au plus tôt sur la question des armes de la milice chiite. Le Hezbollah, qui luttait alors contre la présence israélienne au Sud-Liban, est la seule milice à avoir été autorisée à conserver son arsenal au terme de la guerre civile de 1975-90. Aucun calendrier n'encadre les pourparlers de Doha mais, indique-t-on de source diplomatique, il est probable que si aucun accord n'est trouvé dans un délai de deux à trois jours, il sera alors difficile de débloquer la situation. Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré à une radio libanaise qu'il s'attendait à ce que la journée de dimanche "soit décisive". L'impasse politique actuelle a débuté en novembre 2006 par la démission des six ministres représentant l'opposition face au refus de la coalition majoritaire au parlement de lui octroyer un droit de veto sur les décisions du gouvernement. Le conflit a sombré dans la violence la semaine dernière à la suite de deux décisions du gouvernement Siniora: la mise hors la loi du système de télécommunications parallèle du Hezbollah et le limogeage du directeur de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, proche du mouvement islamiste. Le mouvement chiite, que soutiennent l'Iran et la Syrie, a mis en déroute les partisans armés sunnites et druzes du gouvernement. Le gouvernement Siniora a abrogé depuis les mesures à l'origine de la colère du Hezbollah. Samedi à Charm El-Cheikh, où il achève une tournée au Proche-Orient, le président américain George Bush a déclaré que les Etats-Unis se tenaient au côté du gouvernement libanais et accusé des "éléments radicaux" de chercher à saper la démocratie. Son conseiller national à la sécurité, Stephen Hadley, a souligné pour sa part que les pourparlers de Doha devaient limiter le Hezbollah et non récompenser son recours aux armes contre le gouvernement. "Cela peut conduire à une levée du blocage politique, mais à condition qu'il n'y ait pas de prime offerte au Hezbollah et que le gouvernement élu soit soutenu", a-t-il dit.