*Ils font comme Sheila : « Adieu les analyses, les verbes et les dictées... » Un fâcheux rituel observé par beaucoup d'élèves à chaque fin d'année scolaire : sur tout le territoire, vous êtes de passage en cette période devant un lycée un collège voire une école primaire et vous êtes sidérés par l'amoncellement de cahiers et de manuels déchirés fleurissant les devantures de ces institutions. Le protocole est immuable, sitôt la copie de l'examen rendue, le hallali commence une fois l'élève dehors ; on exhibe les cahiers de cours et d'exercices ainsi que les manuels y afférant juste au portail et devant les enseignants et les cadres administratifs pour les dilacérer, déchirer en menus morceaux et les disperser aux quatre vents dans une liesse généralisée saluant ces exploits et prouesses comme il se doit. Et tous les jours, les pauvres agents municipaux de se coltiner des corvées supplémentaires à s'éreinter à ramasser ces détritus jonchant les artères. Œuvres parfois de l'un de leurs enfants, comble du malheur, de l'ironie ! En agissant de la sorte et au nez et à la barbe de l'enseignant, a-t-on pensé que pareils enfantillages le mortifieraient au plus haut point ? Voir le fruit de toute une année de labeur, de veillées tardives à préparer des cours, à corriger des copies et cahiers, s'envoler au gré de gamineries condamnables. Passe pour le pauvre instit qui malheureusement n'est pas à un outrage près par les temps qui courent. Les écervelés (es) ne pensent pas que l'année prochaine ils auront besoin de leurs cours antérieurs histoire de se remémorer la démonstration d'un théorème, la marche à suivre pour solutionner une équation voire effectuer le lien en histoire entre les événements importants et marquants du programme de l'année précédente et ceux du palier supérieur ? Les programmes étant échelonnés et répartis sur toute la scolarité, fatalement, l'obligation d'un détour par les cours précédents se fera impérieusement sentir à un moment ou un autre de l'année. Mais pareil raisonnement ne tient pas la route pour la plupart, et la parade est toute prête et ne manquant pas d'égarement : « En cas de besoin, les copains de la classe inférieure nous seront d'un grand secours ; à quoi sert donc l'amitié si on ne se tient pas les coudes en pareilles circonstances ? Les heures supplémentaires sont là pour qu'on comble nos lacunes ; etc. » Certains professeurs approchés ne s'en offusquent pas outre mesure de tels comportements scandaleux : « Il ne faut pas rêver ni généraliser, les éléments studieux ne participent guère à ces mascarades et massacres. Seuls ceux qui ont des cahiers très mal tenus où les pages blanches prédominent s'adonnent à cet exercice. Le restant des pages étant noirci par un gribouillis où vous trouverez un exercice de maths copié à la hâte avant la sonnerie, un paragraphe d'explication de textes, un schéma de sciences naturelles ou une esquisse d'une carte géographique. Le tout ornementé bien sûr par des obscénités et des propos injurieux et orduriers à l'endroit des enseignants, et envers l'administration. Nous sommes nombreux à ne plus prélever les cahiers pour les corriger chez nous ! Pire, certains ne font plus la ronde habituelle pour vérifier si les exercices donnés la séance précédente ont été effectués ! Il ne s'agit pas de laxisme de notre part, mais dans certains cas pour ne pas dire souvent, l'administration ne veut pas créer de vagues. Donc à nous de faire le dos rond ! » Où en est-on à des années lumières de cette période où la rivalité battait son plein entre des élèves veillant très tard à copier au propre les cours pris rapidement dans la journée au brouillon. Les démonstrations et cours magistraux de nos illustres maîtres sont encore dans nos armoires. Et que nous sommes fiers de garder jalousement. Autres temps autres mœurs diront avec un pincement au cœur ceux ayant vécu cette période d'or de l'enseignement. Mohamed Sahbi RAMMAH
Quel rôle dévolu aux parents ? Ce qui est intrigant dans l'affaire, c'est que les chaînes TV ne cessent en cette période de l'année d'émettre des spots publicitaires incitant ces élèves à faire don de leurs manuscrits et cahiers aux nombreuses associations et organisations caritatives pour qu'ils soient distribués aux nécessiteux. Mais apparemment ces appels ne sont guère entendus ; d'où le rôle primordial dévolu aux parents pour qu'ils sensibilisent leur progéniture à suivre cette noble filière. Quitte à les accompagner en personne vers ces centres d'accueil, pour mieux incruster dans leur âme les notions de charité, d'abnégation, de civisme. La solidarité s'apprend Jeunes.