Il y a quelques jours, en France, une loi est entrée en vigueur pour modifier considérablement la législation sur le tabac. Désormais, il est formellement interdit de fumer dans les lieux publics, sous peine d'une amende qui peut aller jusqu'à 83 euros pour les fumeurs contrevenants et 135 euros pour les professionnels. L'Etat a mobilisé plus de 1000 agents pour veiller à l'application de cette nouvelle loi, gare aux contrevenants ! Que cela plaise ou non aux fumeurs, pour fumer, il faut sortir dans la rue, en dehors de l'établissement ou du lieu de travail. Seuls épargnés, les restaurants et les bars qui disposent d'un délai supplémentaire. En Tunisie, nous avons une loi similaire datant du 23 Février 1998 relative à « la prévention des nocivités du tabagisme », mais la différence c'est que cette dernière n'est pas appliquée ! La loi est restée lettre morte. La lutte contre le tabagisme actif et passif n'intéresse -t- elle plus personne ? La loi est- elle avant-gardiste ? Nous ne sommes pas prêts à ce genre de mesure ? Ou peut - être les dangers du tabac notamment toutes sortes de cancer et de problèmes cardiovasculaires ne sont pas assez convaincants pour faire bouger les choses ? Cette indifférence est preuve de laxisme et d'absence de moyen de dissuasion efficace mais aussi de manque de motivation et de conscience de la part de la société. Quand il faut prendre des mesures pour le bien être de tous, on n'attend pas que les gens daignent prendre conscience de leur importance pour les appliquer. Les citoyens français ont été prévenus qu'une loi sera promulguée ; la loi est entrée en vigueur, ils auront à la respecter sans tergiverser. Le cadre législatif existe en Tunisie depuis 1998. Mais une loi sans sa force obligatoire et son caractère dissuasif est forcément inefficiente et inutile, ce qui est le cas de la loi de 1998. A part quelques affichages d'interdiction, jaunis et usés, collés aux murs de quelques administrations, il n'y a aucun indice d'une prise de conscience ni une application de la loi. Il faut un rappel à l'ordre et une remise à neuf de cette restriction pour être dans le mouvement général qui condamne le tabagisme aussi bien actif que passif. Tous les pays qui se veulent modernes et développés vont dans le sens de la lutte contre le tabagisme en durcissant à chaque fois la législation. Les méfaits du tabac ne sont plus à démontrer au niveau de la santé publique et au niveau de l'environnement. La Tunisie, pays très développé en matière de santé publique, aura tout à gagner en faisant un pas dans le sens de la prévention des dangers du tabagisme. Il semble aussi que l'idée d'interdiction de fumer n'est pas présente dans les esprits. Les personnes questionnées se souviennent vaguement de cette loi et certaines ne pensent même pas qu'elle existe. Personne ne s'est fait rappeler à la raison et à la bienséance pour avoir fumé dans un lieu public. Pourtant la loi est là claire et précise « il est interdit de fumer dans les lieux affectés à l'usage collectif », les lieux étant fixés par décret. Les infractions sont constatées par les agents de la police judiciaire qui en dressent des procès verbaux. L'infraction à cet article est punie par une amende de 25 dinars. Du moment où il y a une affiche qui interdit de fumer, il faut la respecter. Ainsi, la législation est là, mais la volonté, la sensibilisation et la motivation tardent à venir. Si on veut suivre le modèle des pays développés dans beaucoup de domaines, il serait non seulement sage mais impératif d'emprunter celui de la prévention du tabagisme comme le danger numéro un pour la santé publique.
Hager ALMI
Sons de cloche Docteur Habib GHDIRA , chef du service pneumologie de l'hôpital Abderhaman Mammi : "Une loi à elle seule ne peut rien"
« Les mesures de la loi française sont très efficaces pour protéger toutes les victimes du tabagisme passif spécialement les asmathiques. Cela aide aussi les fumeurs à réduire la consommation de la cigarette voire même à arrêter. C'est vrai qu'une loi aussi restrictive est difficile à appliquer, elle est psychologiquement dure, mais les gens pourront s'y adapter parce qu'ils se rendront compte de son intérêt. Même les fumeurs qui veulent décrocher seront reconnaissants envers cette loi s'ils arrêtent de fumer. La loi tunisienne de 1998 ne peut rien faire seule, il faut qu'elle soit accompagnée d'une prise de conscience et d'une volonté. Les médias ont aussi un rôle important pour faire connaître cette législation et sensibiliser le public. Du moment où le danger a été démontré, il n'y a plus lieu de négocier. Au niveau des efforts en Tunisie, il y a des services de consultation publics sous le patronage du ministère de la Santé, où on aide au sevrage tabagique en offrant notamment des patchs de nicotine en guise de traitement. La ligue nationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires œuvre aussi dans ce domaine. Elle a des programmes au niveau national dans plusieurs matières y compris la lutte contre le tabagisme. En général , tous les services de pneumologie dans les hôpitaux sont en mesure d'aider au sevrage tabagique ».