En quelques années le rapport des Tunisiens avec leur alimentation a complètement changé. Cela concerne la nature de ce qu'ils mangent, le rythme quotidien des repas, ainsi que le volume des rations consommées. On s'en rend compte au vu de la multiplication des superettes de quartier, des grandes surfaces qui poussent dans les grandes villes, des supermarchés qui s'installent autour des grandes banlieues. Il suffit de s'arrêter un moment pas loin d'une caisse, pour voir la nature et la quantité de produits de consommation courante, des conserves alimentaires essentiellement, qui débordent des caddies. En même temps, on constate l'énorme volume de marchandises de première nécessité importées, sous forme de conserves, aussi bien d'Asie, via l'Egypte ou la Libye , que directement d'Europe. Ces dernières obéissent à des contrôles stricts, ce qui n'est pas le cas de celles qui viennent d'ailleurs, qui ne comportent que très peu d'informations concernant le contenu et la composition des marchandises. De la même façon, beaucoup d'étiquettes de produits alimentaires fabriqués en Tunisie, où la législation est pourtant claire, laissent le consommateur dans l'ignorance de ce qui est contenu dans l'emballage, ou du moins, ne lui donnent que des bribes d'information, parfois incomplètes, souvent confuses, très rarement compréhensibles pour le citoyen ordinaire. Il suffit de prendre le temps, ce que l'écrasante majorité des consommateurs ne fait pas, de se promener entre les rayons d'un grand magasin, et de lire attentivement les notices imprimées sur le contenant du produit de consommation alimentaire. On va s'apercevoir du manque total de transparence du contenu de l'emballage. Quelques exemples. Mais nous n'allons pas faire ici le tour de l'ensemble des produits vendus, mais simplement prendre quelques échantillons, à titre indicatif, sans plus. Achetez une boîte sardine très ordinaire. Vous avez droit, soit à l'indication " à l'huile d'olive " soit à " l'huile végétale " !! Est-ce une façon de nous dire que l'huile d'olive n'est pas végétale ?? Ou alors, de quelle huile végétale s'agit-il ?? De colza, de maïs, de tournesol, de palme, de lin, d'amande douce, de pépins de raisin ou un mélange de tout cela ? Est-ce une façon de nous informer que ce n'est pas une huile d'origine animale ou synthétique ? Ni huile de vison ou de morue, ou huile de moteur ? Pourquoi ne pas mettre simplement l'information qui convient et éviter d'éventuelles allergies à des citoyens qui achètent ce produit sans savoir ce qu'il y a comme composants. Rares, en tous les cas, sont les industriels de ce secteur qui donnent l'information exacte. Un à ma connaissance, qui précise " huile de tournesol "...... Pour rester dans le même produit, les sardines, c'est la totale confusion et le manque de transparence quand on passe à un " ajout ". On a droit à " l'arôme de citron " (appréciez l'arôme !), mais on ne sait plus dans quel liquide on nage, ni les autres ingrédients, ou " à la tomate ", là aussi, les pauvres bêtes n'ont que cette compagnie !! On vous précise que le produit est " riche en oméga 3 ", pour amadouer le client au fait de la nutrition à la mode...Le thon n'est pas mieux servi : il nage lui aussi dans le " naturel " ( de l'eau bouillie normalement !!), dans toutes sortes de liquides d'origine " végétales ", et le prix fait un saut vertical lorsque vous avez affaire à de l'olive. Bien, si au moins, à part certaines marques locales, connues, installées et réputées, on est sûr que quantité de " thon ", venant d'au-delà des mers, n'a pas de parenté très proche avec les requins et autres à chair ressemblante.
Le rouge des tomates On sait combien les Tunisiens sont amateurs de concentré de tomate. On nous colle partout l'étiquette de " cuisine rouge ", puisqu'on utilise ce produit dans pratiquement tous les plats dits traditionnels. Ainsi sur les boîtes, il est indiqué " 28 à 30% d'extrait sec ", puis pratiquement rien d'autre. Cela veut dire qu'on n'a pas trop d'information sur les 70% restants... Même pas une petite goutte d'eau, une pincée de sel et un conservateur pour garder le produit au moins trois ans à partir de la date de fabrication. Bizarre. Les tomates " cerises " sont elles, " 100% " naturelles ! Tant mieux, on ne demande que çà. Pourquoi alors il y a autant de nuances de " rouge " que de marques de concentré ? " Pas les mêmes fournisseurs ", nous répondra-t-on, la main sur le cœur, pour éviter de parler des additifs, autorisés et réglementés pourtant, les colorants alimentaires..... Mais attention : certains hypertendus et cardiaques ont fait ce qu'on appelle des " récidives " parce qu'ils consommaient, sans le savoir, du sel contenu dans certaines conserves, parce qu'il n'y avait aucune indication sur les boîtes. De la même façon, pour les confitures, coings ou autres, on se contente de vous dire que les ingrédients sont " des coings et du sucre ", sans aucun pourcentage, pas d'additifs ? Pas de conservateurs ? La liste est longue. Et le danger est dans cette tendance à manger vite, à utiliser les coupe-faim, tous ces biscuits, sodas allégés ou pas, barres chocolatées, boissons aromatisées, lactées ou pas, sans parler des glaces et autres confiseries, sirops, qui vont envahir les étals en ces jours d'été, et l'approche des mariages. Le danger vient de l'accumulation dans le corps de tous ces additifs qu'on trouve aujourd'hui dans pratiquement tous les produits de consommation courante. Ceux qui veulent s'en protéger un peu, vont vers le " bio ". Il suffit de voir dans les rayons les produits où il est clairement indiqués " sans OGM, sans additifs chimiques ", leur prix est immédiatement au moins le double comparativement aux autres.
Les additifs Les fabricants des produits alimentaires utilisent ce qu'on appelle des " additifs " pour rendre l'aspect, le goût, la consistance, l'odeur du produit, du volume, du moelleux, plus attractifs et moins insipides. Imaginez simplement les sirops de fruits au naturel : ils seraient tous pratiquement incolores. Peu de consommateurs sont au fait des différences qui existent entre tous ces additifs alimentaires, pourtant bien codifiés. Ils sont tous précédés de la lettre E et de trois chiffres. Nous confondons ou accordons peu d'importance aux conservateurs (E200), aux émulsifiants, aux colorants (E100), aux arômes( agissent sur le gustatif et l'olfactif, il y a plus de 10.000 molécules d'arômes répertoriées), aux gélifiants ou aux épaississants, etc Ces additifs sont l'ajout d'une ou de plusieurs matières chimiques à un moment donné de la fabrication d'un produit alimentaire. Mais tout cela est bien codifié pourtant, et certains sont bannis depuis longtemps en Europe. Reste la transparence. Notre ignorance des symboles qui les identifient, et qui sont normalement obligatoires sur chaque étiquette pour informer le consommateur du contenu de chaque produit emballé, est impardonnable. Le pourquoi est simple : c'est parce que nos corps ne réagissent pas de la même façon aux matières chimiques, aussi infimes soit-elles. Et ces additifs peuvent, même s'ils sont expressément autorisés par le législateur, provoquer chez certains, par héritage génétique, par fragilisation due à une maladie ou à un excès de médication, des réactions très différentes, plus au moins graves. Cela va de l'indisposition passagère, à l'irritation cutanée ou autre, à l'allergie proprement dite, ou à la contre-indication médicale. En plus du danger que peut provoquer l'interaction de certains " ajouts " chez des personnes comme les femmes enceintes, les enfants ou les personnes âgées. Le législateur doit faire vite et combler les vides, les lacunes, pour garantir la santé publique en obligeant tous les industriels de l'agro-alimentaire à mettre en évidence, de la façon la plus lisible et compréhensible, le contenu exact de chaque produit sur son emballage.