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Les confessions d'une femme emmurée dans le silence
Seules et démunies face au SIDA
Publié dans Le Temps le 03 - 06 - 2008

En parlant des femmes pauvres, le prix Nobel de la paix Mohammad Yunus disait « prêtez leur un peu d'argent et elles sauveront leur famille ». Cela peut s'appliquer également aux femmes porteuses du Virus d'Immuno-défiance Humaine (VIH) lesquelles se trouvent dans des situations financières difficiles plus particulièrement suite à la mort du mari.
Par manque de prise en charge de cette population et d'encouragement à la création de micor-projets, ces femmes endurent le martyr. Exclusion sociale, manque de moyens, etc. Si quelques-unes militent pour lancer leurs petits projets dans leurs domaines de compétence (artisanat, couture, commerce...) à l'instar de "R", d'autres dérivent.
Un micro-projet serait certes d'un profit majeur pour ces personnes. Cela permettra entre autres d'améliorer leurs conditions de vie et leur redonner espoir et confiance...

Sousse la Perle du Sahel a toujours fasciné ses visiteurs. Rendez-vous donné dans l'une de ses délégations. Il faisait beau en cette fin de matinée du dernier dimanche de mai qui coïncide avec la fête des mères. Une brise d'été souffle sur la ville côtière encore calme et qui s'apprête à accueillir ses estivants. "R" une femme au foyer et artisane porteuse du virus d'immuno-défiance Humaine (VIH) et son fils unique âgé de sept ans, lui aussi porteur du VIH m'attendaient dans l'avenue principale de la localité. Le père est décédé il y a tout juste quelques mois à cause du SIDA. Encore en deuil, la veuve ne cache pas sa tristesse d'avoir perdu son mari. C'est une longue histoire d'amour qui les a toujours réunis pour le meilleur et pour le pire (le VIH dans ce cas). Elle a même accepté de l'épouser tout en sachant qu'il était infecté.
Maintenant, elle est confrontée à un sort tragique. Comment subvenir à ses besoins ainsi que ceux de son fils ? Incontestablement, la tâche s'annonce accablante et difficile. Faute de moyens, de sources de revenu fixe et de prise en charge sociale de la part des autorités, "R" se trouve dans une situation très délicate. A l'exception de quelques dizaines de dinars qu'elle reçoit chaque mois de l'Association Tunisienne de Lutte Contre les MST et le SIDA et les aides que ses parents lui prodiguent, la jeune femme trouve de la peine à joindre les bouts. Est-elle en train de payer le prix de son silence concernant sa maladie et de celle de son fils ? « C'est en quelque sorte oui », répond "R". Mais même ceux qui sont au courant de sa situation (sa belle famille) s'en lavent les mains. « Tu dois assumer. Tu savais que notre fils était porteur du VIH et tu as accepté de l'épouser ».

Obstacles
Pour arriver à la maison, située à quelques mètres de notre point de rendez-vous on aurait dû faire une petite marche. Le temps de se connaître et de parler un peu de son vécu. La mère et son fils très dynamique- bien qu'il ait un problème de santé chronique au niveau de sa rate- me font entrer dans leur domicile provisoire. Car il s'agit d'un bien qui fait l'objet d'un litige entre les héritiers du mari. Nous sommes assis dans le salon où il y a un poste de télévision, l'animatrice parle de la fête des mères, c'est bien l'occasion. « J'ai offert une rose à maman », s'exprime vivement le garçon. Très émue, les larmes aux yeux "R" se culpabilise d'avoir donné la vie à son fils. « J'ai commis une faute très grave, je n'ai pas parlé de ma maladie aux médecins quand j'étais enceinte », se désole-t-elle. « C'aurait pu réduire le risque que mon fils soit infecté par le virus. Mais j'étais très mal informée sur le sujet. Je ne savais pas que mon bébé pouvait être infecté », regrette la mère. D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'elle est déterminée à lancer un mirco-projet dans le domaine de l'artisanat. Il s'agit pour elle de la seule issue pour garantir l'avenir de son fils, puisque tout le monde lui tourne le dos et ne veut pas l'assister. Cependant, beaucoup d'obstacles se posent pour cette femme porteuse de VIH et ce à l'instar de plusieurs autres dames infectées pour ne pas dire la quasi-totalité. "R" n'arrive pas à avoir une source de financement pour son micro-projet. « Cela fait déjà trois ans que j'ai déposé ma demande auprès des autorités de tutelle, mais aucune réponse positive », explique-t-elle. « Les responsables exigent des garanties pour qu'ils m'accordent un crédit, alors que je ne possède de rien », rétorque "R". Munie d'un diplôme de Confirmation de Compétence Professionnelle délivré par le ministère de l'Education et de la formation et d'une Carte professionnelle fournie par l'Office National d'Artisanat, la veuve n'arrive toujours pas à lancer son micro-projet et à réaliser ce rêve. « Un rêve très simple, assurer l'avenir de mon fils porteur de VIH et être indépendante matériellement », témoigne la mère non sans amertume. Même le délégué refuse de lui prêter main. Il considère qu'elle n'appartient pas aux personnes nécessiteuses pour l'assister. Ainsi "R" se retrouve-t-elle dans une situation compliquée, « entre l'enclume et le marteau », disait-t-elle. Entre garder toujours le silence par rapport à sa maladie, souffrir et subir les conséquences ou dire la vérité. Mais les risques seront majeurs si elle opte pour le deuxième choix. Exclusion, rejet, élimination, refus de la part de la société et même des proches. Elle vit d'ailleurs cette situation. « Il est question de la famille de son mari qui refuse de prendre en charge psychologiquement mon fils », dit-t-elle toujours les larmes aux yeux. Et d'ajouter ; « Nous passons mon fils et moi par une période très difficile, plus particulièrement suite au décès de mon mari il y a tout juste quelques mois. D'ailleurs, l'enseignante me l'a signalé dernièrement en attirant mon attention sur le comportement de mon fils à l'école. Il est déconcentré ».

"R" qui doit affronter toute seule une vie très difficile n'est en fait qu'un exemple parmi tant d'autres femmes porteuses de Virus d'Immuno-défiance Humaine en Tunisie. Livrées à elles-mêmes, ces personnes sont condamnées à affronter et surmonter cette situation, à subvenir aux besoins de la famille. Il s'agit certes d'une rude épreuve. Si quelques-unes militent pour lancer un micro-projet -démarche qui reste toujours sans résultats fructueux, chez nous, à cause de l'absence de mécanismes de prise en charge de cette population-, d'autres basculent dans les dérives. D'où le risque d'enregistrer des nouveaux cas de personnes porteuses de VIH. Très mal informés sur les voies de transmission du virus, ceux qui se permettent d'avoir des rapports sexuels non protégés peuvent être piégés sans qu'ils ne s'en rendent compte.
En Tunisie, nous avons enregistré le premier cas du VIH/ SIDA en 1985. Quatre ans après, il a eu lieu l'hospitalisation de la première tunisienne atteinte du virus. Le chiffre n'a cessé d'augmenter au fil du temps. 70 nouveaux cas chaque année s'ajoutent à la liste. Mais depuis 2000, le nombre des femmes infectées s'est amplifié. Si l'Etat offre gratuitement le traitement et assure une prise en charge médicale pour cette population il n'en est pas de même pour la prise en charge matérielle et professionnelle. Les PVIH sont même licenciées de leur travail. Mais là où le bât blesse, c'est quant ces veuves infectées sont confrontées à un sort social encore plus.


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