Les observateurs économiques s'accordent sur la reprise de l'industrie tunisienne en 2006. Ce regain de confiance ne cache pas la crainte des professionnels quant à l'impact de l'ouverture totale des frontières aussi bien sur les secteurs traditionnels que les secteurs en gestation. L'essentiel est de savoir comment présever les acquis, renforcer le secteur et impulser les exportations qui sont en train de croîtreà un rythme inférieur par rapport à celui des importations. Les investissements réalisés dans le secteur se sont accrûs de 8,8% à la fin de l'année 2006 en passant de 922,2 MDT en 2005 à 1003,7 MDT en 2006. La répartition par régime arbore d'un accroissement plus important des flux des investissements destinés au marché à l'export.
Quasi-stagnation des investissements dans l'agroalimentaire L'évolution notable des invetissements a profité aux industries du textile-habillement et du cuir et chaussures. Le secteur a pu ainsi résister aux aléas, mais ceci n'exclut pas les défis futurs auxquels il sera confronté. L'obligation de marquage d'origine "Made in Europe" sur les produits textiles importés, la fin de la dérogation accordée à la Tunisie, l'intégrale ouverture à la concurrence étrangère, le manque de compétitivité dans les branches porteuses (finissage) et la fin de la dérogation accordée à la Tunisie par l'UE, figurent parmi les embûches nécessitant un accroissement des investissements étrangers et nationaux dans le secteur. Les investissements ont connu un recul dans les industries chimiques en réalisant un volume de 62,3MDT en 2006 contre 68,3 MDT une année auparavant, soit une baisse de -8,8%. Quant aux industries agroalimentaires et aux industries des matériaux de construction de la céramique et du verre, l'augmentation des investissements réalisés en 2006 est insignifiante. Ils se sont respectivement accrûs de 0,5% et de 0,1%. Le faible volume d'investissement consenti dans l'agroalimentaire pourrait être expliqué par la saturation du marché local. Par ailleurs, un accroissement des investissements déclarés dans les services liés à l'industrie a été observé. Ils sont passés de 399,6 MDT en 2005 à 614 MDT en 2006, enregistrant un taux de croissance de 53,7%. Les industriels tunisiens commencent à prendre connaissance de l'intérêt des investissements immatériels dans le renforcement de la compétitivité industrielle.
Fléchissement de l'emploi dans les IMCCV L'industrie Tunisienne a enregsitré un taux de croissance de 12,3% des emplois créés. Elle a ainsi généré la création de 27.873 emplois au terme de l'année 2006 contre 24.831 emplois l'année antérieure. Du côté de la hausse, on note la contribution positive des industries mécaniques, électriques et électroniques (IME), des industries du textile-habillement, du cuir et chaussures et des industries diverses dans l'accroissement de la capacité d'embauche dans le tissu industriel. Bien que le secteur du textile-habillement demeure le premier employeur de l'industrie tunisienne, les IME ont généré la création de 5361 emplois en 2006, enregistrant un taux de croissance de 23,6% en comparaison avec l'année 2005. L'embellie enregistrée par le secteur des IME revient à l'accroissement de 21,4% de l'indice de la production industrielle du secteur. Au sillage de la baisse, les industries agroalimentaires, les industries des matériaux de construction de la céramique et du verre (IMCCV) et les industries chimiques ( ont connu un fléchissement au niveau des emplois créés, respectivement de -5,7%, de -9,1% et de -1,2%.
8119,2 MDT d'importations dans le secteur des IME L'indice da la production industrielle a quant à lui augmenté de 5,5% en 2006 en passant de 199,8 points (11 mois 2005) à 210,7 points durant la même période de référence. L'accroissement est dû à la consolidation des IME. La seule baisse de l'indice de la production industrielle a touché au secteur du textile-habillement en enregsitrant un taux de croissance négatif de -1,2%. Du côté du commerce extérieur, les exportations réaliséés dans l'industrie ont atteint 12.804 MDT à la fin de l'année 2006 contre des importations de 15.866 MDT enregsitrant un solde déficitaire de -3062,6 MDT. Une grande partie du déficit commercial est imputée au secteur des industries mécaniques et électriques (IME) en enregistrant un solde déficitaire de -4257,7 MDT. En effet et malgré le volume important des exportations, les importations des IME ont atteint 8119,2 MDT, soit 51,17% du total des importations du secteur industriel tunisien. La Tunisie importe près de 3300 MDT de produits mécaniques à forte valeur ajoutée et exporte 1920 MDT de produits électriques. La divergence entre le rapport qualité/prix des produits importés et exportés explique le poids du déficit commercial du secteur. La qualité et la conformité aux normes et standards internationaux sont les conditions nécessaires mais non suffisantes à l'impulsion des exportations.
Ainsi, le bilan 2006 de l'industrie tunisienne est dans son ensemble acceptable, mais le plus dur reste à faire. Plusieurs interrogations jaillissent de parts et d'autres : L'industrie tunisienne pourra-elle passer avec succès l'épreuve de l'ouverture?. Franchira-t-elle les barrières concurrentielles?. Les différents programmes nationaux et internationaux de soutien et d'appui à la compétitivité de l'industrie apporteront-ils leurs fruits?.