A l'intérieur du pays, la nouvelle stratégie consiste à mettre en place des équipes complètes pluridisciplinaires * Quatorze gouvernorats concernés Dès 2009, le nombre des recrutements autorisés en médecins spécialistes par le ministère de la Santé publique passera de 65 à 100 postes, l'objectif étant d'inciter ces praticiens à travailler à l'intérieur du pays compte tenu des besoins croissants de ces régions en médecine spécialisée, besoins inhérents à l'évolution de la croissance démographique, la nécessité de fournir des prestations de soins de qualité et de garantir une répartition homogène de spécialités médicales entre les régions. Cette mesure a été décidée lors du Conseil ministériel sur la médecine de spécialité dans les régions prioritaires, tenu le 30 mai 2008. D'autres mesures présidentielles ont été annoncées au cours de ce conseil ministériel en vue d'encourager les médecins, notamment les médecins spécialistes, à exercer dans les régions. Il s'agit notamment d'augmenter la prime allouée aux praticiens qui travaillent à l'intérieur, estimée actuellement à 300 dinars. «Le montant de l'augmentation de cette prime n'a pas été encore fixé», a souligné M. Fethi Mansouri, médecin inspecteur chargé de la planification au ministère de la Santé publique, précisant «qu'outre cette prime, les praticiens exerçant dans les régions intérieures bénéficient déjà de deux après-midi par semaine pour exercer des consultations externes». Il a été décidé, également, de comptabiliser chaque année d'exercice dans le secteur public à l'intérieur du pays comme l'équivalent de deux ans d'ancienneté dans la carrière du médecin. Cette disposition concerne l'avancement dans le grade et non la retraite.
Des spécialités qui seront consolidées Autre décision : l'obligation pour le médecin d'achever son service militaire avant l'exercice dans la fonction publique ou le secteur privé, ce qui permettra aux médecins d'exercer dans les zones de l'intérieur. En 2008, les régions intérieures comptent 371 médecins spécialistes dont 213 Tunisiens contre 246 en 1995 dont 86 Tunisiens. Il s'agit également de porter le nombre des postes consacrés au concours de résidanat en médecine de 450 à 500. «Les 50 nouveaux postes seront réservés aux spécialités qui manquent dans les régions prioritaires», a ajouté M. Mansouri. Les spécialités médicales qui seront consolidées au niveau des régions intérieures sont la chirurgie générale, la gynécologie obstétrique, la traumatologie, l'ophtalmologie, l'ORL, la pédiatrie, la cardiologie, la psychiatrie, la médecine interne, la gastro-entérologie, la néphrologie, la neurologie, l'urologie, l'endocrinologie, la médecine légale, la réanimation, l'hématologie, la carcinologie médicale, la chirurgie neurologique, la chirurgie carcinologique, l'anatomie pathologique, les maladies infectieuses, la biologie médicale, la pneumologie et la médecine d'urgence. Dans cette optique, il a été décidé de remplacer systématiquement les médecins démissionnaires du secteur public ou ceux qui migrent dans le cadre de la coopération technique par des médecins spécialistes.
Pas que les médecins, les pharmaciens aussi « Les pharmaciens biologistes sont concernés, également, par les avantages accordés aux médecins spécialistes », a précisé M. Mansouri, l'ultime but étant de renforcer l'efficacité du fonctionnement des laboratoires au sein des hôpitaux de l'intérieur et de travailler en équipe complémentaire. Dans ce contexte, il a été décidé de veiller à ce que le recrutement des médecins à l'intérieur se fasse dorénavant en équipe complète, polyvalente et complémentaire (technicien, radiologue, anesthésiste, médecin,...) dans l'objectif d'assurer des prestations sanitaires complémentaires et de qualité aux citoyens. Il s'agit, entre autres, de renforcer et d'élargir l'expérience de parrainage des services hospitaliers régionaux par les services hospitaliers universitaires à travers le renforcement des accords bilatéraux afin d'améliorer la prise en charge des patients, de dynamiser la formation continue et le recyclage des praticiens dans les services hospitaliers de l'intérieur. S.E.M --------------------------------- Quatorze gouvernorats concernés Considérées comme régions prioritaires, Les gouvernorats qui bénéficieront des mesures présidentielles sont : Tataouine, Médenine, Gabès, Kébili, Tozeur, Gafsa, Sidi Bouzid, Kasserine, Le Kef, Siliana, Jendouba, Béja et Kairouan, ainsi que la délégation de Kerkennah (gouvernorat de Sfax). Ces mesures incitatives visent à promouvoir les prestations sanitaires de qualité, à les rapprocher du citoyen et à garantir une répartition équitable des médecins entre les établissements hospitaliers dans les zones rurales et urbaines. A signaler que les indicateurs de santé se sont améliorés en Tunisie au cours des dernières années. En effet, et en comparaison avec le Maroc (14 000 médecins) et l'Algérie (29 000 médecins) pour une population similaire (30 millions d'habitants), la Tunisie avec 11. 400 médecins pour une population trois fois moindre, soit un médecin pour 900 habitants, parait plus en adéquation avec les ratios des pays en voie de développement. Notre pays compte actuellement 181 établissements hospitaliers dont 27 hôpitaux et centres universitaires et 33 hôpitaux régionaux.