Les travaux du Sommet de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), baptisée cette année « Sommet international sur la sécurité alimentaire », viennent de s'achever la semaine dernière à Rome sans parvenir à autre chose qu'un accord à minima sur les questions inscrites à son ordre du jour. Pourtant, et au vu de la situation actuelle caractérisée par une autre flambée des prix, celle des céréales, cet accord ne peut réjouir que ceux qui tirent profit de cette situation alarmante. Les attentes étaient pourtant énormes surtout du côté des pays importateurs qui subissent actuellement et de plein fouet les conséquences économiques et sociales de cette hausse. Des réponses adéquates à travers un accord plus ambitieux qui aurait été conclu à Rome pourraient pourtant contribuer efficacement à améliorer l'offre sur le marché international et à éviter par conséquent le spectre d'une nouvelle crise dont la planète n'a nullement besoin. En effet, les participants avaient à se mettre d'accord notamment sur deux questions à savoir la limitation de l'usage des biocarburants dans la production céréalière et les effets des subventions aux agriculteurs (politiques appliquées par les pays du nord). Les intérêts économiques ont, encore une fois, pris le dessus sur les considérations sociales et humaines et ceux qui bénéficient de cette situation n'ont pas voulu s'engager sur une autre voie. À titre d'exemple, les Etats-unis et le Brésil, qui sont en pointe en matière d'usage des biocarburants ont exercé des pressions pour ne pas céder à ceux qui réclament un moratoire sur cet usage. Le texte final adopté à l'issue du sommet s'est limité à des formules vagues telles que « ces combustibles présentent des défis et des opportunités » en appelant à « des études approfondies » sur la question. L'autre sujet n'a pas trouvé un traitement meilleur puisqu'il était question de limiter les politiques subventionnistes pratiquées par les grands producteurs. Or le sommet n'a pas fait mieux que « d'encourager la communauté internationale à poursuivre ses efforts en matière de libéralisation des échanges agricoles en réduisant les obstacles au commerce, et les politiques qui sont à l'origine de distorsions des marchés ». En raison de ces politiques de protection, le prix d'une tonne de riz est aujourd'hui de 1000 US $. Aussi curieux que cela puisse paraître, le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon a appelé certains pays (entendez les pays développés) à la conclusion d'un accord au sein de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) pour limiter les mesures de contrôle des prix. Alors, ce sont les chantres du libre-échange qui ont besoin de leçons en la matière. C'est normal, parce qu'il ne faut jamais oublier que pour eux, le libre-échange c'est plutôt l'ouverture des marchés des autres !. Malgré les engagements de certains pays et organisations financières à des promesses de dons de l'ordre de 6,5 milliards de $ pour lutter contre la crise alimentaire, ce chiffre demeure loin de répondre aux besoins réels des populations menacées de famine. Selon certaines organisations, 14,5 milliards est plutôt le montant nécessaire pour venir au secours de 290 millions de personnes menacées de famine d'ici à fin de l'année. À noter également que le nombre de sous-alimentés est actuellement de l'ordre de 850 millions d'êtres humains. Encore une donnée alarmante. Au cours du sommet, la communauté internationale a répondu par « un engagement » à réduire ce chiffre de moitié d'ici 2015 « au plus tard ». Avec un sommet qui n'a pas pu tenir ses promesses, la situation va perdurer en l'absence d'engagements sérieux pour résoudre un problème de cette importance. Loin de verser dans « la théorie du complot », force est de constater que ces crises à répétition qui prennent en otage les économies des pays en développement ne sont dûes ni au hasard ni aux « lois » du marché et sa fameuse devise : le rapport entre l'offre et la demande.