Se sentir bien dans sa peau, est certes un état d'âme positif. Mais comment atteindre ce degré de satisfaction et d'estime de soi ? Si quelques-uns acceptent leur corps tel qu'il est, ce corps intérieur subjectif, d'autres notamment les plus fragiles ne l'entendent pas de cette oreille. Ils se trouvent même en conflit entre le corps intérieur et le corps extérieur dit aussi objectif, c'est-à-dire celui que nous connaissons. Pour concilier entre ces deux corps, quelques-uns ont recours à une technique médicale qui enregistre une grande affluence au niveau mondial, il s'agit bel et bien de la chirurgie esthétique. Avec le développement de cette activité des problèmes commencent à apparaître dont l'éthique. Conscient des mutations qui sont en train de se mouvoir dans le domaine, le Comité National d'Ethique Médicale a choisi de placer sa 12ème conférence sous le thème la chirurgie esthétique, aspects médicaux, éthiques et juridiques, qui s'est tenue hier à la faculté de Médecine de Tunis. Un sujet qui d'après les spécialistes est d'une actualité brûlante. Car en Tunisie le secteur attire davantage de clients. La chirurgie esthétique se pratique depuis les années 60 chez nous. Actuellement 35 spécialistes exercent cette spécialité qui attire davantage de personnes qu'ils soient Tunisiens ou même étrangers. C'est en fait un sujet délicat car il soulève plusieurs questions notamment d'ordre psychologique. « La chirurgie esthétique pose le problème du corps et pas de n'importe quelle manière, d'une manière symbolique », c'est ainsi qu'a introduit Dr Dorra Ben Alaya sa communication ayant pour thème, de la symbolique du corps à l'image corporelle. « Le corps est en fait un objet de socialisation dès les premières semaines de la vie, c'est-à-dire qu'il subit une éducation dès l'enfance ou même les premières heures de naissance ce qui fait de lui une première interface de la réalité. Mais au fil du temps, « la perception de cette entité a changé d'un corps qui a été vécu et senti de l'intérieur, corps subjectif identique au moi à un corps absolument différent, celui objectif ou le corps organique perçu de l'extérieur, l'objet de l'anatomie ou de la physiologie », d'après le Pr Jaleleddine Saïd.
Image du corps En effet, l'image du corps va participer de manière profonde dans la perception de l'image de soi, de l'estimation et de l'identité de la personne. Aujourd'hui avec les moyens disponibles et le développement scientifique qui offrent aux personnes les possibilités de changer et de se revaloriser ce qui responsabilise davantage les spécialistes dans le domaine. « Normalement tenu à une obligation de moyen, le chirurgien esthétique devient de plus en plus astreint à une obligation de résultats. Par conséquent la gestion des complications médicales, légitime et conséquente à sa formation, s'est transformée en une gestion des complications médico-judiciaires parfois même en l'absence de complication médicale vraies », a signalé Dr Samia Aoun Kanoun. Car ceux qui ont recours à ces interventions ont très souvent besoin de se redéfinir, « c'est le besoin de redéfinition du soi », d'après le Pr. Ben Alaya qui a précisé que l'esthétique a toujours existé depuis des siècles même dans les tribus qui pratiquaient le piercing, la circoncision le limage... Partant du fait que la réalisation de la chirurgie esthétique est un acte délicat sollicité souvent dans une période sensible (adolescence ou à l'âge de la quarantaine), il importe ainsi de ne pas procéder automatiquement ou rapidement, a appelé Dr Riadh Ben Rejeb. « La prudence s'impose », enchaîne-t-il tout en s'interrogeant sur plusieurs éléments fondamentaux. Est-ce que le chirurgien est supposé connaître la personnalité de celui qui lui demande une telle intervention ? Comment distinguer entre la demande logique et celle illogique ? Un dialogue entre le psychologue ou le psychiatre et le chirurgien esthéticien est d'une importance majeure, c'est ainsi que ces spécialistes pourraient être épargnés entre autres des tracasseries et des poursuites même judiciaires. Le corps a ainsi changé de profil. Dans la nouvelle société et avec la mondialisation plusieurs s'identifient par leurs corps « Je suis mon corps » disait Gabriel Marcel. Sana FARHAT
La chirurgie esthétique fera prochainement l'objet d'un dossier plus exhaustif où nous ferons parler les spécialistes.