L'alcoolisme compte parmi l'un des fléaux les plus destructeurs de la santé un peu partout dans le monde et un phénomène ravageur en Tunisie. En somme, il est lié à des facteurs d'ordre psychologiques et sociaux. L'alcoolisme touche toutes les tranches d'âge et toutes les catégories sociales. Moral en berne, conflits sociaux, échecs sentimentaux, dépression,mal vivre, tout est prétexte à ingurgiter de l'alcool et en grande quantité jusqu'à l'ivresse. Une vie avec un quotidien alcoolisé est un rituel de certains jeunes. Boire de l'alcool pour conjuguer la morosité de la société est considéré comme une sorte de slogan chez les jeunes.
Le thème de l'alcool chez les jeunes est récurrent et résonne dans la presse de tous les jours. L'alcool et les jeunes, un réel problème, un phénomène de société, une situation assez inquiétante. Pour essayer de comprendre ce phénomène, les sociologues expliquent que cela est dû essentiellement à une extériorisation du stress et un échappatoire à la pression insoutenable de la vie quotidienne. Ainsi, le stress dû aux études et l'obligation du résultat inciteraient les jeunes à boire a fin de se libérer, de se lâcher, et ainsi d'oublier leur tracas. Autre facteur, une quête d'identité pousserait les jeunes à consommer de l'alcool à un âge précoce. Ces jeunes gens se trouvant en pleine crise d'identité, trouvent dans l'alcool un réconfort et une solution pour se sentir plus sûrs d'eux, et plus libérés et même plus attirants. Hatem, 21 ans nous avoue : « entre études universitaires et travail à mi-temps, le stress me submerge tous les jours et le monde devient plus oppressant à tel point que je n'arrive plus à canaliser mon angoisse. Je profite du week-end pour faire des cuites entre amis et parfois même jusqu'à l'ivresse. Pour moi c'est une sorte d'anxiolytique, ça m'aide vraiment à oublier tout le stress de la semaine et attaquer plus sereinement une nouvelle semaine de travail acharné.» Un autre intervenant déclare : « je sors en boîte pratiquement tous les soirs et je ne peux pas m'empêcher de boire, pour moi, sans alcool la fête n'est pas folle, ça m'aide à me sentir plus cool, plus libéré, je peux ainsi draguer les filles sans aucune inhibition ». Si le cas de ces jeunes ne semble pas très alarmant, ils semblent néanmoins ignorer les dégâts que peut engendrer l'abus d'alcool et ce, malgré les campagnes de sensibilisation qui visent à mettre en garde et parfois à choquer quant à la consommation abusive d'alcool. Hélas ces campagnes ne réalisent généralement pas l'effet escompté face à des jeunes gens insoucieux quant à l'ampleur de ce fléau qui s'attaque à leurs vies comme à la vie des autres. Au bout du compte, c'est leur santé et leur vie qui trinque. Un autre point à signaler, les soirées arrosées dans les quartiers déshérités virent parfois au cauchemar, à des bagarres, à des scènes de crime, des viols. Dans ces quartiers reculés, l'abus d'alcool est synonyme de virilité et de violence ambulante. Ces gens- là associent l'alcool à la fin de leur beuverie excessive à des règlements de compte et à des scènes de violence d'ordre conjugal ou social. Ces actes de violences attribués à l'abus d'alcool dans les milieux défavorisés sont généralement liés à un mélange de sentiment de culpabilité et de vengeance vis-à-vis de la société qu'ils estiment responsable de leur situation précaire. Myriam AYADI.
*** Alcool et religion : La plupart des théologiens ont fait une interprétation restrictive du Coran dans certains versets où il n'y a pas une interdiction expresse de l'alcool. Ceux qui font des interprétations extensives tolèrent le fait de boire une certaine catégorie d'alcool à savoir tel que le « nabidh », est un simple jus de raisin avec un taux d'alcool naturel. Une autre interprétation s'est attachée à l'esprit du verset qui semble interdire l'alcool de manière explicite. Dans ce verset, il y a une mise en garde contre ceux dont l'alcool incite à la discorde au même titre que le jeu. C'est la où l'alcool devient une action diabolique du « Sheitan » et il est alors interdit. C'est donc une interprétation quant aux conséquences que peut générer l'abus d'alcool.
* Une étude de l'Organisation Mondiale de la Santé révèle que 74% des hommes tunisiens et 99.8% des tunisiennes n'ont jamais consommé d'alcool. * Le taux d'abstinence totale chez les citadins masculins de 18 à 24 ans est de 66.9% et celui des 30-39 ans est de seulement 58% contre respectivement 78 et 73 % pour les mêmes catégories d'âges en milieu rural. * Les gros consommateurs d'alcool représentent 2.6%. * Le taux de consommateurs occasionnels chez les 18-24 ans est de 6.3%. * Selon le Global Status Report Of Alcohol de 2004, La Tunisie enregistre la plus grande consommation par personne en Afrique du nord avec 0.65 Litre par personne et par an. * Une étude réalisée sur 130 personnes dans des bars à Tunis, révèle qu'en moyenne, chaque personne boit 8 bières ou 1.8 bouteille de vin quotidiennement. Ces boissons sont consommées de 18h à 20h (après le travail et avant de rentrer chez eux)..