Bilan le plus meurtrier depuis huit mois Le Temps-Agences - Un attentat à la bombe a fait 43 morts et 38 blessés à l'est d'Alger, annonce le ministère algérien de l'Intérieur. L'explosion a visé une école de la gendarmerie nationale des Issers, à 55 km de la capitale algérienne, précise un communiqué du ministère relayé par l'agence officielle APS. L'attentat, qui est l'un des plus meurtriers sur le sol algérien au cours des dernières années, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Des témoins ont rapporté qu'un kamikaze avait projeté son véhicule sur un groupe de candidats au recrutement qui patientaient devant le bâtiment. "La plupart des morts sont de jeunes hommes âgés de 18 à 20 ans. Ils faisaient la queue pour entrer dans l'école et passer un examen d'entrée lorsqu'ils ont été fauchés par l'explosion", a dit un témoin oculaire joint au téléphone. "L'explosion du véhicule a partiellement détruit le mur de l'école et laissé un immense cratère dans le sol à environ trois mètres de l'entrée principale", a-t-il ajouté. L'agence APS a pour sa part rapporté que le souffle de l'explosion avait causé des dégâts aux façades de plusieurs habitations environnantes. Plusieurs véhicules qui circulaient à proximité, dont un autocar public, ont été endommagés, précise APS, et plusieurs passagers de l'autocar font partie des blessés. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, s'est rendu en hélicoptère sur les lieux. "C'est un acte commis contre les Algériens", a-t-il déclaré à la presse. La presse algérienne a par ailleurs rapporté hier que des rebelles liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI, ex-GSPC) avaient tué dimanche huit policiers, trois soldats et un civil dans deux embuscades dans la province orientale de Skikda. L'Est de l'Algérie a été le théâtre de nombreux attentats commis par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la branche nord-africaine du réseau islamiste. Le 10 août dernier, au moins six civils avaient trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée contre un poste des garde-côtes et un bureau adjacent de la gendarmerie à Zemmouri, également à l'est d'Alger. Le gouvernement avait vu dans cette attaque des représailles à l'embuscade de l'armée dans laquelle 12 insurgés avaient été tués dans la nuit du 7 au 8 août en Kabylie. Selon les journaux, l'armée poursuivait à ce moment-là les responsables de l'attentat à la voiture piégée ayant fait 25 blessés à Tizi Ouzou le 3 août et revendiqué par AQMI. AQMI, ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), est considéré comme le groupe le plus actif au Maghreb et s'est attribué une série d'attentats sanglants, dont le double attentat contre un bureau de l'Onu et un tribunal qui a fait 41 morts en décembre 2007 à Alger. "Nous devons nous inquiéter de la situation sécuritaire aujourd'hui. Nous ne devrions pas minimiser la menace terroriste ", a souligné l'analyste politique Mahmoud Belhimer. "L'attentat d'hier a montré que (les terroristes) sont bien implantés sur le terrain et semblent en mesure d'atteindre des cibles importantes", a-t-il ajouté. L'Algérie a basculé dans la violence en 1992. En 2006, le gouvernement a amnistié 2.000 militants islamistes, espérant avec ce geste mettre un terme au conflit. Mais plusieurs centaines ont rejoint les rangs d'AQMI. Le mois dernier, le chef de l'ex-GSPC, Abdelmalek Droukdel, avait affirmé dans un entretien au New York Times que les rangs d'AQMI ne cessaient de grossir en raison du ressentiment provoqué par ce qu'il avait appelé la guerre occidentale contre l'Islam. Dans un communiqué, la France a condamné "très fermement", au nom de la présidence du Conseil de l'Union européenne, "les actes terroristes qui viennent de faire de très nombreuses victimes en Algérie". "Une fois de plus, le peuple algérien est victime d'attentats terroristes aveugles et barbares", souligne-t-elle en présentant ses condoléances et en réaffirmant dans ces "circonstances tragiques" son "soutien aux autorités algériennes dans leur lutte contre le terrorisme". Le Premier ministre français François Fillon a téléphoné à son homologue algérien Ahmed Ouyahia pour lui présenter ses condoléances. Selon un communiqué, "il l'a assuré du soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme, soutien qu'il avait exprimé au Président algérien Abdelaziz Bouteflika lors de son voyage à Alger en juin".