L'ONG israélienne "Peace now" (la Paix maintenant) sert une précieuse base de données à Madame Condoleezza Rice quant à l'implantation des 443 chantiers des colonies juives en Cisjordanie, depuis janvier dernier. Rice s'en est prévalue pour gentiment sermonner le gouvernement Olmert même si Madame Livni - pourtant profondément convaincue que c'est mauvais pour le processus de paix - aura tout fait pour en minimiser l'impact. Mais ce qui est important c'est que la fronde à l'endroit du gouvernement israélien vient du cœur même de Tel Aviv. En dehors de "Peace Now" elles se comptent par dizaines ces ONG prêchant "la paix" et le droit aux Palestiniens d'avoir leur terre et leur patrie. "The Bereved Families Forum", cercle des parents en deuil pour la réconciliation et la tolérance ; "Coalition of Women for Peace" qui regroupe plusieurs mouvements de femmes pour la paix... ou encore des ONG comme "Adalah" ; B'TSELEM pour la défense des droits civils des citoyens arabo-israéliens... En tous les cas c'est au sein de cette "démocratie" - oui une démocratie qu'on le veuille ou non - dans un habillage d'état guerrier et parfois même d'état - voyou (c'était surtout vrai avec Sharon) - c'est là justement que les Palestiniens sont en train de puiser des espoirs pour leur cause. Ce sont aujourd'hui ces Israéliens humanistes qui ne veulent plus d'une Palestine dépecée ; qui font pression sur leur gouvernement pour faire reculer les colonisations et pour détruire ce mur de la honte, réplique moderne des camps de concentration nazis. Le gouvernement a bien accueilli les combattants du Fatah dans ses hôpitaux avec l'impact médiatique qui s'en est suivi, grâce, bien sûr, au Hamas. A la mort de Mahmoud Derouiche les manchettes abondaient à "la Une" des journaux israéliens modérés. La toute puissante radio de l'armée salua même en lui "le guerrier dont la parole est plus foudroyante que les bombes des kamikazes". André Azoulay, juif marocain conseiller du Roi Mohamed VI, un "sage parmi les sages", président de la "Fondation des trois cultures et des trois religions" et administrateur du "Forum Méditerranéen et du Centre Shimon Pérès pour la Paix", dédia cette pensée au grand poète disparu" : c'était la voix des opprimés" ; pensée reprise par les médias israéliens. Israël se livre finalement à un jeu de funambule : Un Etat central qui a justement sa raison d'Etat mais qui laisse en même temps ces ONG s'exprimer et défendre, au cœur même de Tel Aviv, le droit des Palestiniens à une patrie. Et cela alors même que les Palestiniens s'entre-tuent ; que les régimes arabes se fondent en discours creux et stéréotypés. Une question : existe-t-il d'ONG arabes pour la paix ? Si oui, combien sont-elles ? Pourquoi ne s'expriment-elles pas sur "Al Jazeera" la chaîne qui prêche la "grande nation arabe", qui monnaye ses relectures de l'Histoire et qui passe tous les "shows" de M. Ben Laden ? Et c'est là qu'Israël marque des points sur le plan de l'exercice pur de la démocratie. Car pour bien des régimes arabes bâtis sur un modèle oligarchique, les ONG sont plus difficiles à gérer que le prêche des prédicateurs incitant leurs citoyens au refuge de la religion. C'est commode. On n'a pas besoin de pactiser avec le diable. Il suffit de lui plaire.