Pendant le mois de Ramadan, la vocation commerciale de la télé prend des ampleurs importantes et l'espace publicitaire se multiplie par dizaines. La célèbre phrase choc d'un directeur de TF1, « la télé c'est vendre un maximum d'espace pour les publicitaires » n'a jamais été aussi vraie. Mais il n'y a pas que la petite lucarne, les affichages et les spots radios complètent le travail publicitaire au cas où un consommateur lucide décide de boycotter la télé. Ainsi, les marques investissent dans le marketing, ventent leur produit, mènent leur campagne à grandes pompes et s'exposent...à leurs risques et périls. Ca passe ou ça casse. Un bon spot peut prendre un succès énorme et devenir culte ; une mauvaise pub qui passe le long de la soirée risque fort de capoter un travail de toute une année. Une victime d'un mauvais choix des publicitaires subit en ce moment les retombées : tunisie télécom, l'opérateur public historique se fait critiquer pour la qualité de sa campagne publicitaire. Vu sa place sur le marché, son poids dans la conscience du consommateur tunisien, l'opérateur n'avait pas droit à l'erreur. Aujourd'hui internautes, professionnels et consommateurs disent que la campagne (spot télé radio et affichages) est très en dessus de la moyenne. Sur Facebook, il y a déjà un groupe de 86 membres « les pubs de Tunisie Télécom » pour que l'opérateur « mettent fin à ses spots radios et ses affiches ». Les commentaires de ceux qui s'y connaissent et des profanes signalent une campagne inintéressante. On peut lire « TT champion du monde microsoft word, ils utilisent à merveille les fonctions gras/italique/souligné, c'est de la pub ou des cours de microsoft office ? » ou encore « TT a raté l'occasion de passer l'été en mode silencieux, l'effet commercial aurait été meilleur que la très amateur campagne ». D'autres signalent le manque de créativité « les pubs sont des copies conformes des pubs BASE en Belgique, l'imitation est poussée à l'extrême sur les dépliants, l'offre 5d=5mn ressemble à l'offre base 5€=5mn ». L'année dernière pendant Ramdan, TT a fait fort avec une campagne à ce jour dans les esprits : les spots représentant à chaque fois des personnes d'une région du territoire tunisien parlant avec leur propre dialecte et accent, pour véhiculer un message qui parle au consommateur tunisien « tous réunis autour de TT, à l'unisson, dans toutes les régions quelque soit le langage ( sfaxien , tunisois, sahélien, sudiste). Cette année, c'est une autre forme, une autre stratégie (? ) et une autre présentation qui n'ont pas eu l'écho espéré en terme de satisfaction pub puisqu'ils ont suscité de vives réactions. Pourquoi ces critiques ? Les professionnels reprochent « un manque d'émotion, un contenu tactique sans fondement stratégique, un bradage de la marque et sa réduction à une relation uniquement basé sur un rapport pécuniaire avec le consommateur ». Les affiches qui ont le plus déplu sont celles présentant sur fond bleu, un homme ordinaire, avec la promotion Tawa, écrite en noir gras... la même qu'utilise le publicitaire pour justifier ses choix et exprimer son autosatisfaction. Dans la pub, Sboui ( Sofiane Chaari) se demande pourquoi ils ont choisi un homme banal plutôt qu'une star ou une jolie femme, Azza ( Kaouther Belhaj ) lui explique que grâce à la seule tête de cet homme, il y a eu des milliers d'activations. Autrement dit, peut importe ce que l'on dit, peu importe les avis des consommateurs, la pub est satisfaisante. D'ailleurs dans cette pub, one ne comprend pas très bien la promo et on se concentre plus sur le sketch des deux acteurs. Les promos, elles, ne sont plus aussi attractives et créatives. La dernière en date qui a fait sensation est « 3achiri », et depuis, les offres se limitent à des bonus de 5mn et des services pour lesquels il faut tapoter des dièses et des étoiles pour en bénéficier. Le premier opérateur public verse dans un style publicitaire qui ne fait pas le poids. A croire que « le publicitaire » qu'il est, n'a pas bien compris le marché et le consommateur tunisiens et même l'esprit de TT ! L'enjeu est gros et dans le domaine de la publicité, il suffit d'une idée novatrice bien travaillée pour faire un tabac, comme il suffit d'une boulette pour se faire tailler une part du marché. Aujourd'hui, plus que jamais la communication est une arme infaillible qu'il faut savoir manipuler. Tunisie Télécom a gagné au fil des années une place sûre mais elle risque de se faire devancer par le premier opérateur privé qui ne se repose jamais de sa quête vers la clientèle grâce à une campagne bien étudiée.