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Un médecin s'inquiète
Tribune
Publié dans Le Temps le 09 - 09 - 2008

Il est opportun pour un médecin en ce temps de prendre du recul par rapport à la situation actuelle et faire le bilan d'une carrière en comparant les espoirs et les acquis en faisant peser dans la balance les sacrifices consentis pour y arriver.
Pour le médecin tout n'est pas rose et actuellement sa situation financière étant compromise par l'encombrement de la profession responsable d'une vive concurrence. La pléthore médicale, l'inflation médicale ou quelque qualificatif que l'on utilise reste l'un des principaux sinon le principal problème sujet de préoccupation de la profession médicale. Qu'il y ait trop de médecins implique qu'il y ait en amont trop d'étudiants en médecine en formation.
Les tarifs ordino-syndicaux sont censés freiner une concurrence, parfois déloyale contraire à la dignité de la profession. Toutefois, ces tarifs ne sont pas obligatoires.
De fortes constantes demeurent dans la façon dont le médecin conçoit son devoir, l'application de son métier et même dans sa conception de sa place dans la société.
Des flous persistent aussi dans les rapports entre le médecin et ses patients où se mêlent confiance, respect, circonspection et frustration.
Gardons à l'esprit que la médecine est une profession essentiellement libérale. Une profession d'hommes libres, donc, qui ne doivent leurs succès qu'à leur travail et leur talent et non à la faveur.
L'assurance-maladie s'assimile à une simple assurance-auto. Pourtant, ce que la population cherche à assurer, ce n'est pas uniquement le coût-risque, c'est la santé elle-même en permettant l'accès à tous de la médecine préventive et curative.
Il est indéniable que la médecine doit garder, dans l'échelle des professions, une autonomie, un mode d'exercice, un standing matériel qui la rendent attractrice. Il est, dès lors, clair que si la situation actuelle perdure, la profession médicale risque de perdre tout attrait et les jeunes se détourneront des études médicales. La perte des acquis accumulés et avancées enregistrées dans la profession médicale des dernières décennies me paraît alors inéluctable.

Séparation médecins hospitaliers et de ville
L'abolition du "mandarinat" (cfr article la Presse Dr Mondher BOUSAADA Nov 1987) et la séparation entre médecins hospitaliers et de ville n'ont rien résolu quant aux réels maux de la profession. Pis encore, cette séparation n'est en fait, que théorique, car les hospitaliers sont en grand nombre dans le secteur privé sous couvert de l'activité professionnelle complémentaire "APC". Le tort, si tort il y'a, ne peut être supporté par les médecins hospitaliers dont les salaires sont en deçà des espérances et les aspirations des agrégés hospitaliers. Si des reproches sont à formuler, ils concernent les dépassements et les exagérations de quelques "APC"istes. Le silence complice autour de cette situation en dit long sur la faillite de la stratégie de départ. Peut-être vaut-il mieux garder un modèle, qui certes a montré des limites et un essoufflement, que de chercher à en instaurer un nouveau qui aurait toutes les chances de se révéler plus défaillant que le premier.
De tous les secteurs élitistes, les médecins sont ceux qui connaissent le moins de reconversion au cours de leur vie professionnelle. De ce fait, cette corporation concourt à la création d'un groupe corporatif conscient de soi et dont les membres ont en commun le même bagage de savoir et de technique. De plus, les études, d'autant plus valorisées qu'elles sont longues et approfondies, représentent une légitimité solide tant aux yeux de l'opinion qu'à ceux des médecins eux-mêmes.

Les temps ont changé
Le paiement à l'acte et la fixation des tarifs syndicaux minimums sont nés au début du siècle dernier pour mettre fin aux pratiques de concurrence déloyale voire de dumping de médecins en manque de clientèle.
Les honoraires médicaux ne constituent pas un salaire et ne peuvent lui être assimilés. Ils ne sont qu'une rémunération partielle des services rendus. Les médecins étant farouchement des travailleurs indépendants, rejettent tout ce qui dans le salariat leur paraît sujétion et ils en craignent même les apparences. Les médecins tirent leurs revenus professionnels des honoraires versés par les patients.
Les tarifs minimums syndicaux sont un plancher qui ne saurait raisonnablement être opposé à des médecins qui, par leurs titres, leur notoriété, leur situation, peuvent et doivent exiger, en certaines circonstances, une rémunération supérieure.
Il fut un temps où bien des médecins vivaient sur un patrimoine familial ou exerçaient une autre activité par exemple comme propriétaires agricoles. Cette aisance leur permettait de pratiquer la philanthropie en ne faisant pas payer l'indigent. Ainsi, envers ces derniers le désintéressement est une règle.
Le problème des revenus médicaux s'est posé dès lors que des jeunes gens de catégories sociales moins aisées se sont mis à choisir la carrière médicale et que les médecins ont compté exclusivement sur leur profession pour vivre.
Les honoraires médicaux sont de plus en plus avilis. Ils sont beaucoup moins élevés que ceux des avocats par exemple. Le nombre des médecins a augmenté nettement plus vite que la consommation médicale, du moins en actes. De ce fait, s'est installé une concurrence à la baisse pour attirer les patients et essayer de mordre sur les clientèles voisines.
Néanmoins, certains détracteurs du corps médical lui reprochent des revenus élevés. Si ces réprimandes sont réelles un arsenal d'arguments en faveur de revenus médicaux respectables peut lui être opposé. Examinons-les avec attention. D'abord, si tel n'était pas le cas, l'indépendance du médecin serait en jeu, laquelle indépendance garantit la qualité de son travail comme elle le protège ainsi que son patient de pressions de tous ordres. Si le médecin doit être protégé de tout souci d'ordre financier, c'est seulement parce qu'un médecin qui a des problèmes d'argent perd la liberté et l'indépendance d'esprit que les malades attendent de lui.
Ensuite, un des ressorts de la méfiance continue des médecins envers les remboursements des tarifs médicaux trop bas est que cela incite le médecin, pour maintenir son niveau de vie, à multiplier les actes, ce qui, immanquablement, ne manquera pas de dégrader la qualité des soins et du bénéfice pour les malades.

Protestations fondées
Les protestations des médecins au sujet de la liberté de leurs honoraires sont elles totalement infondées ? Vraisemblablement non. Les malades eux-mêmes revendiquent un médecin disponible, attentif, à l'écoute et désintéressé.
Ici réside alors le cœur du problème : les exigences sociales sont en contradiction avec une médecine libérale où le paiement à l'acte et le succès financier symbolisent la compétence professionnelle et la reconnaissance. C'est pourquoi les médecins sont attachés au terme d'honoraires. Le patient ne rétribue pas le médecin pour un service, qui n'a de toute façon pas de prix. Il fait honneur à son mérite et à sa capacité de le prendre en charge et de le soigner, dans la mesure de ses possibilités.
En cela même que réside l'originalité du travail de médecin. Celui-ci ne vend pas une marchandise mais applique, en toute conscience, à un patient particulier présentant un cas particulier les ressources scientifiques qui sont en sa possession. Il est dès lors assez facile de comprendre que son action ne se mesure pas nécessairement au résultat obtenu.
Mais voilà, la réalité sociale et la socialisation du risque maladie est venue bouleverser les rapports médecin-patient et dès lors que tout le monde paie et cotise de la même façon, l'intervention du médecin est devenue tarifée en fonction de nomenclatures et conventions. De fait, seuls les dépassements des honoraires pourront alors, apparaître comme des honoraires au vrai sens du mot. Le patient devra alors, accepter de payer plus en vertu de compétences plus éminentes.
Si on admet comme hypothèse de départ qu'un diagnostic produit par un médecin est plus proche de l'inspiration personnelle que d'un acte mécanique et que les examens complémentaires qui risquent d'en découler ne doivent être limités que par la nécessité d'éclaircir ce diagnostic ; alors, tarifer tout cela reviendrait à coter un tableau au nombre de coups de pinceaux du peintre.
Ces restrictions appliquées à la médecine arriveront inéluctablement à la dégrader. Ainsi, a-t'on noté un manque d'enthousiasme des médecins devant l'attitude d'une nouvelle catégorie de patients "puisqu'ils payent". Ceux-ci trouvent que tout leur est dû, dévouement du médecin et réussite thérapeutique compris et comptent "en avoir pour leur argent".
La prolétarisation du médecin due à la pléthore, la multiplication des émissions de vulgarisation médicale aux télévisions, ajoutées à l'attitude récalcitrantes de certains patients déjà exposée précédemment, contribuent nettement à la désacralisation de la médecine.
Quant au syndicat des médecins de libre pratique qui se proclame solidaire de tous les médecins, ses représentants ne perdent pas de vue leurs propres hantises.

Un médecin qui continue de s'inquiéter


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