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Chassez le machisme, il revient au galop
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Publié dans Le Temps le 17 - 09 - 2008

Pendant le mois de ramadan, le jour est synonyme de privation et la nuit rime avec jouissance. A dessein de réduire un peu l'écart séparant ces deux moments contrastifs, d'apaiser nos souffrances, on essaye d'égayer le premier en le meublant d'activités récréatives.
La journée est très longue, et plus elle avance, plus le rythme se ralentit, elle nous rappelle Lamartine et son lac qu'il implore de réduire sa vitesse pour faire durer son bonheur. Son vœu se situe aux antipodes du nôtre, nous, on l'aurait prié de maintenir la même cadence sinon l'accélérer. Donc pour lutter contre la poisse, on s'ingénie à se distraire chacun à sa manière : les uns choisissent la pêche, ils prennent leurs moulinets et se dirigent vers la mer la plus proche ; les autres font du sport, de la marche, du footing ou du football, plusieurs adultes retrouvent le plaisir de retaper dans le ballon sur des chaussées transformées en terrains de circonstance. D'autres encore, plus philosophes, préfèrent la promenade solitaire dans des endroits isolés pour mieux se livrer à la méditation ; les moins inspirés se baladent en groupe au milieu du tintamarre des cris et des klaxons. D'autres enfin ne trouvent pas mieux que la plage pour se rafraîchir et s'amuser, les jeux se mêlent à la nage et au bronzage et ceci les aide mieux à faire fuir le temps.
Ces plages commencent à changer de physionomie à partir de dix-sept heures où les femmes déjà peu nombreuses commencent à déserter les lieux, il ne reste que les hommes accompagnés de leurs petits garçons, les filles, elles, sont avec leurs mamans. Vous savez bien sûr où, là où ces dernières ont grandi aux côtés de leurs mères et leurs grands-mères, à la cuisine. Et à leur tour, elles transmettent le flambeau de la féminité à leurs protégées en leur prodiguant l'art culinaire pour qu'elles soient plus tard comme elles de bonnes épouses et de bonnes mères. Toutes les fins d'après-midi, elles se cloîtrent dans la cuisine et n'en ressortent qu'avec la rupture du jeûne. En passant dans la salle à manger, la cuisinière est relayée par la serveuse. Après avoir fini de manger, celle-ci retrouve sa chère cuisine dont elle ne peut trop s'éloigner, et se transforme en plongeuse. Quand elle aura terminé de laver la vaisselle, elle aura droit à une pause et pourra suivre son feuilleton préféré, bien que le choix soit très difficile en pareille saison. Toutefois, ce moment de répit risque d'être perturbé par la visite impromptue d'une parente, d'une amie ou d'une voisine, alors elle se doit de reprendre de service et offrir quelques pâtisseries et quelques boissons aux invitées. C'est une fois qu'elles sont parties qu'elle pourra terminer sa journée et aller se coucher pour récupérer ses forces et se préparer à celle du lendemain.
C'est dans le but de permettre aux femmes de chasser les mauvaises odeurs de la cuisine et de retrouver leur fraîcheur après des heures de dur labeur qu'on a modifié les horaires du bain maure pendant ce mois, on leur réserve la séance de la soirée qui coïncide avec la fin de leurs services nocturnes. Celle de l'après midi est destinée aux hommes, en ce moment de la journée, ils ont besoin de se désennuyer et de se relaxer avec un petit massage qui a des vertus thérapeutiques, l'attente est très dure à supporter, elle rend les nerfs très tendus. Le bain relaxant et surtout les mets variés les font sortir de leur torpeur, ils sont revigorés et pleins d'entrain, c'est parti donc pour une nouvelle veillée, une nouvelle aventure dans les cafés et les tripots où l'on joue de grosses sommes jusqu'à l'aube. Le temps presse, il faut faire vite, se défouler autant que l'on peut avant de reprendre son ascèse et remettre le visage renfrogné du jour, celui du renoncement et de l'endurance.

La recherche de l'équilibre
La société est scindée en deux, elle nous offre deux mondes différents, plutôt opposés. Le premier est celui des hommes, les extrémistes, vivant deux situations totalement contradictoires en l'espace de vingt-quatre heures. Ils tirent un grand profit de ce double excès auquel ils se livrent : le jour, ils observent une abstinence totale tempérée toutefois par les quelques activités citées plus haut telles que la baignade ou la promenade ou bien par la sieste, la nuit, ils sont servis royalement et puis ils vivent l'une de ces mille et une nuits. Ce dualisme du bien et du mal, de la souffrance et de la jouissance, de la privation et de la délivrance leur fournit de l'énergie et leur permet de garder cette apparente pondération, ils sont comme les plateaux d'une balance qu'on s'amuse à basculer simultanément avec des poids, cet équilibre prétendu n'est pas immédiat, il est décalé, il s'obtient après coup sur l'ensemble des deux attitudes antithétiques empruntées, avec la fin de l'épreuve. La soirée paradisiaque les fait consentir tous les sacrifices possibles, visiblement l'hédonisme plane dans ces esprits.
L'autre monde est celui des femmes, les servantes, dont la tâche est de subvenir aux besoins de leurs époux, de veiller à leur repos, auxquels elles ont le devoir de s'immoler. Leur privation ne connaît pas de limites, le jour, elles sont privées de nourriture, le soir, de loisirs, et tout le temps de repos. Celles qui travaillent, quand elles rentrent chez elles, n'en ressortent que le lendemain matin pour reprendre le chemin de l'autre supplice. Ce changement de terrain a toutefois un effet psychologique bénéfique pour elles, puisque cela leur permet d'oublier pour quelque temps la cuisine et ses corvées, de la rayer momentanément de leurs mémoires. Celles qui sont au foyer, qui évoluent dans le même décor, reprennent leurs activités dans le temple de la gastronomie plus tôt qu'elles. A l'approche de l'Aïd, elles sont enfin autorisées à respirer la fraîcheur du soir et se propulser dans la nature, ces sorties ne sont pas pour les plaisirs, mais pour faire des courses : l'achat des vêtements pour les enfants et des pâtisseries ou des ingrédients pour les confectionner à domicile, et dans ce cas, elles auront à prolonger leur veillée, car il va falloir les faire cuir dans les fours de la boulangerie où il n'est pas toujours facile de trouver de place tellement il y a du monde.
Qu'elles travaillent à la maison ou au dehors, elles deviennent toutes des femmes au foyer pendant le mois de ramadan ; l'émancipation, les beaux discours d'égalité entre les sexes observent une trêve en ce moment, c'est leur congé annuel et la saison du machisme. Il faut se conformer aux exigences de la démocratie qui veut que l'on n'exclut personne, chacun doit trouver son compte dans la société. De plus, le machisme qui est un produit de terroir, un élément de notre patrimoine cadre bien avec les traditions du mois saint, on doit favoriser l'harmonie, c'est un hôte sympathique, il n'est pas encombrant, puisqu'il nous visite une fois l'an. Il est aussi un agent d'équilibre : les hommes qui s'y adonnent à outrance, les grands machistes, quand ils auront satisfait leur orgueil, ils pourront tolérer par la suite l'égalité avec la femme.

Le machisme triomphant
En réalité ils ne lui concèdent que quelques libertés formelles, ce qui veut dire que son émancipation est toute relative, le machisme n'est jamais totalement absent, son éclipse est partielle, il rôde tout le temps parmi nous et à chaque fois que l'occasion se présente, à chaque fois qu'il trouve une permissivité, il se manifeste et ne se gêne pas à assouvir ses caprices et ses convoitises. Son retour en force périodique est un indice de sa grande vitalité, il nous donne la preuve que nous évoluons dans une société d'hommes où la femme est presque effacée. En dehors du mois saint, il adoucit son caractère et atténue son agressivité pour se rendre invisible, le fard de notre société l'aide à se faufiler entre les rares obstacles qui s'érigent sur son chemin sans se faire remarquer. Le machisme chez nous est loin d'être enterré, il réussit à se frayer un chemin dans cette modernité et à lui tenir tête surtout dans l'enceinte du foyer. Au-delà de ce seuil, il se drape dans les idées progressistes pour être au dessus de tout soupçon. Toutefois, cet accoutrement est tellement maladroit qu'il trahit la vraie nature, l'esprit rétrograde de ses auteurs. Certains endroits publics sont réputés être le domaine exclusif des hommes comme une certaine catégorie de cafés où les femmes ne peuvent pas accéder même pour satisfaire un besoin naturel, et pendant le mois de ramadan la chose se vérifie encore plus, ces cafés qui ouvrent leurs portes pour les déjeûneurs par conviction ou par obligation sont strictement interdits pour elles non pas par la loi mais par les hommes.
Les lois militant en faveur de l'égalité entre l'homme et la femme sont incapables de venir à bout du machisme, tout ce qu'elles peuvent faire c'est inciter à l'émancipation, elles ont en quelque sorte une fonction pédagogique. Cette formation des esprits ne pourrait donner ses fruits que lorsque la réalité change. Tant que la femme travaille au foyer et au dehors, tant qu'elle est la seule à s'occuper de ses enfants et à vaquer aux besoins de la maison, la loi ne sera pas à même de produire des effets tangibles dans notre vécu, de changer la réalité, elle établit une égalité juridique entre les deux partenaires sociaux , mais ne peut intervenir ni dans la société pour organiser les relations entre eux, ni dans le foyer pour gérer le quotidien des couples en déterminant les tâches de chacun par exemple , ces détails échappent à son champ d'application, c'est le fief du machisme allaité par le féodalisme dont les fondements ne sont pas encore entièrement sapés. La loi ne peut pas révolutionner une société.


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