Le Temps-Agences - Après 14 jours d'expectative, trois votes fiévreux et des pertes boursières se calculant en milliards de dollars, le plan de sauvetage du secteur financier a enfin pu être promulgué par le président George W. Bush, une étape très attendue par les places boursières du monde entier et par l'administration américaine, pressée de mettre en oeuvre un dispositif vital pour l'économie du pays. Il devrait cependant falloir au moins un mois avant que l'argent de ce vaste plan de renflouement de 700 milliards de dollars, adopté vendredi par la Chambre des représentants deux jours après le feu vert du Sénat, ne commence à apurer les actifs des institutions financières affectées par la crise des crédits hypothécaires. Architecte du projet, le secrétaire au Trésor Henry Paulson a affirmé n'avoir pas attendu l'aval final du Congrès pour entamer les préparatifs. Il a ainsi consulté de nombreux conseillers extérieurs alors que ses services s'efforçaient de régler les derniers détails d'un plan aussi massif que complexe. L'administration doit, par exemple, déterminer quels seront les actifs à risque qu'elle rachètera aux banques et à surtout quel prix. L'une des possibilités examinées était le système de l'"enchère inversée", qui consiste pour les établissements financiers à revendre au gouvernement leurs créances douteuses à un prix moindre. "Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup réfléchi pour être prêts", a expliqué M. Paulson devant la presse. Les 451 pages du projet de loi amendé, approuvé par la Chambre par 263 voix contre 171, donne mandat au Trésor américain de puiser dans sa manne de 700 milliards de dollars pour assainir les finances des banques, des organismes de crédit, des caisses d'épargne et des compagnies d'assurance. Avec l'espoir que cette immense entreprise de sauvetage permettra de rétablir la confiance dans le système financier, de relancer le marché du crédit et de stabiliser l'économie. La première tâche de l'administration sera de fixer dans les prochaines semaines le prix de rachat des actifs adossés à des crédits hypothécaires à risque. Le but est de racheter suffisamment de ces créances toxiques pour assainir les comptes des établissements financiers et mettre un terme à la pire crise du marché du crédit depuis le krach de 1929. Pour mener à bien ce renflouement, le Trésor américain compte faire appel à un nombre limité de sociétés de gestion d'actifs, entre cinq et dix, selon un haut responsable de l'administration ayant requis l'anonymat. La mise en oeuvre du programme nécessitera aussi le recrutement d'une vingtaine de spécialistes du secteur financier. Le plan Paulson, qui ne comptait que trois pages à l'origine, a été adopté quatre jours après le vote négatif de la Chambre des représentants sur sa première mouture, qui avait entraîné un plongeon record de 778 points de l'indice Dow Jones à Wall Street. Les dirigeants du Congrès et les représentants de l'administration ont ensuite passé le reste de la semaine à remettre le projet à flot. Les négociateurs du Congrès ont obtenu un découpage des 700 milliards en trois tranches: 250 milliards pour lancer le processus, puis une rallonge de 100 milliards, les 350 derniers milliards devant obtenir l'aval des parlementaires. Ils ont également fait ajouter au projet des mesures de contrôle, une limitation des compensations accordées aux directeurs des établissements participant au programme et la possibilité pour le gouvernement de monter au capital de ces sociétés pour garantir au contribuable un retour sur investissement en cas de succès de l'opération.