Le Temps-Agences - Les pays de l'Otan ont fini hier par se mettre d'accord, après des heures de difficiles discussions, pour s'attaquer pour la première fois en Afghanistan au trafic d'héroïne qui finance les talibans, a indiqué le porte-parole de l'Alliance. "En ce qui concerne la lutte anti-drogue, la force internationale" placée sous commandement de l'Otan, l'Isaf, "est autorisée à agir de concert avec les Afghans contre les installations et les individus soutenant l'insurrection comme prévu par le plan d'opération existant", a déclaré James Appathurai à la presse. Ceci, a-t-il souligné, est "fondé sur une demande du gouvernement afghan" et "est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU" sur la lutte contre le trafic de drogue et sur le mandat des 50.700 soldats de l'Isaf. Pour répondre aux préoccupations de pays comme l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie, ce genre d'opérations ne sera toutefois menées que "par des troupes qui y auront été dûment autorisées par leurs gouvernements respectifs". Ces interventions devront aussi "éviter au maximum les pertes de vies civiles", selon le texte de l'accord, un point très sensible sur lequel insistait l'Allemagne notamment. En outre, "les opérations seront concentrées sur des régions prioritaires" à définir par l'Isaf, a indiqué un diplomate. A priori il s'agira, selon lui, des sept provinces du sud où culminent à la fois la culture du pavot et les activités des talibans, ce qui répond cette fois aux préoccupations des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et des Pays-Bas, dont les soldats sont présents dans cette zone particulièrement difficile. "Tout ceci doit faire l'objet d'un premier bilan en février prochain à Cracovie (Pologne) lors d'une prochaine réunion des ministres de la Défense de l'Alliance", a précisé le même diplomate. Après leurs longues discussions depuis jeudi sur ce sujet, les 26 ministres de la Défense réunis à Budapest ont réussi à surmonter leurs divisions en prenant cependant toutes sortes de "précautions". Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas de se substituer au gouvernement afghan ou d'éradiquer les champs de pavot mais de démanteler les réseaux de trafiquants, détruire des laboratoires clandestins, intercepter des cargaisons d'opium et d'héroïne, ou encore de produits chimiques entrant dans leur fabrication.