Le Temps-Agences - Le candidat démocrate à la Maison blanche, Barack Obama, devance son rival républicain John McCain de dix points, selon un sondage Washington Post-ABC News publié lundi. Obama est crédité de 53% des intentions de vote contre 43% à McCain. Près de deux tiers des personnes interrogées (64%) disent avoir une opinion favorable du candidat démocrate, en hausse de six points par rapport au mois dernier. Ce sondage a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de la population américaine après le deuxième débat de la campagne, qui a eu lieu mardi dernier. L'avance du sénateur de l'Illinois est seulement de quatre points dans une enquête d'opinion Reuters/C-Span/Zogby, également publiée hier. Le candidat démocrate réunit 48% des intentions de vote contre 44% au sénateur de l'Arizona et enregistre un recul de deux points par rapport à un précédent sondage.A trois semaines de l'élection présidentielle américaine et à une journée du troisième et dernier débat entre candidats, demain soir, le camp républicain s'interroge sur la capacité de John McCain à rebondir. Certains vont jusqu'à mettre en doute sa tactique et même la tonalité de sa campagne dans une course à la Maison Blanche désormais dominée par la crise financière. "Il doit convaincre qu'il est différent de Bush et meilleur qu'Obama sur l'économie", a lancé dimanche l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, l'un des hauts responsables républicains qui ont multiplié les interviews ces derniers jours pour exprimer leur préoccupation. "Si n'y parvient pas, tout est fini et ce sera une très mauvaise année pour les républicains", a-t-il résumé. Plusieurs élus républicains ayant requis l'anonymat pour s'éviter les foudres de M. McCain estiment que la campagne républicaine aurait dû insister très tôt sur les liens que Barack Obama avait entretenus avec des militants radicaux comme William Ayers, au lien d'attendre les dernières semaines avant l'élection. A leurs yeux, le résultat de cet attentisme est que McCain passe aujourd'hui pour un candidat aigri, coléreux et désespéré, jouant le jeu des démocrates. Pour enrayer cette mauvaise pente, ils considèrent que John McCain devrait changer de ton et imposer sa stature présidentielle tout en faisant douter des capacités à diriger de son adversaire démocrate. "Il n'a pas besoin d'une stratégie d'attaque mais d'une stratégie de rebond", a souligné Alex Castellaonos, consultant républicain pour les médias qui avait conseillé Mitt Romney, principal rival du sénateur de l'Arizona dans la course à l'investiture républicaine. Ces recommandations affluent au moment où la frustration se fait jour au sein de l'équipe McCain, inquiète de la tournure des événements et d'un environnement globalement défavorable aux républicains. Des dissensions existent notamment sur la force avec laquelle le sénateur de l'Arizona devrait s'en prendre à son collègue de l'Illinois, nettement en tête dans les sondages. Comme pour rassurer les partisans de la méthode forte, le candidat républicain a annoncé dimanche son intention de "botter le vous-savez-quoi" de Barack Obama lors du débat télévisé qui les opposera demain soir à Hempstead, dans l'Etat de New York. Reste que M. McCain, qui avait lui-même été victime d'une campagne de dénigrement lors des élections primaires républicaines de 2000, n'est pas aussi à l'aise que certains le voudraient sur le terrain de l'invective. Autant il se montre courtois et souriant pendant les débats, autant il apparaît contrarié quand il s'agit d'attaquer M. Obama, soucieux peut-être des conséquences à long terme sur son image. Malgré le retard de leur candidat dans les enquêtes d'opinion, aucun des républicains interviewés n'a jugé que la partie était perdue. Au contraire, tous estiment que John McCain peut gagner s'il est perçu comme le visionnaire optimiste que les Américains attendent en ces temps de crise économique. "Il faut qu'il présente un nouveau plan et qu'il l'annonce sérieusement", a suggéré Scott Reed, ancien directeur de campagne de Bob Dole en 1996. "McCain ne pourra pas surpasser Obama simplement en dénonçant l'avidité de Wall Street."