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Tabou brisé ?
HARCELEMENJT SEXUEL
Publié dans Le Temps le 20 - 10 - 2008


Qu'entend-on par harcèlement sexuel ?
Au sens large du terme cela va du simple clin d'œil aux tapotements déplacés et aux gestes obscènes.
Cependant, peut-on parler de harcèlement à chaque fois qu'un homme tente sa chance avec une femme ou vice-versa, car cela peut arriver et dans plusieurs cas, les femmes s'avèrent beaucoup plus osées que les hommes.
En fait, le harcèlement sexuel est la conséquence d'un désir refoulé.
Cela veut dire qu'en cas de consentement mutuel il n'y a pas lieu à harcèlement. Sauf, quand le consentement est vicié à la base, c'est-à-dire, quand l'une des parties use de son ascendant sur l'autre.
Une femme qui se soumet aux manœuvres de son agresseur peut se trouver dans l'obligation de n'émettre aucune objection ni aucun refus pour des raisons multiples :
La femme harcelée par son patron qui craint de perdre son emploi, ou la femme qui craint le scandale : voilà une femme tripotée par un sadique dans un bus et qui ne réagit pas. Cela ne veut pas dire aucunement qu'elle est consentante. Elle se tait et attend de descendre tranquillement à la station suivante, de peur de se faire repérer ou même de subir des agressions physiques.
La jeune fille mineure qui ne peut réaliser les graves conséquences qui peuvent y découler est considérée comme n'ayant pas d'assentiment, car à un tel âge, elle ne peut avoir suffisamment de discernement, tout comme la fille handicapée, physique ou mentale.
Les situations sont donc multiples. Mais afin de ne point s'égarer et extrapoler, limitons-nous aux cas de harcèlement où il existe un rapport de force, telle que celui qui use de harcèlement profitant de sa position ou de sa qualité pour exercer du chantage sur sa victime afin d'arriver à ses fins.
Le harcèlement est vieux comme le monde et il était lié à la notion de la femme, objet de plaisir mais avec l'évolution de la condition féminine il y a également un harcèlement à rebours si l'on peut dire, de la part de la gent féminine, et c'est la face cachée de la lune.
Chez les Arabes de l'ère antéislamique, où il y avait des tribus matriarcales, le harcèlement était exercé par certaines femmes qui pouvaient vivre en concubinage avec plusieurs hommes.
A l'aube de l'Islam, la femme fut dotée d'un statut qui la protégeait de ces procédés.
L'adultère ou « Zina » était désormais sévèrement réprimé, mais cela ne voulait pas dire que les harcèlements ont cessé.
En France, on parlait au moyen âge, du droit de cuissage conférant aux seigneurs le droit d'assouvir leurs désirs avec la nouvelle mariée. L'époux, victime de cette procédure pouvait racheter ce droit, en payant un impôt sur le mariage.
Voltaire, dans son ouvrage « Essai sur les mœurs » confirmait cet état de fait en faisant remarquer que ce droit permettait à un seigneur d'avoir des relations sexuelles avec la femme d'un serf.
Mais très vite le droit positif a paré à cette situation pour prohiber ces abus.
« Cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique », ajoutait Voltaire dans son ouvrage précité.
L'attention fut attirée au fil du temps et dès le 19ème siècle sur ces dérives abusives surtout de la part des patrons, cependant, en France, on commençait à considérer ces attitudes comme un viol, quand elles étaient dénoncées, depuis seulement 1980.
En Tunisie, le harcèlement sexuel a toujours existé, que ce soit dans les milieux nantis ou déshérités.
Il était toutefois, plutôt tu, malgré les conséquence fâcheuses voire les catastrophes qu'il pouvait générer.
Avec l'évolution du statut de la femme, celle-ci commença peu à peu à sortir de son silence pour tenter de briser le tabou.
I - Le harcèlement sexuel, une notion taboue ?
Avant l'indépendance, les aides-ménagères qui venaient travailler chez des familles bourgeoises étaient souvent l'objet de harcèlement par leur patron ou les membres de la famille de celui-ci.
Il se pratiquait également au sein d'une même famille pour engendrer des relations incestueuse, qui étaient la plupart du temps étouffées afin d'éviter le scandale.
Bien souvent une belle fille, ou une bru était amenée à se soumettre aux exigences d'un beau-père sadique qui profite du silence de sa victime.
Cela il arrive qu'un beau-père fasse l'objet d'une accusation mensongère de la part de son épouse désireuse de se débarrasser de lui, pour une raison ou une autre, mais il était rare qu'une victime put parvenir à dénoncer celui qui la maintenait sous la pression et le chantage pour satisfaire ses vifs instincts.
Souvent une fille tombée enceinte est renvoyée chez elle après lui avoir fait subir une IVG, par des moyens archaïques et périlleux. Le film de Moufida Tlatli « Samt Al Kousour » illustre un de ces cas.
Par ailleurs, chez la famille beylicale le harcèlement sexuel était de mise sur le personnel en général, et parfois, un Bey épris d'une des femmes de ménage finissait par l'épouser.
Après l'indépendance, la femme est sortie travailler dans les usines ou les bureaux. Là aussi, le harcèlement sexuel ne manquait pas. Mais rare étaient les femmes qui osaient en parler et ce pour deux raisons :
- De peur de perdre leurs emplois.
- De peur, également, de ne plus pouvoir sortir de chez elles, si elles révélaient le scandale dont elles auraient été les premières responsables par rapport à leurs familles, voire leurs époux.
Pour cette raison, les femmes préféraient se taire. Le harcèlement était comme un sujet tabou.
Il y a eu cependant, quelques cas de harcèlement qui ont fini devant le tribunal et où la femme qui devenait mal vue par ses collègues et ses amis, préférait rompre le silence au prix de créer un scandale dont elle sera la première à subir les conséquences.
• Habiba, 29 ans, a dû quitter son emploi à cause des pressions exercées sur elle par son employeur.
• Jamila, a été repêchée par une âme charitable qui accepta de l'épouser malgré l'aventure qu'elle tenta avec un jeune homme qui fit preuve de lâcheté en refusant d'assumer ses responsabilités.
« Mes déboires ont commencé, raconta-t-elle, les larmes aux yeux, depuis le jour où j'ai quitté mon patelin, pour venir à Tunis, poursuivre mes études à la faculté.
Je ne connaissais personne à la capitale. Mon père m'a confiée à quelqu'un de ses connaisseurs et qui m'a bien reçue. Il était célibataire et m'a proposé de m'installer avec lui dans son appartement.
Il m'a promis de m'aider, et se montrait bien motivé pour le faire. Il était courtois et très correct.
Mais au fil des jours notre relation a évolué. Il a commencé à me harceler pour m'amener en usant de tout son tact à se soumettre à lui.
Il me promit monts et merveilles et j'ai mordu à l'hameçon.
Je me trouvais devant le fait accompli, quand j'ai constaté un jour en me réveillant que j'ai perdu ma virginité.
Il était impossible pour moi de faire marche arrière.
Le pire fut quand je m'aperçus que j'étais enceinte. Là, mon compagnon se montra sous son propre jour. Il m'obligea à pratiquer une IVG, puis il changea de comportement avec moi devenant agressif pour m'empoisonner la vie et m'amener à le quitter, ce que je fis en regagnant le domicile de mes parents, en gardant, bien évidemment, cet incident secret.
Que pouvais-je faire, alors que tout était contre moi. Qui pouvait m'aider à faire quoi ? Le poursuivre ? pour quel délit. Sur le plan de droit. J'ai su par un avocat que j'étais considérée comme consentante, ayant cohabité avec lui, d'autant plus que j'avais atteint l'âge de la majorité.
Il n'y avait à l'époque aucune loi en Tunisie, réprimant le harcèlement sexuel ».
Avec l'évolution du statut de la femme qui a recouvré ses droits, le silence commença à être rompu depuis les années 1990, où des cas de harcèlement sexuel étaient soumis aux tribunaux.
C'était souvent ceux où la victime se trouvait sous l'ascendant d'un patron vicieux qui voulait profiter lui même, ou encore qui voulant faire profiter les autres.
Elle subissait en général la pression d'un chantage pour la mettre devant le fait accompli.
Article 226 ter.
« Est puni d'un an d'emprisonnement et d'une amende de trois mille dinars celui qui commet le harcèlement sexuel ».
Le harcèlement sexuel est défini par ce même article comme toute persistance dans la gêne d'autrui par la répétition d'actes ou de paroles ou de gestes à la dignité de la victime ou affectant sa pudeur et ce dans un but par leur auteur d'amener cette dernière à se soumettre à ses propres désirs sexuels ou à ceux d'autrui, en exerçant des pressions de nature à affaiblir sa volonté de résister à ses désirs.
Cette loi est révolutionnaire en comparaison avec d'autres pays arabes ou occidentaux.
Toutefois dans la pratique la difficulté quant à son application est double.

Une difficulté d'interprétation
En effet une interprétation extensive du texte risque d'entrainer toute personne même de bonne foi qui aurait fait le moindre geste qui pourrait être mal pris par la partie adverse, tel qu'un clin d'œil ou même un tic de bonne foi, car quels sont exactement les gestes susceptibles de porter atteinte à la dignité ou d'affecter la pudeur ?
Surtout que le mot « susceptible » utilisé dans le texte de loi, peut lui-même prêter à équivoque.
Cela est pour dire que la contrepartie pourrait prêter le flanc à certaines femmes qui chercheraient le moindre prétexte pour incriminer quelqu'un pour le dénoncer et porter plainte pour harcèlement, quitte à perdre son emploi.
• Quelles preuves peut-elle invoquer afin de corroborer ses allégations ?
Généralement la preuve se fait par tous les moyens y compris par les traces de violence ou les témoignages.
Mais il est rare que des collègues de travail puissent témoigner contre leur employeur.
De toutes les façons, cela dépend des cas et des circonstances dans lesquelles les faits se sont produits.
A moins que l'accusé soit notoirement réputé par ces agissements.
Mais est-il vraiment facile d'inculper quelqu'un pour le simple fait qu'il soit un coureur de jupons ?
Par ailleurs, il y a des cas de calomnies mensongères, quand la prétendue victime veut se venger de celui qu'elle accuse de harcèlement.
En tout état de cause disons que la nouvelle loi réprimant le harcèlement constitue désormais une sécurité pour la victime.
Mais peut-on dire pour autant que le tabou est vraiment brisé ?
La réponse à cette question n'est pas évidente, tant que le problème reste tributaire de certaines mentalités.
Celles qui arrivent à rompre le silence pour oser dénoncer un harcèlement sont par la suite cataloguées même si elles agissent en toute sincérité et de bonne foi.
A plus forte raison en ce qui concerne celles qui cherchent par cette dénonciation à souiller sciemment la réputation de quelqu'un ou à en tirer un quelconque profit, surtout d'ordre pécuniaire.


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