Le Temps-Agences - Arcady Gaydamak, un des protagonistes des ventes d'armes à l'Angola, annonce son intention de porter plainte contre l'ancien patron des Renseignements généraux Yves Bertrand, après la publication dans la presse d'extraits des carnets de note secrets de ce dernier. Son avocat Me Gilles William Goldnadel fait cette annonce dans un communiqué. Jugé depuis le 6 octobre avec 41 autres personnes devant le tribunal correctionnel de Paris, Arcady Gaydamak est en fuite en Israël et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour "commerce illicite d'armes". "M. Arcady Gaydamak reproche à Yves Bertrand d'avoir organisé de toutes pièces l'affaire de l'Angolagate pour nuire à Charles Pasqua", écrit Me Goldnadel. Il reprend ainsi la thèse de Charles Pasqua, qui a remarqué que les carnets mentionnaient l'existence de rencontres et de contacts entre Yves Bertrand et le juge Philippe Courroye, avant que démarre l'enquête sur les ventes d'armes. L'ex-ministre de l'Intérieur en déduit qu'il a été victime d'une manipulation orchestrée par Yves Bertrand et visant à l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2002, où sa candidature aurait gêné Jacques Chirac. Charles Pasqua a aussi annoncé son intention de porter plainte, ainsi que le député PS Arnaud Montebourg, et l'ancien journaliste et ex-patron de RMC Jean-Noël Tassez, autre prévenu de l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. Ils ont emboité le pas à Nicolas Sarkozy qui, démarche exceptionnelle pour un président en exercice, a déposé plainte la semaine dernière pour "dénonciation calomnieuse, faux et usage de faux, atteinte à l'intimité de la vie privée". Le procureur de Paris doit se prononcer dans les prochains jours. Il devrait ouvrir une enquête préliminaire de police sur ces carnets qui fourmillent de notes relatives à la vie privée de personnalités ou à leurs supposées turpitudes financières. Les notes d'Yves Bertrand, patron des Renseignements généraux"RG" entre 1992 et 2004, renvoient à la guerre sourde entre personnalités de droite de 2002 à 2007. Nicolas Sarkozy estime que ses rivaux d'alors fomentaient des complots visant à empêcher sa candidature en 2007. Plusieurs personnalités de droite et de gauche estiment aussi que dans la période précédente, entre 1997 et 2002, qu'Yves Bertrand animait à l'Elysée un "cabinet noir" avec Dominique de Villepin, chargé de déceler des informations susceptibles de dégager la voie à Jacques Chirac pour 2002 en nuisant à ses adversaires. Ce contexte serait aussi l'origine de la transmission à la justice en 2004 de faux listings de comptes bancaires de la société Clearstream. Dans ce dossier, le parquet vient de demander le renvoi en correctionnelle de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin pour "complicité de dénonciation calomnieuse". Dominique de Villepin, secrétaire général à l'Elysée sous Jacques Chirac, nie avoir instigué de quelconques complots et il déclare n'avoir fait que son travail.