La violence scolaire est une réalité. C'est un phénomène persistant dans notre société. Elle focalise l'intérêt des parents et des éducateurs et de toute la société civile. Elle se présente souvent sous forme d'une violence verbale ( injures , gros mots ) ou simplement comme une violence physique. Les coups sont les premiers signes de la violence scolaire suivis par les injures et menaces verbales. Qu'entend-on par violence à l'école ? Quelles en sont les raisons ? Une école du dialogue et du respect est-elle possible ? La scolarité elle-même peut devenir le lieu de cette violence. On l'aime plus ou moins,on y réussit plus ou moins ou moins bien. Cela fait partie de l'ordinaire. Mais il arrive que quelque chose se bloque et qu'on passe à l'échec, à la violence,au rejet scolaire. Jean Paul Payet professeur à l'université de Genève a fait remarquer lors d'un colloque international organisé à Tunis que « il y a une violence d'élèves ou de personnels scolaires s'exerçant à l'intérieur de l'école. Les actes qui ont lieu dans l'enceinte scolaire peuvent être le fait soit d'élèves, soit de membres du personnel scolaire. Dans le cas de violence d'élèves, deux types d'actes sont les plus répandus : une violence individuelle, verbale de la part d'un élève à l'encontre d'un enseignant ou d'un autre membre du personnel scolaire et une violence groupale (un petit groupe d'élèves ou une classe) sous la forme d'un chahut contre un enseignant ou d'une destruction de matériel. Dans le cas de la violence des agents scolaires (enseignants, directeurs et surveillants) la violence est à la fois verbale (moqueries, insultes) mais aussi physique (claques, voire coups divers) » Il est vrai que la violence est un phénomène non négligeable. Mais quelles en sont les raisons ? Riadh prof de philo estime en premier lieu « la difficulté de la relation entre l'école et le milieu de l'élève. Les problèmes des parents et de la société se répercutent sur certains élèves qui deviennent agressifs et violents. La communication est alors émaillée de malentendus et de conflits. La conséquence est que ces relations conflictuelles attisent la violence qui apparaît sous forme d'injures ou d'agression. Certains élèves découvrent qu'ils sont mauvais,nuls ou faibles et incapables de réussir . Ils refusent en bloc les valeurs de l'école et sauvent leur face par la violence. » Mme Bennour prof d'éducation civique ajoute « Le tempérament violent de certains élèves est le résultat de leur milieu familial. Un père ou une mère autoritaire utilisant la violence pour faire régner l'ordre et la soumission ne peuvent qu'engendrer un caractère violent chez leurs enfants,qui, à leur tour, trouvent à l'école le milieu propice pour transmettre une telle ambiance. Parfois les parents fatigués et stressés rentrent tard la nuit et se soucient peu des problèmes de leurs enfants. Le dialogue devient absent et tout cela se répercute sur l'état psychologique de l'élève car son entourage ne l'aide pas à bien vivre sa scolarité. »
Qui sont les victimes de la violence ? Une étude réalisée dans un collège à Kasserine la prévention des problèmes de violence à l'école a fait montrer que « sur 453 actes de violence reconnus par les élèves violents, 327 actes sont commis contre les élèves soit le tiers du total des élèves sondés. Cette agressivité puise ses origines dans les comportements de certains qui se caractérisent par le désir de dominer. Presque la moitié des élèves sondés déclarent avoir des problèmes avec leurs amis. Les profs forment la deuxième catégorie des victimes de ce fléau de la violence. 99 écoliers ont déclaré avoir commis des actes de violence à l'encontre de leurs enseignants. Plusieurs en sont à l'origine : le manque de discipline ou de respect chez les écoliers. Il en résulte des comportements agressifs. 150 élèves avancent une agressivité du prof, 136 parlent d'agressivité et d'insouciance et 279 la qualifient d'incompréhensive. 421 élèves estiment aussi qu'ils sont victimes de la violence de l'administration et cela traduit disent-ils son débordement et son impuissance et du manque du personnel pour trouver les solutions à toutes les situations »
Une école de dialogue et de respect : Le phénomène de violence au sein et en dehors de l'école est complexe. Une école efficace et conviviale pourra aussi contribuer à l'épanouissement de nos enfants et leur offrir un environnement sain loin de la violence. Le collège ou le lycée a besoin pour bien fonctionner d'une discipline rigoureuse souple et bien assise. La discipline doit amener l'élève à se diriger seul suivant une marche reconnue utile et bienfaisante. Pour ce faire,la discipline doit tendre à faire appel à la bonne volonté et non à la crainte des coups. Sanctionner un élève est un droit mais pas le réprimer voire le blesser. Une discipline maladroite et sourde donnera un élève violent et borné. Elle doit au contraire être inspirée par la volonté d'améliorer l'enfant en faisant appel à ses qualités potentielles,en l'incitant à se remettre en question et à méditer sur ses erreurs pour les corriger. « pour avoir une école où il fait bon vivre,estime M.Abdelmalek Sellami inspecteur général il faut organiser et améliorer la vie scolaire de manière à donner la possibilité de participer à la vie de l'école et de s'adonner à des activités récréatives, culturelles et parascolaires. De nouveaux rapports entre les différents acteurs. Cela suppose que l'on prépare les enseignants et le personnel éducatif à l'écoute des enfants, à la négociation, à la gestion sereine des conflits. Une école ajoute M.Sellami doit juste agir dans le sens où elle ne doit en aucune façon permettre que l'on porte atteinte à la dignité des élèves et aussi du cadre enseignant. Enfin une école sûre et respectée. Cela implique un engagement clair contre la violence, une mobilisation forte de tous les acteurs, un partenariat avec l'environnement de l'école notamment la famille, les associations sans oublier un encadrement renforcé et plus efficace des élèves »